La Société Burkinabè de Géopolitique (SBG), structure à caractère associatif a tenu une conférence de presse suivie de débat sur le Mali. Le thème est « La géopolitique de la Cédéao ». Pour le Pr Ousséni Illy, enseignant chercheur à l’université Thomas Sankara, conférencier, « la crise malienne a révélé la capacité d’influence de la puissance ivoirienne » au sein de la Cédéao.
Par Siébou Kansié
Le professeur Ousséni Illy, enseignant-chercheur en droit monétaire et financier international à l’Université Thomas Sankara de Ouagadougou au Burkina Faso, a animé une conférence organisée par la SBG sur « la géopolitique de la CEDEAO.
Pour lui, la géopolitique est une science qui s’intéresse à la réflexion sur les questions du développement, des enjeux, des intérêts et des rapports entre la géographie et la politique dans les relations entre les Etats.
La géostratégie, elle, renvoie au comportement et à l’action des États sur la scène internationale.
Le Pr Illy rappelle que l’espace CEDEAO est le 2e plus grand espace de l’Afrique après le COMESA, avec plus de 5 millions de Km2, plus de 380 millions d’habitants, plus de 600 milliards de dollars de PIB et des richesses naturelles énormes.
Le COMESA est le Marché commun de l’Afrique orientale et australe, une organisation économique.
Dans l’espace Cédeéo, le Nigéria se positionne comme la super puissance avec 70% du PIB régional, 52% de la population. Il a la plus grande armée et la plus grande diplomatie.
Le pays a toutefois quelques fragilités tels que la tension politique intérieure, le terrorisme, la corruption, entre autres.

Parlant du Burkina Faso, il indique que les intérêts géostratégiques du Burkina Faso sont principalement la sécurité, l’approvisionnement du pays, les investissements et importations, la diaspora burkinabè dans les autres pays.
Sur la question du Mali, le Pr Illy soutient que la crise malienne a mis à nu plusieurs choses dont la capacité d’influence de la puissance ivoirienne au sein de la Cédéao.
Pour expliquer ce fait, il cite le Président Alassane Ouattara qui pèserait de tout son poids dans la prise de certaines décisions dont les sanctions économiques récentes contre le Mali.
La crise a révélé également l’influence de la France au sein de Cédéao. Il n’y a qu’à écouter le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur les sanctions prises contre le Mali pour s’en rendre compte.
La situation politique malienne a aussi permis de constater le relatif retrait du Nigéria de la Communauté. c’est du moins, l’impression que l’on se fait. Ce géant, observe l’enseignant en droit, est resté presque muet face aux sanctions économiques contre le Mali.
Une situation incompréhensible selon lui, quand on sait la position du Nigéria sur des questions impliquant la France. Aussi, le Nigéria se fait de moins en moins entendre sur certaines questions sur la scène internationale.
Encadré
Ce qu’on peut retenir de la Société Burkinabè de Géopolitique (SBG)
La Société Burkinabè de Géopolitique créé le 11 avril 2021, vise à contribuer à la réflexion, l’analyse, la recherche et le plaidoyer sur les enjeux géopolitiques, géostratégiques, géoinformationnels et géoéconomiques.
En un mot, assure le président de la SBG Amidou Dipama, l’association travaille à la maîtrise des enjeux géopolitiques et géostratégiques du Burkina Faso.
Elle se veut un cadre de formation des leaders et futurs décideurs publics et privés ainsi que la diffusion d’idées et l’éducation citoyenne aux enjeux géostratégiques.

La SBG est une initiative des jeunes burkinabè de différents profils dont entre autres, des juristes, des économistes des militaires et paramilitaires, des géographes.
L’association est ouverte à tout le monde sans distinction de sexe, de race, d’ethnie, de religion ni d’appartenance politique.
Les actions de la structure selon Inoussa Oudéraogo, responsable à la communication de la SBG sont dirigées vers « nos dirigeants, nos étudiants, les travailleurs du public et du privé, nos diplomates, nos opérateurs économiques… »
Les moyens d’action de la SBG
La SBG s’est dotée de plusieurs organes dont l’assemblée générale, le comité directeur, le Conseil scientifique et une équipe permanente.
Elle s’est offerte également un plan triennal qui lui permettra de produire régulièrement des rapports sur la géopolitique du Burkina et du monde, dans la transparence, conformément aux critères de la bonne gouvernance.
L’association prévoit très prochainement une conférence, des émissions télévisées et des universités d’été sur la géopolitique, etc.

Une leçon inaugurale est prévue le 12 février 2022 sur le thème « lutte contre le terrorisme au Sahel : comment construire une autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine mutation ». Une activité qui lancera les chantiers de réflexion de la SBG. La SBG vit des cotisations de ses membres, des dons et legs et subventions.
Les réflexions envisageables
L’Afrique est un continent riche en ressources minières. Mais ces richesses ne profitent pas à ses habitants. Dans l’espace Cédéao, la crise s’est installée dans plusieurs pays membres et tend à se généraliser.
Les populations dont la jeunesse, s’interrogent de plus en plus sur la gestion de ces richesses. « Où va notre or, notre pétrole, notre diamant, l’uranium, le fer, le manganèse et toutes les autres richesses du continent ? Pourquoi le terrorisme ? Pourquoi toutes ces guerres ? Qui finance le terrorisme ? Quelle monnaie pour la Cédéao ?»
Ce sont entre autres, des questions qui vont être prises en compte dans les réflexions de la SBG
Par S.K