Le premier ministre Lassina Zerbo dans sa déclaration de politique générale du vendredi 7 janvier 2022 au Parlement, n’a pas mis l’accent sur la question du genre. Le nouveau gouvernement compte six femmes sur vingt six ministres. Sur les 127 députés à l’Assemblée nationale, il n’y a que 16 femmes. Des députés se prononcent sur la question.
Par Rama Diallo
Le débat sur la question du genre est diversement apprécié par les uns et les autres à l’Assemblée nationale. Entre les femmes parlementaires, le sujet soulève de houleuses discussions. Interrogés sur la question du quota genre certains députés nous livrent leurs avis.
Un poste de responsabilité doit se mériter, personne n’est contre le quota genre. Mais une femme ne doit pas être nommée au nom du quota genre. Même si c’est une seule femme qui est nommée au gouvernement, cela n’est pas un problème, estime Juliette Congo, députée du MPP .
Une femme battante, compétente nommée est largement mieux que plusieurs femmes nommées sous prétexte qu’on respecte le quota genre, martèle madame Congo.
Pour elle, les femmes doivent montrer qu’elles sont capables d’assumer des postes de responsabilité. Une femme compétente et battante n’a pas besoin d’être nommée avant de montrer qu’elle est capable. Elle doit montrer sa capacité là où elle, quelque soit ce qu’elle fait. C’est en travaillant dur que l’on peut avoir confiance en elle, explique-t-elle.
« Moi j’ai travaillé dur. J’ai plus de 300 enfants à ma charge. Je n’ai pas eu besoin qu’on vienne me dire de faire ci ou ça. Je me bâts pour ma société. J’ai fait plus de trente années de lutte et de vie politique avant d’être députée. Nous sommes seize femmes à l’ Assemblée nationale, mais rassurez-vous, nous avons notre mot à dire et les hommes ne nous effraient pas », affirme la députée Congo.
Elle appelle les femmes à travailler comme la Ministre en charge des Affaires étrangères, Rosine Coulibaly, qui se fait remarquer par son travail.
La parlementaire aurait même souhaité que ce soit Rosine Coulibaly qui soit nommée premier ministre. Parce que selon elle, l’ex-ministre de l’Economie et des finances a les compétences nécessaires pour assurer dignement le poste de chef du gouvernement.
« Responsabilisons-nous d’abord. Quand on est pas responsable et on occupe une place de responsabilité, c’est un gaspillage de places », a- t-elle lancé.
Le respect du quota genre au Burkina

Le quota genre n’est pas totalement respecté au Burkina Faso. Néanmoins, Workya Rouamba, députée MPP espère que dans les années à venir, cela sera respecté. A l’entendre, six femmes sur les vingt six ministres que compte le nouveau gouvernement, est bon à prendre. Mais il reste beaucoup à faire, a indiqué la députée.
Elle croit que le quota genre n’est pas respecté en partie, parce que quand les dirigeants veulent nommer une femme à un poste, ils prennent celles qui sont autour d’eux. Alors que certaines de leur entourage ne veulent pas où n’ont pas la compétence nécessaire.
Elle invite les dirigeants à nommer les femmes mais pas uniquement les femmes de leur milieu. Car les femmes aujourd’hui, selon elle, ont les compétences et la capacité d’assumer les grands postes autant que les hommes.
Le chef de file de l’opposition politique Burkinabè, Eddie Komboïgo souhaite que les femmes s’impliquent davantage dans les sphères de décisions. Car selon lui, certaines femmes ont peur de la politique ou d’être au devant des choses. Il explique cela en s’appuyant sur la tradition, la culture, où on ne met pas la femme au devant des choses. Mais à l’écouter, cette partie de la culture vient de la culture moderne. Car d’après lui, dans la chefferie moaga la femme occupe une place importante et sa voix porte.
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