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Burkina Faso: zoom sur François Yaméogo, le nouveau directeur de la justice militaire(juge d’instruction du dossier Sankara)

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Le 24 février 2022, soit un mois jour pour jour de l’avènement du MPSR au pouvoir, le chef de l’Etat Paul Henri Damiba nommait le Magistrat Lieutenant-colonel François Yaméogo à la tête de la Justice militaire. il fut le doyen des juges d’instruction du tribunal militaire depuis plusieurs années. A son actif, il a conduit plusieurs dossiers judiciaires très importants du pays. On peut citer le dossier Thomas Sankara et du putsch avorté de 2015. Libreinfo.net fait un zoom sur cet expert judiciaire des missions onusiennes.

Par Nicolas Bazié

Le président Paul Henri Damiba a désigné le Magistrat Lieutenant-Colonel François Yaméogo comme directeur de la justice militaire le 24 février. Il fut le doyen des juges d’instruction du  tribunal militaire de Ouagadougou. En 2014, alors qu’il était au Mali au compte de la Mission des nations unies (MINUSMA), il fut rappelé à Ouagadougou pour l’instruction du dossier Thomas Sankara. Le Magistrat Lieutenant-Colonel, François Yaméogo aura donc la lourde charge de dépoussiérer ce dossier vieux d’une trentaine d’année et oublié par le régime Compaoré.

Il commence l’instruction de ce dossier avec maestria. Très vite les auditions commencent, il demande des tests ADN sur les restes de Sankara et ses compagnons puis il ouvre une enquête balistique pour mieux savoir les circonstances de l’assassinat du 15 octobre 1987. Comme si cela ne suffisait pas, le juge d’instruction François Yaméogo va jusqu’à reconstituer les faits avec des soldats et des témoins sur le lieu du crime au conseil de l’entente. « C’est un travail titanesque dans le domaine judiciaire », confie à Libreinfo.net un magistrat.

Les actions se poursuivent. Il lance des mandats d’arrêts internationaux contre des personnes supposées être des principaux commanditaires et commandos de la tragédie du 15 octobre 1987. Ces mandats concernent entre autres Blaise Compaoré et Hyacinte Kafando, toujours en cavale. Cependant, il finit par inculper 14 personnes y compris Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et Gilbert Diendéré.

Après avoir produit un dossier de vingt mille (20 000) pages, le procès Thomas Sankara s’est ouvert le 11 octobre 2021. L’on peut dire mission accomplie pour le juge d’instruction François Yameogo.

Le dossier putsch

Outre le dossier Thomas Sankara et ses compagnons, c’est le même juge d’instruction qui a travaillé avec d’autres juges au départ sur le dossier du putsch manqué de septembre 2015. Le Magistrat Lieutenant-colonel François Yaméogo est réputé « intransigeant » travailleur et méticuleux. Il est le doyen des juges d’instruction du tribunal militaire.

Comme le dossier Thomas Sankara, il conduit avec brio le dossier putsch. Audition, enquête, mandat d’arrêt, il est sur tous les coups. M. Yaméogo auditionne plusieurs personnes de catégories différente, militaires et civiles.

Il décide de placer les généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) sans hésitation. Il va plus loin en demandant avec ses collègues l’audition d’autres généraux à l’époque en service même si ces derniers ont refusé d’être auditionné.

Le juge d’instruction François Yaméogo ira au delà des frontières du Burkina dans le dossier putsch. Il lance un mandat d’arrêt international contre Guillaume Soro, à l’époque président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, «Ce qui traduit son indépendance et son intransigeance » explique à Libreinfo.net un magistrat. Mais ce mandat se voit plus tard « annulé » par les autorités burkinabè au regard des relations entre les deux pays.

Malgré tout, le procès du putsch manqué a pu se tenir. La suite on la connait. C’est encore une bataille judiciaire remportée par cet ancien gendarme, officier de police judiciaire (OPJ).

Le Magistrat Lieutenant-colonel sollicité au delà des frontières du Burkina

Au-delà des frontières du Burkina, François Yaméogo est bien connu. Il est un expert judiciaire des Nations Unies.

Par deux fois, il a été au sein de la MONUSCO en République démocratique du Congo (RDC) de 2009 à 2011(Coordonnateur UNPOL de réforme et de la restructuration de la police nationale) puis de 2021 (officier reforme secteur sécurité de UNPOL) jusqu’à ce qu’il soit rappelé en février 2022 pour venir occuper les fonctions du Directeur de la justice militaire.

François Yaméogo a été aussi expert en Réforme du secteur de la sécurité en RDC de 2009 à 2011. Ses missions étaient entre autres d’œuvrer à doter la police congolaise d’un ensemble de texte cohérents nécessaire à son bon fonctionnement.

Ensuite il va au Mali, en 2014 comme conseiller juridique dans le Bataillon burkinabè Badenya de la Minusma à Tombouctou.

Au niveau national la carrière de François Yaméogo, directeur de la justice militaire est également impressionnant

De la gendarmerie nationale, où il était Agent /officier de police judiciaire de 1986 à 1998, François Yaméogo décroche en 2001 son diplôme de Magistrat après celui de Greffier en chef des cours et tribunaux à l’Ecole nationale d’administration et de Magistrature (ENAM) au Burkina Faso. Il sort vice major de sa promotion section Magistrature en 2004. Sa carrière de Magistrat prend son envol.

Depuis cette époque, il intègre le tribunal militaire à plusieurs postes. Après celui du Substitut du procureur militaire en 2005, il devient juge d’instruction puis Directeur adjoint de la justice militaire en 2020.

François Yaméogo est breveté de chef de section d’infanterie commando de la prestigieuse Académie militaire Georges Namoano de Pô, située dans la région du Centre-sud au Burkina. Il est à ce jour médaillé d’officier de l’ordre de l’étalon et médaillé d’honneur militaire.

A la tête de la justice militaire, il retrouvera le pan international du dossier Thomas Sankara qui fera l’objet d’une autre instruction. L’enquête sur l’attaque d’Inata en novembre 2021 qui a fait 57 morts dont 53 gendarmes. Mais il hérite aussi d’un autre dossier qui est celui du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana en détention préventive à la prison militaire depuis le 14 janvier 2022 pour des faits présumés de déstabilisation des institutions de la République sous le régime Kaboré.

www.libreinfo.net

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