L’athlète burkinabè Hugues Fabrice Zango est de retour au Burkina Faso, après avoir remporté une médaille d’or aux championnats d’athlétisme de Budapest en Hongrie. Il a accordé un entretien à Libreinfo.net, dans lequel il parle des Jeux olympiques de 2024 et de ses projets pour l’arène sportive burkinabè.
Propos recueillis par Nicolas Bazié
Libreinfo.net : Comment se sent Hugues Fabrice Zango après avoir remporté une médaille d’or au championnat du monde ?
Hugues Fabrice Zango : Aujourd’hui étant champion du monde, c’est au-delà de ce que j’aurais imaginé.
Avant d’être champion du monde je suis déjà très content de pouvoir glaner des médailles mondiales olympiques, mais aujourd’hui, atteindre la plus haute marche du podium, c’est vraiment un sentiment d’invincibilité qui m’anime.
C’est un sentiment de très haute fierté et d’estime de moi qui m’anime également. C’est une joie indescriptible que je souhaite toutes les personnes qui verront cette vidéo.
Libreinfo.net : On voit que vous avez été accueilli à l’aéroport par une jeunesse en joie, comment avez-vous apprécié cet accueil ?
Hugues Fabrice Zango : j’ai été vraiment honoré. J’ai été honoré par le ministère des sports et certains de nos sponsors qui ont organisé un accueil très chaleureux à l’occasion de mon retour au pays. Tout le monde était là.

Des anciens athlètes, le ministère des sports à travers les dirigeants, il y a eu les sponsors, la jeunesse burkinabè qui s’inspire de mon parcours, tous étaient là pour m’accueillir.
C’était vraiment incroyable, parce que le message de ma vie et de mes résultats s’adresse à ces personnes. Et les voir venir montre que mon message porte et cela les a atteints et c’est cela qui me rend heureux.
Libreinfo.net : Comment préparez-vous les jeux Olympiques 2024 ?
Hugues Fabrice Zango : Les jeux Olympiques 2024 seront l’apothéose de ma carrière. J’aime le dire parce que j’ai 30 ans aujourd’hui et il faut savoir qu’on ne saute pas jusqu’à 40 ans.
Je ne serai pas à Los Angeles dans 5 ans, je vais certainement de l’autre côté des stades, je ne serai plus athlète mais spectateur ou encadreur. En tout cas, les jeux Olympiques de 2024 seront l’apothéose de ma carrière.
Donc j’ai à cœur de tout mettre dedans pour essayer de produire une performance époustouflante pour mes dernières olympiades. La préparation a commencé depuis longtemps.
Aujourd’hui, la préparation physique reprendra en novembre qui sera bientôt déterminante. Il faudra également garder un état mental d’invincibilité comme j’ai actuellement avec le titre de champion du monde.
Sachez que j’arrive aux jeux olympiques en tant que champion du monde et certainement avec une très bonne préparation physique je serai champion aux Olympiades.
Libreinfo.net : On constate aussi que les moyens financiers manquent dans vos formations, comment comptez-vous surmonter ces difficultés ?
Hugues Fabrice Zango : les difficultés ne manquent jamais au Burkina. Il y a énormément de difficultés au niveau de l’infrastructure, tout est urgent comme l’a dit le président.
On ne peut pas mettre nos billes dans le même panier, je suis bien conscient de cela et le ministère met énormément en m’aidant à hauteur d’un tiers de ma préparation, je pense que c’est quand même intéressant.
Il y a beaucoup de personnes qui sont contentes de nos résultats qui peuvent agir mais qui n’agit finalement pas pour que ces résultats arrivent. C’est à ces personnes qu’on s’adresse.
Pour que les choses se passent en réalité et pour que mes dernières olympiades se passent bien, je ne parle pas souvent pour moi seule parce que quand je me mets à parler, je pense aussi à la future génération.

