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Depuis un an et demi, les frontières Côte d’Ivoire Burkina est fermée pour cause de COVID19. Malgré cela, une autre filière s’est très vite développée. Il s’agit des voyages clandestins entre le Burkina Faso et la Côte d’ivoire malgré la fermeture des frontières terrestres. Pourquoi s’aventurer dans un voyage où les frontières sont fermées? Que risque t-on en pareille circonstance? Que faut-il faire pour remédier au phénomène? Autant de questions que Libreinfo.net a posé aux acteurs du transport dans ce reportage à la gare routière de Tampouy, à Ouagadougou.

 

Par Soumaila Sana

Malgré la fermeture des frontières terrestres en mars 2020 entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso suite à la COVID-19, le trafic continue clandestinement entre les deux pays. Une pratique connue des autorités des deux pays mais qui perdure malgré son lot de morts, de blessés et toute autre forme d’insécurité.

Et pour mieux comprendre les raisons de ces voyages clandestins, Libre info a rencontré certains acteurs qui desservent les deux frontières à la gare routière de Tampouy sise à Ouagadougou.

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Moumouni Rabo, transporteur et chef de la gare de Tampouy.

Moumouni Rabo est transporteur et chef de la gare de Tampouy.« pour être sincère, la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays, a été pour nous, une façon de nous étouffer en quelque sorte. Certes la maladie existe mais ce n’est pas pour autant qu’on doit subir ce qu’on vit actuellement. Tous nos véhicules sont cloués au sol. Ceux qui continuent de faire le trafic jusqu’à la frontière Ivoirienne sont des gens qui n’ont plus le choix car l’attente a été très longue pour eux. Nous sommes contre le passage dans la clandestinité dans nos frontières mais certains voyageurs supplient souvent des transporteurs de les amener à la frontière qu’ils vont se débrouiller pour le reste du trajet. C’est un suicide mais que peut-on faire face à la situation ? Car ça y va de la vie de certains. Que les autorités de ces deux pays réfléchissent afin de trouver une solution le plus vite possible.», explique Moumouni Rabo.

Selon Madi Savadogo transporteur à l’international, depuis la fermeture des frontières, les passagers sont dans la souffrance ainsi que les transporteurs qu’ils sont. « Après plusieurs réflexions j’ai décidé de reprendre le trafic sur l’axe Ouaga-Niangoloko. Nous transportons les gens jusqu’à la frontière et ils sont obligés de se frayer un autre passage pour continuer leur chemin. J’ai eu des passagers qui se sont confiés à moi une fois sur les dangers de ce trafic clandestin. Ils m’ont fait savoir qu’ils ont été victimes d’accidents avec les motos qui les transportaient et ils ont été arrêtés par les forces de sécurité ivoiriennes et Dieu seul sait ce qu’ils ont vécus là-bas». Madi Sawadogo comme tous ses camarades n’a qu’un seul mot. C’est une invite aux deux gouvernements à la réouverture des frontières terrestres.

«La seule chose que je demande au gouvernement c’est de prendre des mesures pour rouvrir les frontières pour le bonheur de tous. Je reconnais aussi que la maladie existe mais pas pour autant nous sevrer jusqu’à ce point. Si les gouvernants ont pu prendre des décisions et ouvrir les frontières aériennes donc qu’ils le fassent également pour les frontières terrestres et nous permettre aussi de vaquer tranquillement à nos occupations», déclare Madi Sawadogo.

Nous avons rencontré un convoyeur habitué des routes Burkina-Côte d’Ivoire, il se nomme Abdoul Karim Kinda. Depuis la fermeture des frontières entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, il ne sait plus à quel saint se vouer. «Chaque matin je suis là jusqu’au soir et je regagne mon domicile. » Il n’échappe pas aux conséquences de la fermeture des deux frontières Ivoiro-Burkinabè, mais il sait tout le mal que les voyages clandestins ont sur les populations.« je confirme que le trafic pratiqué dans la zone de la frontière est très dangereux et risquant. Ceux qui le pratiquent aussi risquent leur vie pour y parvenir. Le cas de certains est lié à des contraintes familiales voir plus. Il faut que l’autorité ouvre l’œil et le bon afin d’ouvrir les frontières car c’est très dangereux ce qui se passe sur l’axe. Les passagers dits clandestins payent souvent plus de 20 000f CFA pour s’attacher les services des motos taxis qui vont les aider à faire un passage frauduleux à la  frontière».

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Zalissa Bonkoungou, commerçante

Zalissa Bonkoungou commerçante ajoute que depuis la fermeture des frontières, elles ont beaucoup ressenti le coup, le faite qu’il n’ y a plus assez de voyageurs. « nos gouvernants doivent étudier minutieusement le problème et trouver la bonne formule pour ouvrir les frontières. Car si ça continue nous risquons tous ne plus payer la scolarité de nos enfants ». 

Un convoyeur qui a requit l’anonymat, a témoigné que le fait que les cars sont tous cloués au sol et qu’il n’y a plus de voyage ne fait qu’agrandir les rangs des bandits. Car s’interroge t-il « imaginez-vous qu’un apprenti fait trois mois sans voyager que va-t-il devenir ? ». Il faut que l’Etat trouve une formule pour soulager les populations car ce qui se passe actuellement à la frontière entre nos deux pays n’est pas bon, a-t-il expliqué.

Les autorités sont bien informées de la situation

Olivia Rouamba, Directrice Générale de la Coopération Bilatérale du Burkina Faso a expliqué à Libreinfo.net lors du TAC à Abidjan que les autorités sont conscientes de ce qui passe dans les voyages clandestins. « quand on est au ministère des affaires étrangères et qu’on voit le flux de demande d’autorisation de sortir et d’entrer sur le territoire Burkinabè cela montre que les gens se déplacent. Et que c’est un impératif pour qu’il puisse continuer les échanges et que des produits principaux que nous importons de la Côte d’Ivoire et que la Côte d’Ivoire importe du Burkina Faso puissent librement circuler. ».

En rappel la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont annoncé la fermeture de toutes leurs frontières les 20 et 21 mars 2020. Une décision prise à l’époque pour contrer la propagation de la maladie à coronavirus (COVID-19).

A l’issue de la 9e édition du Traité d’Amitié et de Coopération(TAC) le 27 juillet 2021 à Abidjan, le communiqué final des deux gouvernements a précisé que le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire s’étaient convenus d’organiser une rencontre entre les ministres de sécurité, de santé et de transport des deux pays en vue d’évaluer les conditions pour la réouverture. Un mois après le TAC, rien a changé.

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