Il n’est plus à présenter pour certains burkinabè, l’homme politique et ancien syndicaliste Harouna Dicko qui s’était retiré de la scène politique en décembre 2019 a regagné l’arène jeudi 13 février 2020. Naturellement pour un homme critique, il a fustigé la gouvernance actuelle du pouvoir et de ses pairs politiques, surtout de l’opposition vis-à-vis de la situation sécuritaire dégradante et la volonté affichée de ces acteurs à aller aux élections du 22 novembre 2020. C’est indécent pense-t-il de voir des burkinabè préoccupés actuellement par la seule volonté d’organiser des élections alors que l’on perd de jour en jour l’intégrité du territoire. Il faut donc aller à un dialogue national avant toute chose et passer à la 5ème République.
Par Aïna Touré, Stagiaire
L’ancien président du RPN (Rassemblement Politique Nouveau) Harouna Dicko, fait son come-back dans la scène politique mais cette fois ci au titre de citoyen burkinabè et non au compte d’un parti politique même s’il n’exclut pas de lancer un mouvement politique. Il s’était retiré de la politique le 15 décembre 2019 sans plus d’explications. Selon le puriste de la constitution, trois raisons principales justifient son réengagement ou son retour. Il s’agit du droit que la Constitution lui confère, l’adoption d’une nouvelle Constitution pour le passage à la 5ème République et enfin une 3ème raison « le pays va très mal ».
Le retour de l’homme politique et ancien syndicaliste est dominé par l’envie de voir la tenue d’un dialogue national et inclusif. Pour lui c’est le seul gage de sortie de crise que traverse le Burkina Faso. S’il n’y a pas de dialogue, il sera difficile de résoudre les problèmes auxquels fait face le Burkina. Il invite donc le président Kaboré à le faire car il n’est pas encore tard. Sera-t-il entendu ? rien n’est évident car de son avis, Harouna Dicko dit avoir déjà saisi plusieurs institutions mais sans suite favorable.
Cependant, sans ce dialogue qui pourrait permettre au pays de sortir de la guerre actuelle imposée par les terroristes, il n’est pas opportun d’aller aux élections du 22 novembre 2020.Il déclare donc : « J’exprime mon opposition à la tenue d’élection avant que le Burkina Faso ne recouvre l’intégrité de son territoire ».Il ne peut y avoir des élections dans un pays ou l’intégrité du territoire n’est pas sous contrôle de l’Etat ajoute le conférencier avant de renchérir qu’il faut éviter le scenario malien.
Ne faut-il pas craindre un vide juridique en cas de non tenue des élections ? Connu pour son attachement au respect de la constitution, Harouna Dicko répond que le Burkina navigue dans un vide juridique actuellement avec le non contrôle entier du pays et c’est cela qu’il faut travailler à restaurer l’intégrité du territoire.
Au-delà du dialogue national, Harouna Dicko rappelle au chef de l’Etat que le passage à la 5eme République est toujours obligatoire : « Certes des élections ont eu lieu, mais c’est par défaut de candidats mieux disant, que le Président Roch March Christian Kaboré a été élu avec un programme dans lequel il faisait de « son engagement à écrire et adopter une nouvelle Constitution consacrant l’avènement de la 5ème République » un préalable »,Il ajoute que Même si le Président du Faso semble avoir classé ce projet, la 5ème République reste toujours d’actualité.
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Rappelons que c’était l’une des revendications principales lors de l’insurrection d’octobre 2014. Passer à la Ve République pour enfin finir avec plus d’un quart de siècle d’une Constitution taillée sur mesure pour l’ex-président Blaise Compaoré. Depuis le 14 novembre 2017, le Président du Faso, Roch Kaboré a reçu le projet de la nouvelle constitution mais le mode de son adoption a toujours posé problème au président jusqu’à ce jour, au point où il semble même être classé. D’aucuns se demandent s’il est opportun d’adopter une nouvelle constitution ? Le Président du Faso tergiversait encore sur le mode d’adoption par referendum ou par voie parlementaire ? aucune réponse jusqu’à ce jour ou l’on tire vers la fin du mandat du Président.