Comme je vous l’ai dit, c’est ma dernière olympique et j’aimerais profiter de cette dernière olympiade pour sensibiliser un maximum de jeunes, pour que les jeux olympiques de 2028, on continue d’avoir des médailles. Il ne faudra pas qu’on retombe dans un trou.
Mon objectif, c’est de vraiment rassembler, impacter un nombre de partenaires privés qui vont me suivre pour les olympiades de 2024, c’est-à-dire, les deux tiers de fonds qui manque pour faire une bonne préparation et aider les jeunes aussi qui montent et que dans 4 ans également, ces personnes puissent évoluer et produire des performances qui vont maintenir l’espoir. Parce que l’espoir, c’est un muscle qu’il faut entretenir. Si tu arrêtes de te motiver, la motivation tombe.
Libreinfo.net : qu’est-ce qui vous rend si fort et qui vous donne de l’espoir de remporter la première médaille de l’or au Burkina Faso ?
Hugues Fabrice Zango : vous savez, moi, je suis un rêveur incroyable. Quand je suis arrivé au stade du 4 août au début, j’avoue qu’aucune personne ne rêvait de médaille olympique.
Pour moi, c’est vraiment une faute tout simplement parce que j’ai toujours eu à cœur d’être excellent, que ça soit au niveau scolaire ou dans tout ce que j’entreprends, quand je commence quelque chose, j’atteins automatiquement le meilleur résultat possible.
Quand je commençais l’athlétisme, mon objectif a été depuis 2012 de devenir médaillé olympique. Donc, à partir de ce moment, je rêvais déjà de médaille olympique. Mais aujourd’hui, notre jeunesse est plus forte qu’au moment où je commençais l’athlétisme.
Notre jeunesse est plus forte parce qu’elle a déjà vu quelqu’un réaliser un exploit. Notre jeunesse sera forcément plus forte que moi dans quelques années et je suis vraiment content d’avoir été le précurseur de cela parce qu’il faut toujours une première dans toute chose. Ce qui rendait fort, c’est d’avoir accepté rêver que je pouvais faire une médaille olympique et cela est très important.
Libreinfo.net : Vos adversaires Jamaïcains, espagnols, Italiens et américains sont vraiment costaud, comment arrivez-vous à dominer ce challenge ?
Hugues Fabrice Zango : vous savez à un moment donné nous sommes tous à la pointe de l’épine, nous avons tous atteint les limites humaines. En ce moment, nous sommes tous en train de flirter avec les limites du corps humain.
Ce qui fera la différence, c’est ce qui est dans ta tête. Parce que le jour J, c’est comme si tu te bats avec quelqu’un, et que tu sais que tu vas gagner, tu es moins stressé. La personne qui sait qu’elle va perdre est plus stressée. Effectivement, la personne moins stressée bat la personne plus stressée.
C’est comme une bagarre entre plusieurs lions, ils sont tous très forts, le lion qui ose tourner le dos c’est lui qu’ils mangent en premier. Ce qui fait la différence c’est le mental. A quel point tu as envie de devenir champion du monde. Est-ce que tu vas lâcher parce que le gars te dépasse d’un cm.
A notre niveau, c’est un cm qui fait, c’est 2 cm qui font la différence, ce n’est pas un mètre. On est tous au même niveau physique. Mentalement, nous ferons la différence entre nous. Et moi j’avais envie de devenir champion du monde cette année et je le suis.
Libreinfo.net : vous êtes une légende aujourd’hui en matière d’athlétisme au Burkina, quel message à l’endroit de la jeunesse du Burkina Faso ?
Hugues Fabrice Zango : la jeunesse du Burkina Faso est une jeunesse forte parce que , en 2015- 2016, j’ai passé mes premières olympiades. J’ai été éliminé au premier tour.
Lorsque j’ai vu les messages sur la toile, on nous a « allumé », comment pouvez-vous envoyer des gens qui ne peuvent pas représenter le Burkina Faso. On dit qu’on ne va jamais avoir de médaille.
