Les rideaux se sont levés sur la 29ème édition de Jazz à Ouaga, le vendredi 28 mai 2021 à l’Institut français de Ouagadougou. A l’affiche, le Trio Mike Abe de la Côte-D’ivoire et Bombino du Niger. Les deux groupes de jazz et de blues n’ont pas fait mentir leur réputation en offrant aux mélomanes un concert inoubliable que même la pluie n’a pas pu interrompre.
Par Hamdo Nana, Collaborateur
Placé sous le thème « Jazz, paix et cohésion sociale », le festival qui se tient du 28 mai au 5 juin 2021 s’est donné pour défi de faire oublier le rendez-vous manqué de l’an dernier.
La pandémie de la COVID-19 avaient obligé les organisateurs à opter en 2020 pour un festival digital, privant le public de la chaleur des concerts live.
La cérémonie d’ouverture officielle a été simplifiée au strict minimum pour laisser la place aux prestations des artistes que les spectateurs attendaient avec impatience.
Le représentant du directeur de l’Institut français pris la parole pour traduire sa joie d’accueillir le festival dans la salle du grand Méliès devenu depuis de longues années le temple du jazz au Burkina.
A sa suite, Abdoulaye Diallo, le président de Jazz à Ouaga planta très vite le décor de la soirée, remercia le public et les partenaires et fit place au spectacle.
Le groupe de jazz venu d’Abidjan effectua alors son entrée sur scène et dès les premières notes, mit tout le monde d’accord.
Mordu de jazz, le leader du groupe, Mike Abe est un batteur percutant sans jeu de mots. Accompagné de deux excellents musiciens au piano et à la basse, Mike Abe est très connu sur la scène jazzy du coté de la lagune Ebrié.
Jouant d’un jazz accessible avec des accents rock, le Trio Mike Abe va enchainer des reprises et des compositions personnelles avec un clin d’œil sur les artistes ivoiriens comme Aïcha Koné.
Malgré la pluie…
Si la musique que le groupe distillait enchantait les mélomanes, elle devait également plaire au ciel qui décida de participer à la fête en ouvrant ses vannes, libérant une pluie bienfaitrice sur la ville.
Cela n’arrêta pas le concert. Les spectateurs s’abritèrent sous le grand hangar dans la cour du centre culturel et l’orchestre continua de jouer face aux gradins vides.
Ce groupe très respectueux des mélomanes leur disait en quelque sorte que « si vous ne pouvez pas nous voir, vous pouvez au moins nous entendre ».
La communion fut ainsi rétablie et le Trio Mike Abe acheva sa prestation avant de céder la scène au groupe Bombino du Niger.
Entre temps la pluie avait baissé d’intensité et le public se retrouva sur le podium, directement en face des musiciens. La scène se transforma en une piste de danse et de « hurlements » avec quatre musiciens se démenant au milieu comme de beaux diables.
Lorsque la pluie s’arrêta, les gradins furent de nouveaux envahis et le concert se poursuivit avec un « Bambino » déchainé. Et on avait de la peine à imaginer autant d’énergie chez ces musiciens que leurs longs boubous rendaient plus frêles.
Musicien ne sachant pas tricher avec son public, Oumara Moctar « Bambino » est un guitariste touareg nigérien qui a enflammé plusieurs scènes à travers le monde entier.
Ses talents de guitariste lui ont valu les louanges de grands musiciens comme Keith Richard des des Rolling Stones avec lesquels il a joué.
Si vous aimez Jimi Hendrix, Ali Farka Touré John Lee Hooker, Jimmy Page ou les grands guitaristes du rock des années 70, alors courrez vite à un concert de Bambino.
Agé de 41 ans, Bambino a fait ses débuts en jouant de la musique dans les cérémonies de mariage. Très vite, il va attirer l’attention avec son jeu de guitare unique. Débordant d’énergie, il n’hésite pas à pousser sa guitare jusqu’au délire.
Lorsqu’il est accompagné d’une batterie rock endiablée et des battements de mains fiévreux, vous pouvez imaginer le feu qu’il met sur scène. Bambino est un musicien qui a su allier le blues venu du désert à la musique rock.
Cette première soirée du festival jazz à Ouaga a incontestablement tenu ses promesses.