A l’initiative des autorités maliennes, le président russe Vladimir Poutine et son homologue malien le Colonel Assimi Goïta ont échangé téléphoniquement ce 15 août 2023, sur la crise qui prévaut au Niger.
Par Nicolas Bazié
Ils se sont appelés à la veille de la réunion des chefs d’Etat-major de la CEDEAO prévue se tenir ce jeudi et vendredi. Cette rencontre sera consacrée au plan d’intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel et ramener le président déchu Mohamed Bazoum au pouvoir.
Lors de l’appel téléphonique, le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant malien Assimi Goïta ont prôné un règlement pacifique de la crise, a annoncé le Kremlin.
Les deux hommes ont « souligné l’importance de régler la situation autour de la République du Niger uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques».
Le colonel Assimi Goïta a jugé utile d’appeler Vladimir Poutine à un moment où quatre pays membres de la CEDEAO sont prêts à envoyer des soldats au Niger. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Bénin et du Sénégal.
Une chose est sûre, l’idée d’une intervention militaire divise des acteurs politiques, religieux et de la société civile. C’est le cas des populations du Nord du Nigeria qui disent craindre « de graves conséquences dans leur pays et dans la région du Sahel déjà meurtrie par les violences terroristes».
Alors que les négociations entre la CEDEAO et le nouveau régime au Niger semblent au point mort, des personnalités influentes s’activent pour établir un canal diplomatique entre le général Tiani et le chef d’État du Nigeria, Bola Tinubu, qui assure la présidence en exercice de l’organisation sous régionale.
Ainsi, deux délégations de chefs religieux du Nord du Nigeria avec qui le Niger entretient des liens culturels, économiques et linguistiques se sont récemment entretenues avec le général Tiani à Niamey.
Le 5 août, ces chefs religieux avaient mis en garde Abuja: un recours à la force aurait, selon eux, de «graves implications» pour le Niger mais aussi pour le Nigeria, dont sept États (du Nigeria, ndlr) partagent une frontière de 1.500 kilomètres avec le Niger.
Le 9 août, c’est un groupe d’universitaires, d’officiers à la retraite et d’hommes politiques du Nord du Nigeria qui ont écrit une lettre ouverte au président Tinubu.
Selon eux, une intervention militaire au Niger «exacerberait» les problèmes sécuritaires du Nord du Nigeria, notamment l’insurrection terroriste, les conflits entre agriculteurs et éleveurs et les enlèvements de masse, «par la circulation des armes et la propagation de l’extrémisme violent».