J’avais fait les captures de tout cela, j’avais dit qu’à la prochaine olympique, nous aurons une médaille, cela est une promesse. Justement j’ai dû aller vers des conditions plus favorables pour me préparer.
Il faut savoir que l’ancienne jeunesse, c’est cela. Ils vont dire que ce n’est pas possible, pourquoi vous faites ce qui n’est possible etc. Aujourd’hui ce que j’ai pu réaliser depuis 2019, si on demande à un athlète ou à un sportif burkinabè de ce qu’il veut, tout le monde rêve du plus haut sommet.
Quand vous demandez à un athlète burkinabè de dire ce qu’il veut réellement, il va dire qu’il veut une médaille olympique, pour eux la logique.
Donc, la jeunesse de maintenant est plus forte mentalement, elle a déjà accepté un tel rêve comme une normalité.
Maintenant le message que je vais passer à la jeunesse est que ce rêve étant une normalité, l’objectif c’est de normaliser l’exploit. Le fait de devenir un champion olympique fait que la jeunesse d’après dit c’est normal de le faire.
Le message maintenant, c’est qu’il faut se bouger, c’est très bien de se dire que c’est normal ou c’est facile de devenir le champion olympique, mais il faut se bouger pour le devenir. Ce n’est pas si simple que ça, il y a énormément d’étapes à franchir.
La plus grande était de pouvoir rêver que c’était possible, alors en ce moment vous avez déjà la base. Moi, j’ai envie de dire à la jeunesse bougez-vous, parce que si vous rêvez et vous ne bougez pas vous devenez dangereux, si vous rêvez de devenir riche et que vous ne bougez pas vous devenez dangereux pour notre société parce que vous allez vous adonner à des solutions de facilités, à des malversations.
Travaillez pour réaliser vos rêves parce que vous savez maintenant que vos rêves sont possibles avec du travail, ne prenez pas de raccourcis.
Libreinfo.net : les jeux olympiques, c’est votre dernière, est-ce qu’on peut savoir ce que Hugues Fabrice Zango a en perspective ?
Hugues Fabrice Zango : j’aime dire que je suis un fin planificateur. Je n’ai pas dit j’arrête automatiquement après les olympiades, j’ai dit que ce sont mes dernières olympiades, cela veut dire que je vais continuer jusqu’en 2028.
Entre les jeux olympiques ou peut-être une année où deux dernières, je vais certainement pouvoir préparer ma retraite.
Mais j’ai déjà en perspective dans 5 ans, j’espère soumettre certains projets au président pour pouvoir développer certaines choses au Burkina Faso en matière de sport.
Parce que je veux laisser un héritage, et cet héritage je ne veux pas qu’il s’évanouit. C’est bien de laisser l’héritage mental.
Il faut aussi dire que je voudrais rassembler beaucoup de personnes autour du sport c’est-à-dire de financer notamment, d’aider la nouvelle génération à avoir plus de conditions. Que ce soit en infrastructures, que ce soit au niveau de l’encadrement, il faut quand même aider la nouvelle génération à pouvoir imputer un nouvel élan au sport, parce que nous on veut le renouveau du sport au Burkina Faso.
Je me veux révolutionnaire au niveau du sport. Parce qu’il n’y a pas mal de choses à revoir dans le sport burkinabè et j’espère pouvoir aider.
Libreinfo.net : vous-voulez parler de la construction d’un centre ?
Hugues Fabrice Zango: Non, pas spécifiquement un centre, mais un complexe , plein de trucs et projets sont en tête. Et j’ai déjà pas mal de soutien à ce niveau.
On espère que les hautes autorités politiques nous accorderont des avances pour faciliter justement la réalisation de certains de ces projets.
Libreinfo.net : est-ce qu’il y a un point sur lequel vous souhaitez revenir ?
Hugues Fabrice Zango: Non pas spécifiquement, à part de dire à la jeunesse de bouger parce que celui qui rate le train d’aujourd’hui ne le rattrapera plus.
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