Le ministre de l’Éducation nationale Stanislas Ouaro, a annoncé la fermeture de plus de deux cent cinquante établissements à la rentrée prochaine. Cette mesure fait suite à un constat de non-respect de plusieurs critères de conformité. Quelques jours après l’annonce de la mesure, une coordination des promoteurs des établissements incriminés est née et a dénoncé le jeudi 22 août à Ouagadougou la décision du ministre.
À l’entame de leur conférence de presse, ils ont signalé la fermeture de plusieurs écoles suite au terrorisme : « Les terroristes à l’est, au nord au centre-nord et au Sahel ont causé la fermeture des écoles et infligent des menaces au corps enseignants. Cette insécurité engendre des déplacements massifs des populations vers les grandes villes ». Cette situation recommande l’augmentation des établissements dans ces villes si l’on veut que tous ces enfants aillent à l’école.
Aussi, l’offre éducative demeure en deçà de la demande et ce, à cause de l’accroissement rapide de la population scolarisable. Comme si l’État aidait les terroristes à fermer les écoles, l’on assiste à la fermeture massive des établissements dits « privés non reconnus », constataient les promoteurs des écoles non en règles, en cette matinée du 22 août à Ouagadougou.
Pour eux, l’État n’a pas utilisé la bonne approche dans cette affaire. Au lieu d’avertir les responsables desdits établissements, il a préféré publier directement la liste sur internet avec toutes les conséquences : « Mon école existe il y a 19 ans. Et c’est sur internet que j’ai vu le nom de mon établissement frappé par cette mesure. Je ne sais vraiment pas comment l’État pourrait réparer le tort qu’il nous a causé en publiant la liste sur internet sans même nous avertir », se lamentait une promotrice d’école, qui ajoute que toute son école n’est pas concernée ; c’est seulement une partie qui vient d’être ouverte qui est frappée par la mesure. Mais telle que la communication est faite, l’image de tous ses établissements pourrait être ternie.
Tout en reconnaissant la noblesse de cette mesure qui aidera à toiletter ce domaine, ces promoteurs d’écoles, décrient ladite mesure dans la forme et le fond. Selon eux, certaines écoles présentant les mêmes situations d’irrégularité, continuent à fonctionner et les conférenciers dénoncent deux poids, deux mesures dans l’application des textes : « il y a des écoles de 300 m2 qui sont reconnues pendant que d’autres de 500 m2 ne sont pas reconnues », a déclaré Jean Théophile Kaboré. Tous, demandent à l’État, d’alléger la mesure surtout qu’il est reproché à la plupart des établissements, l’insuffisance de la superficie recommandée. Une insuffisance qui pourrait être comblée selon les promoteurs d’école par la réduction de l’effectif de certaines écoles privées dont l’espace est restreint. « Je suis promoteur d’une école qui s’appelle TEEBO, une école inclusive pour les malvoyants et malentendants ici à Ouagadougou. Beaucoup de ces élèves malentendants et malvoyants sont parrainés par des partenaires extérieurs. Si l’État ne revoit pas cette mesure, ces élèves vont perdre leurs bourses et ce sera très regrettable », déplorait Paul Yanogo.
Pour Jean Théophile Kaboré et ses collègues, après les échanges avec les techniciens du ministère de l’éducation, les manquements qui pèsent contre eux se résument au points suivants : le manque de documents officiels de création et d’ouverture des établissements ; le non-respect des superficies recommandées ; la mauvaise qualité du personnel enseignant et la baisse du niveau de l’enseignement ; la qualité des locaux, etc.
Réagissant sur la qualité des locaux et la mauvaise qualité du corps enseignant M. Kaboré estime que « Si la sécurité dans les écoles et la qualité des locaux sont les conditions pour ouvrir et fermer un établissement, toutes les écoles sous paillote de l’État doivent être fermées », car dans ces lieux, il y a moins de sécurité et l’absence de la qualité des locaux.
Quant à la mauvaise qualité des enseignants et la baisse du niveau de l’enseignement qui seraient le fait de certains établissements privés, les conférenciers martèlent que « c’est l’État qui délivre les autorisations d’enseigner au personnel qu’ils recrutent et que la baisse du niveau de l’enseignement est liée au système éducatif national qui permet à tous les élèves de passer en classe supérieure même ceux qui n’ont pas la moyenne requise. »
Siébou Kansié
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