Les dernières sorties du président français Emmanuel Macron n’ont pas été diplomatiques envers ses homologues de la CEDEAO. La France est-elle fatiguée d’aider le continent africain ?
Par Abdoul Wahab Mandé, Stagiaire
Dimanche 30 mai, Emmanuel Macron déclarait : « L’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie ! Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerai », accusant les autorités maliennes de négocier avec les terroristes.
La mise en garde de Macron est claire « Je ne resterai pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus la légitimité démocratique ni de transition », avait-il déclaré dans les colonnes du Journal de dimanche. Par ces propos, le président français ne cachait pas son intention de quitter le Sahel, si ces dirigeants ne prenaient pas leurs responsabilités.
A peine quelques jours, Macron a mis en exécution ses menaces. C’est ainsi que le jeudi 10 juin 2021, lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a annoncé « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure ». Et annonçant d’emblée « la mise en place d’une alliance internationale associant les Etats de la région ».
A ce sujet, il évoque une transformation profonde de la présence de Barkhane au Sahel. Tout en précisant que « la forme de notre présence engageant plus de 5 000 hommes maintenant depuis plusieurs années n’est plus adapté à la réalité des combats ».
Macron vient donc de mettre fin à l’existence de Barkhane en tant qu’opération extérieure pour reprendre ses mots. Lancée en 2014, l’opération Barkhane est une autre dénomination de l’opération Serval engagée en 2012 qui avait permis de stopper l’avancée jihadiste vers Bamako. Barkhane est depuis lors, le plus gros déploiement de militaires français à l’étranger avec un budget annuel estimé à plus d’un milliard d’euros.
Sept années d’opérations contre deux groupes terroristes rivaux, l’État Islamique au grand Sahara, et al-Qaïda au Maghreb islamique, et au cours desquelles 50 soldats français ont perdu la vie. L’intervention française va désormais connaître une transformation profonde qui passera par la fermeture de bases de l’armée française au Mali.
Emmanuel Macron est donc sincère avec ses homologues
Le président Emmanuel Macron indique qu’il souhaite désormais donner la priorité à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales. Une manière de dire à ses homologues du Sahel de prendre leur responsabilité. Pour ce fait, Macron indique la voie à suivre aux Africains.
A quoi sert de rester aux côtés des Etats qui s’attendent toujours à ce que les soldats français soient au-devant pour défendre l’intégrité de leur territoire ? Le repli de Barkhane est une sommation de la France aux Sahéliens de prendre en charge leur sécurité.
Parce que les Français en ont marre que des dirigeants sollicitent des financements pour la sécurité, alors qu’ils paient de luxueux appartements en Europe, à Dubaï, à Dakar, Abidjan. Pour tout dire, ils sont terrifiés par la perte de leurs soldats.
Autre chose qui pourrait justifier ce départ, c’est que les Africains en ont assez de la présence de Barkhane dont les résultats sont en-deçà de leur attente. Les populations du Sahel n’ont-elles pas obtenu ce qu’elles voulaient? Elles qui souhaitaient le départ des forces étrangères de leur pays.
Ainsi, le départ des troupes étrangères ne justifie pas la fin du terrorisme. Donc inutile donc de compter sur une quelconque aide étrangère. Sahéliens, préparez-vous à élaborer des stratégies de défense et d’offensive.
Du reste, le président burkinabè, Roch Kaboré a vite compris que sans une coalisation sous-régionale, la lutte contre le terrorisme sera un mot vain. Macron semble être le dirigeant français le plus sincère avec les Africains, tentons nous de le dire. Car il faut être honnête comme Macron pour interpeler ceux-là de prendre leurs responsabilités dans cette lutte de longue à haleine si on sait que la France est là pour ses intérêts.
Mais ne dit-on pas qu’on recule pour mieux sauter ? La France adopte-t-elle d’autres stratégies pour mieux revenir en force afin d’avoir une mainmise sur le Sahel ? Ou a-t-elle reconnue sa défaite, raison pour laquelle elle plie bagage comme l’ont fait les Américains en Afghanistan ? Nous pouvons simplement déduire que la France part pour mieux rester.