Les fêtes de fin d’année à nos portes. Partout, ce sont les préparatifs pour rendre plus agréables les festivités. C’est le moment où les commerçants se frottent également les mains. Mais cette année, le double contexte sanitaire et sécuritaire a impacté le pouvoir d’achat des populations. Dans les marchés et yaars de Ouagadougou, les affaires sont grincheuses, selon les commerçants. Dans les églises, c’est dans la sobriété et le respect des gestes barrières au covid, que la fête de la Noël se prépare. Constat.
Par Georges Youl, et Ramata Diallo, Stagiaires
A 10 heures au grand marché de Ouagadougou, les spéculations des fêtes de fin d’année sont encore timides. Les ruelles restent toujours fluides. Alors qu’il y a quelques années, il était difficile de se frayer un chemin à pareille date et heure. Mais ce 22 décembre 2020, seulement quelques clients s’arrêtent, observent les articles divers, marchandent souvent, puis continuent leur route. Ils sont hélés de toute part par des commerçants. « Madame, venez voir ici, de bons habits prêt à porter pour les enfants. » « Ce sont de bonnes chaussures pour les enfants par là. » Mais rien de tout cela, n’intéresse Aminata Sanfo, qui écoute, regarde, sourit et continue son chemin avec son petit sac en bandoulière. Il n’a pas assez de moyens cette année. « Je veux seulement une simple belle robe moins chère », nous lance-t-elle en se mouvant sur la ruelle.
Tout se passe comme les jours ordinaires. Certains commerçants n’ont même pas encore fini d’installer leurs produits. D’autres, sont à la »pêche des clients ». Abdoulaye Yamba est vendeur de chaussures depuis trois ans. Il ne sent pas la différence entre ces moments de fêtes et celle des jours ordinaires. « En début décembre, je suis allé au Ghana pour commander une marchandise d’un million de FCFA. Mais jusqu’au 21 décembre, je n’ai pas encore vendu pour 500 000 FCFA. Pourtant l’année dernière en décembre, à la même période, j’ai vendu près de 3 millions »,dit-il en faisant des gestes débordés.
Assis devant son étalage de jeux et de crèches de Noël, Kassoum Compaoré guète l’arrivée des clients. Mine serrée et avec une voix à peine audible, il déclare : « cette année, ça ne va pas du tout. Les clients ne viennent pas, ce n’est pas facile».
Même son de cloche chez Seydou Tapsoba, le boucher. «Ma vente a diminué de 20% cette année. Les années passées à pareil moment, on recevait au moins 500 personnes par jour. Mais cette année, nous recevons au tour de 45 personnes par jour. Vous voyez l’écart ? »

Sur l’aire des légumes, c’est Alda Mélanie Kaboré, vendeuse de légumes et de pommes de terre, qui explique la morosité du marché. « Venez de jolies pompes de terre ! Vous voulez un sac ? Voilà Monsieur, venez ! », se dépensait-elle avant de se rendre compte que nous ne sommes pas des clients. « Monsieur, vous voulez quoi ? », nous demande-t-elle. « Nous sommes des journalistes. Nous souhaiterons savoir comment est votre marché en ces périodes de fêtes ». Elle sourit en nous demande de faire le constat nous-même. « Les fêtes s’approchent et les gens ne viennent pas au marché. Voyez vous même, depuis que vous tournez, est-ce que vous voyez quelqu’un ? » Ce sont les commerçants qui sont assis seulement.», se veut-elle brève en nous laissant le soin faire le constat.
De l’autre côté du marché, Jules Nana est installé. Il vend des vêtements depuis 2007. Mais il n’a jamais vu dit-il, un mois de décembre pareil. « On dirait que ce n’est pas décembre, le marché est calme!», s’exclame-t-elle avant de conclure sur cette note d’espoir « on espère que ça va aller d’ici là».
Les commerçants interrogés imputent la situation à la pandémie de Corona virus et à l’insécurité que vit le pays. Pendant que certains implorent la grâce du bon Dieu, d’autres, demandent au gouvernement de faire des efforts pour changer la situation.
Au Scolasticat, il n’y aura pas grande chose, juste une messe simple en respectant les mesures barrières
Du grand marché, nous voici dans les enceintes religieuses. Là, l’ambiance de la fête de Noël n’est pas aussi perceptible. À l’église saint Camille du quartier 1200 logements, ni la crèche, ni la décoration, rien de ce qui annonce la naissance du Sauveur n’est visible.
Au Scolasticat sis au quartier wemtenga de Ouagadougou, le constat est le même. Le prêtre Omer Sodéré, indique qu’il est prévu une messe où un couple, un agent de santé, un agent de force de l’ordre et un religieux présenteront une offrande symbolique au Seigneur pendant la messe de Noël. «Il n’y aura pas grande chose, juste une messe simple en respectant les mesures barrières», précise-t-il.
A la paroisse Notre Dame des Apôtres de la patte d’oie, la fête de la Nativité du Seigneur se prépare plus ou moins bien. L’intérieur de l’église est décoré. Sur l’autel, une crèche est installée. La lumière scintille autour. Certains fidèles venus priés offrent déjà des cadeaux au « petit Jésus » couché dans la crèche. Les différents comités s’activent pour réussir cette fête importante dans la vie de l’Eglise, dans le respect des gestes barrières au coronavirus et des mesures sécuritaires selon les recommandations du cardinal Philippe Ouédraogo.