Ce 23 mai 2019, soit trois jours après le début de la grève du syntsha, libreinfo.net est allé s’enquérir du fonctionnement des urgences médicales de l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Selon un membre du personnel qui a requis l’anonymat, le service fonctionne à moins de 30% de ses capacité.
C’est un personnel débordé que nous avons trouvé ce jour au service des urgences médicales de l’hôpital Yalgado Ouédraogo.
Appuyé par trois stagiaires tous étudiants, entre prescription d’ordonnance et administration de produits, le personnel qui était moins de 10 agents tente au mieux d’apporter des soins aux malades qui parfois, gisants au sol, attendent impatiemment d’être pris en charge.
«Les soins, c’est à minima. Déjà que l’effectif est considérablement réduis, on fait ce qu’on peut. Les extrêmes urgences sont nos priorités. Les urgences programmées, là en réalité, c’est quand on à le temps qu’on passe les voir. Si je devrais peut-être faire une estimation, je dirai que le service fonctionne à moins de 30% de ses capacités» nous a confié un membre du personnel qui a requis l’anonymat.
Le responsable du service que nous n’avons pas pu rencontrer était sur un cas d’extrême urgence. Nous avons passé deux heures à l’attendre sans pouvoir le rencontrer car, celui-ci était au chevet d’un malade pour lui apporter des soins.
Vu l’état de la situation, nous n’avons pas souhaité être encombrant en insistant longuement.
«En évaluation pratique, on devait faire la visite à l’intérieur et accueillir les malades. Mais là, vous voyez qu’on est au four et au moulin, on ne peut pas faire la visite et être aux aguets également des entrants. Là, du coup, même si c’est pour une visite, c’est d’aller voir s’il y’a un problème, on gère et on revient. Disons même que la visite est escamotée en fait» nous explique notre interlocuteur qui s’activait à rédiger une ordonnance.
La nuit, le service est le plus à plaindre. Les étudiants stagiaires s’en vont et le personnel se retrouve carrément réduit. «Il y’a des moments, on se retrouve avec tellement de patients qu’on ne sait plus ou donner de la tête » nous lance une dame en blouse blanche qui se présente comme une élève dans une école de santé.
Au fond de la salle, un jeune homme, la vingtaine à peine est couché et se tord de douleur, visiblement très souffrant, il attend que le personnel finisse de soigner d’autres personnes avant de se pencher sur son cas. «On ne peut pas être sur tout le monde à la fois» lance un contractuel du service engagé pour assurer le service minimum.
Il reste encore deux jours de grève pour que les hôpitaux voient leur personnel revenir en nombre. Mais ceux-ci promettent que tant que le gouvernement ne respecte pas ses engagements contenu dans le protocole d’accord signé le 13 mars 2017 avec le syndicat des héritiers d’Hippocrate, les formations sanitaires fonctionneront aux heures d’un service public au Burkina Faso.
Nourdine Conseibo
Libreinfo.net
