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Gouvernement et monde syndical nuisent-ils à contrecœur ou par insouciance ?

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Le bras de fer établi et entretenu entre le gouvernement et le monde syndical autour notamment de l’extension de la ponction de l’Impôt unique sur les traitement et salaires (IUTS) aux primes et indemnités des fonctionnaires ne semble pas prêt de fléchir. En tout cas, chacune des deux parties clame encore sa détermination à défendre les intérêts des Burkinabè. Mais, il est aussi évident que la grande majorité des Burkinabè paient et paieront le prix fort de ce combat de gladiateurs. Cette évidence est certainement connue des deux parties plus que jamais déterminées à prendre le dessus l’une sur l’autre. Ce qui inspire dans le sens de croire qu’elles ont opté de nuire à des innocents, soit à contrecœur, soit par insouciance.

Par La Rédaction

Dans le cadre de la mise en œuvre de la loi n°058-2017/ AN du 20 décembre 2017 portant Code général des Impôts (entrée en vigueur le 1er janvier 2018) et modifiée par la loi n°051-2019/AN du 05 décembre 2019 portant loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat/exercice 2020, le gouvernement a opéré, en fin février dernier, des retenues sur les rémunérations des agents de l’Etat au titre de l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités.

Ayant fait le constat de ces retenues, les organisations syndicales ont, à la suite de menaces brandies depuis belles lurettes, entrepris des actions (Assemblées générales, marches-meetings, grèves) pour, disent-elles, obliger le gouvernement à revoir sa copie. En clair, le gouvernement doit reverser les retenues opérées et s’engager à supprimer l’IUTS aussi bien concernant les agents de l’Etat que ceux du secteur privé qui y étaient soumis depuis plusieurs années. Ce à quoi le gouvernement semble ne pas vouloir accéder.

Evidemment, des raisons sont évoquées et distillées de part et d’autre. Des raisons qui laissent croire que chacune des parties reste campée sur sa position. Ces raisons tendent aussi à faire croire que chacune des parties agit dans l’intérêt général des Burkinabè. En effet, le gouvernement annonce être dans une dynamique de restauration de justice fiscale entre salariés du privé et ceux de l’Etat, mais aussi de mobilisation accrue des ressources financières pour mieux prendre en charge les problèmes des Burkinabè. De son côté, le monde syndical, tout en plaidant que cette justice fiscale soit opérée à travers la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités des salariés privés et publics, accuse le gouvernement de réduire drastiquement le pouvoir d’achat des Burkinabè.

La posture du gouvernement ne rassure pas. Celle du monde syndical n’est pas, elle aussi, exempte de conséquences fâcheuses sur la grande majorité des Burkinabè non-salariés, même si l’on peut convenir de ce qu’un nombre important d’eux bénéficient indirectement des rémunérations que perçoivent mensuellement les salariés.

Mal-gouvernance et méthodes de ‘’lutte’’ nuisibles

La perpétuation de la mal-gouvernance sur fond de corruption, d’impunité, de zèle excessif de certaines autorités devenues subitement riches et de leurs proches, compromet d’adhésion à la posture du gouvernement. En effet, une telle adhésion doit trouver l’inspiration vivifiante dans la certitude que la richesse nationale est utilisée par les gouvernants au profit véritablement et uniquement des citoyens. Mais le constat de l’utilisation outrancière de cette richesse dans l’intérêt privilégié des dirigeants est patent et actuel. Or, il est de vérité irréfutable qu’on ne peut mobiliser un homme qu’autour de ses intérêts ! Et seule la gouvernance vertueuse peut rassurer l’ensemble des citoyens quant à la préservation de leurs intérêts par des dirigeants qui clament leur détermination à mobiliser des ressources publiques par tous les moyens.

La posture du monde syndical est aussi source de déception qui est en passe de gagner les Burkinabè dans leur grande majorité. Si la décision de renonciation à la marche du 17 mars est salutaire car elle aurait pu se révéler un cadre de contagion massive de marcheurs et de leurs familles à la maladie à corona virus, il reste que la grève générale de la semaine (16 au 20 mars) prive, ou à tout le moins complique, l’accès aux services publics par les citoyens qui n’ont aucun intérêt certain et direct dans l’application ou non de la loi relative à l’extension de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents de l’Etat.

Le gouvernement sait pertinemment que c’est sa mal-gouvernance qui suscite l’opposition à l’application de cette loi. Le monde syndical aussi sait que ses méthodes et actions de ‘’lutte’’ entrainent des conséquences dommageables pour la grande majorité des Burkinabè. Tous deux savent donc que dans leur guéguerre autour de la question de l’IUTS, ils nuisent d’une certaine manière à de nombreuses populations innocentes. Il est certain que tous deux disposent également, pour parvenir à leurs fins, de moyens beaucoup moins dommageables, et même aucunement dommageables sur le citoyen non-dirigeant et non-salarié qui, malheureusement, se retrouve à devoir subir. Seule leur insouciance peut expliquer cet élan mutuellement et sournoisement entretenu de nuire aux pauvres citoyens et à un pays menacé dans son existence par le terrorisme auquel vient de s’ajouter la maladie au corona virus à contagion fulgurante !

 

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