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Burkina Faso: le politologue Harouna Dicko appelle à un recadrage de la Transition

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Ceci est une déclaration du politologue Harouna Dicko, parvenue à la rédaction de Libreinfo.net . Nous la publions en intégralité pour vous!

Ouagadougou, le 10 avril 2O22

Déclaration

Le Burkina Faso appartient à tous les Burkinabè. De là où nous sommes, nous devons véritablement prendre conscience d’où nous venons, pour sereinement décider ensemble, où nous voulons aller et comment y arriver !

C’est pourquoi, le 16 juillet 2005, je m’étais engagé dans l’action politique par la création du Rassemblement Politique Nouveau en vue d’apporter ma contribution au combat pour l’édification d’un Etat de droit véritablement démocratique.

Mais le 19 décembre 2015 je m‘étais retiré de la scène politique partisane, parce que mes concitoyens m’avaient donné tort sur au moins trois points de vue parmi lesquels, ma demande sans succès du recadrage de la «Transition » de 2014-2015, aux fins d’avoir  des élections honnêtes pour le passage à une 5ème République adaptée à nos réalités socioéconomiques et politiques.

Pour ce point précis du recadrage de la « transition » de 2014-2015, dès le début de la mise en place des institutions de cette « transition », j’avais :

  • saisi le Conseil constitutionnel d’une pétition dès le 17 novembre 2014,
  • adressé une lettre au Président Michel KAFANDO le 05 décembre 2014 ;
  • animé une conférence de presse le 17 décembre 2014 ;
  • adressé une lettre au Président Macky SALL le 12 janvier 2015 en sa qualité de Président du Groupe de contact international pour la transition au Burkina ;
  • animé une conférence de presse conjointement avec l’ADR le 04 février 2015 ;
  • cosigné avec le 1er responsable de l’ADR, une lettre adressée au Président Michel KAFANDO le 05 février 2015 ;
  • animé une conférence de presse conjointement avec l’ADR le 12 mars 2015 pour présenter un mémorandum ;
  • transmis ce mémorandum au Président Macky SALL le 17 mars 2015 en sa qualité de Président du Groupe de contact international pour la transition au Burkina ;
  • organisé un panel conjointement avec l’ADR le 09 mai 2015 ;
  • adressé une deuxième lettre au Président KAFANDO le 29 juillet 2015.

Toutes ces actions citoyennes pour demander le recadrage de la « transition » de 2014-2015, ont été vaines et ce qui devrait logiquement arriver, arriva le 16 septembre 2015 avec une grande désolation.

Comme l’histoire m’avait ensuite donné raison en tous ces points de vue, je ne pouvais plus continuer à me taire face à l’occupation d’une partie du territoire par les terroristes, pendant que les hommes politiques partisans ne se souciaient que des postes à briguer par des élections.

C’est pourquoi encore, j’avais animé une conférence de presse le 13 février 2020, pour annoncer mon réengagement dans l’action politique mais de façon citoyenne, en exprimant mon opposition à la tenue d’élections avant que le Burkina Faso ne recouvre l’intégrité de son territoire. Malheureusement, la COVID a freiné mon élan.

Cependant deux ans après, l’histoire m’a encore donné raison mais dans la douleur, puisse qu’à la date du coup d’Etat du 24 janvier 2022 le Burkina Faso allait plus mal qu’en 2020, et aujourd’hui, le Burkina Faso va beaucoup plus mal trois mois après ce coup d’Etat perpétré par un groupe de militaires dont la motivation alléguée est la restauration de l’intégrité de territoire national.

Après le lourd bilan de l’attaque terroriste du 08 avril 2022 à Namissiguima, je suis en droit de poser quelques questions légitimes parmi tant d’autres :

  • L’incapacité du Chef d’Etat DAMIBA d’assurer l’intégrité du territoire en tant que professionnel des armes ayant les rênes du pouvoir, n’est-elle pas relativement plus catastrophique que celle du Président KABORE ?
  • Pour cette incapacité, le Chef d’Etat DAMIBA n’est-il pas déjà exposé au renversement comme le Président KABORE ?
  • Aux termes des dispositions de la Constitution et du Code pénal du Burkina Faso, n’a-t-il pas déjà commis plusieurs infractions tel que :
  • le crime grave à l’encontre du peuple (article 166 de la Constitution);
  • l’attentat à la sureté de l’Etat (articles 313-1 et 313-2 du code pénal)
  • l’attentat à la liberté (article 324-1 du code pénal)
  • l’usurpation et de l’usage irrégulier de la fonction de Président du Faso (article 375-2 du code pénal) ?
  • Sera-t-il toujours aussi fort pour se mettre à l’abri des ennuis judiciaires pour avoir commis les infractions ci-dessus ?
  • Sa gouvernance actuelle n’est-elle pas autocratique ?
  • Ne valait-il pas mieux de laisser le Président KABORE terminer son mandat, si après ce bilan catastrophique des trois mois du pouvoir DAMIBA, l’on doit encore être résilient pendant trois longues années de plus ?
  • Ne doit-il pas se raviser pendant qu’il est encore temps, pour accepter le recadrage de la présente « transition » en retirant les militaires de l’Assemblée Législative de Transition et en révisant à dix-huit mois l’agenda de la « transition » ?
  • Le Burkina Faso n’a-t-il pas trop souffert de la mauvaise pratique en politique depuis son accession à la souveraineté nationale ?
  • Ce neuvième coup d’Etat militaire au Burkina depuis l’indépendance, n’est-il pas de trop ?
  • Les Burkinabè ne doivent-ils pas enfin se parler franchement lors un dialogue national pour véritablement fonder une nation viable ?

« Sokré la bangré»

Harouna DICKO

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