Le Président de la Transition Ibrahim Traoré a nommé par décret, le Lieutenant-colonel Kouagri Natama à la tête de la gendarmerie nationale du Burkina Faso, le mercredi 4 octobre 2023. Qui est cet homme qui prend les rênes de la gendarmerie nationale.
Par Nicolas Bazié
La nomination du Lieutenant-colonel Kouagri Natama à la tête de la gendarmerie nationale du Burkina Faso intervient dans un contexte « trouble » au sein de ce corps. En effet, le 27 septembre 2023, le gouvernement burkinabè a indiqué dans un communiqué avoir déjoué « une tentative de coup d’état ».
Le parquet militaire dans la même soirée a annoncé l’arrestation de quatre officiers et deux autres en fuite dans le cadre toujours de ce « projet de coup d’état ».
Selon les informations persistantes, des officiers de la gendarmerie nationale font partie des présumés comploteurs arrêtés. Dès lors, le climat au sein de la gendarmerie nationale est devenu délétère.
Le 29 septembre 2023, dans un entretien télévisé, le capitaine Ibrahim Traoré a botté en touche la question des journalistes sur une éventuelle fusion de ce corps avec la police nationale. Il avait plutôt mis en cause le comportement de quelques gendarmes isolés.
Le 4 octobre 2023, soit une semaine après, le Président Ibrahim Traoré a procédé au changement du Chef d’état-major de la gendarmerie nationale, le Lieutenant-colonel Evrard Somda nommé le 1er février 2022 avec d’autres officiers par l’ex Président de la Transition Paul-Henri Damiba.
Le lieutenant-colonel Kouagri Natama, âgé de 57 ans qui prend désormais la tête de ce corps est un homme expérimenté qui connait bien le corps de la gendarmerie nationale. Il a occupé plusieurs responsabilités dans plusieurs localités du pays avec un parcours de «combattant». D’emblée, il aura la lourde mission de « pacifier » les relations au sein du corps.
Formation
Le nouveau chef d’état-major de la gendarmerie nationale Kouagri Natama est titulaire d’un Master en Relations Internationales, Option sécurité et défense de l’Université de Nouakchott et du Brevet d’Etudes Militaires Supérieures au Collège de défense du G5 Sahel à Nouakchott, en République Islamique de Mauritanie.
Il a participé à plusieurs stages et cours de haut niveau en Afrique et partout dans le monde tels que le cours d’Etat-Major au Collège Royal de l’Enseignement Militaire Supérieur (CREMS) au Royaume du Maroc, du Diplôme de Directeur Opérationnel et Directeur d’Enquête pour Unité Judiciaire pour la Sécurité Intérieure et le Maintien de la Paix, le stage de formation des formateurs sur le « Renseignement dans la lutte contre les nouvelles formes de criminalité en Afrique de l’Ouest et du centre » au C.R.F.L.D, à Grand-Bassam en République de Côte d’Ivoire.
L’obtention de toutes ces qualifications lui ont permis d’assumer d’importantes fonctions de commandement qui lui confèrent une solide expérience.
Responsabilités
De 2002 à 2022, il fut respectivement : Commandant d’escadron adjoint à l’Escadron Mobile N°1 de Ouagadougou ; Commandant d’escadron à l’escadron Mobile N°1 de Ouagadougou ; Commandant de la compagnie de Gendarmerie de Tenkodogo ; Commandant de la section de recherches de Gendarmerie de Ouagadougou; Commandant le groupement de Gendarmerie Départementale de Kaya ; Commandant du Groupement Mobile de Ouagadougou ; Commandant du Groupement de Gendarmerie Départementale de Kaya et en décembre 2021 , il devient le Commandant de la Première région de Gendarmerie à Kaya, l’une des trois régions de gendarmerie du pays.
Plusieurs sources au sein de la gendarmerie nationale témoignent de sa « loyauté, de la considération importante qu’il porte à ses subordonnés et de son intérêt élevé de l’égalité et la justice au sein de l’institution entre les éléments».
Missions extérieures
Monsieur Natama a aussi participé à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, la Mission des Nations Unies pour la justice en Haïti, et la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau (ECOMIB).
Officier de l’ordre de l’Etalon, il est également décoré de la médaille d’honneur militaire, de la médaille du G5 Sahel et des médailles commémoratives avec agrafe Haiti et Guinée-Bissau.
«Une opération militaire n’est pas de la musique, elle implique des actions visant à neutraliser un élément dangereux », avait-il déclaré en février 2023, à Nouakchott, devant un public de 36 officiers de haut rang de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina lors d’un cours de formation sur la « judiciarisation des opérations militaires».