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Il faut craindre pour l’après Covid-19 au Burkina !

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Le Burkina Faso va certainement vaincre la pandémie du Covid-19. Mais le parcours pour cette victoire aura été marqué par trop d’hésitations, de tâtonnements, de contradictions inutiles, de mécontentements à plusieurs niveaux. Ce sont autant de défaillances qui font craindre pour l’après Covid-19 dans notre pays.

Par la Rédaction

L’apparition des premiers cas de Covid-19 au Burkina Faso a révélé que ni notre système de santé, ni notre gouvernement, n’était prêt à riposter efficacement comme on aurait pu s’attendre, étant donné que ce qui était à l’origine qualifié de ‘’virus chinois’’ a fait parler de lui durant plus de trois mois avant de se signaler chez nous.

L’on se rappelle qu’après l’annonce des premiers cas le 9 mars, la ministre de la Santé, Pr Claudine Lougué a occupé l’espace médiatique tant pour galvaniser les personnels de santé, en particulier ceux du centre hospitalier de Tengandogo qui a accueilli ces premiers cas, que pour inviter les populations à ne pas paniquer mais à respecter surtout les mesures d’hygiène édictées. Toutefois, cette présence en singleton sur l’espace public fera très vite place à la mise en retrait de Mme la ministre, sur fond de sorties de piste constatées notamment à propos de Chinois accusés d’être atteints par le Covid-19.

A ce moment déjà, le chef du gouvernement, Christophe Dabiré, avait disparu des radars, et se rend jusque-là invisible. Néanmoins, le discours des gouvernants sera porté notamment par le ministre Porte-parole du gouvernement, le ministre en charge de la Recherche scientifique, et le Coordonnateur national de la riposte au Covid-19. Ils seront ensuite rejoints par la ministre de la Santé ‘’ressuscité’’ qui annoncera, à la suite de son collègue Pr Alkassoum Maïga en charge de la recherche scientifique annonciateur de deux essais cliniques axés sur la chloroquine et sur l’apivirine (pharmacopée d’origine béninoise), que le gouvernement du Burkina Faso a opté de prendre en charge les malades du Covid-19 avec de la chloroquine et de l’apivirine. Mais ils seront réduits au silence lorsque le Coordonnateur national de la riposte, le Pr Martial Ouédraogo, a récusé l’option pour l’apivirine, sans pour autant convaincre sur la regrettable progression presque quotidienne du nombre de décès parmi ses patients.

Les contradictions au sein de l’équipe de gestion (gouvernement et coordination de la riposte) s’affichaient davantage déroutantes, ou à tout le moins défavorables à l’instauration de la confiance que les populations devraient avoir de cette équipe. En tout cas, le gouvernement a manqué non seulement d’afficher sa dynamique de collégialité constructive entre ses membres, mais aussi de faire preuve de cohérence et d’assurance dans sa communication concernant la pandémie. Quelles conséquences pourraient en découler après le Covid-19 ? Attendons de voir…

Les partis politiques gardent leurs distances de divergence

De leur côté, les partis et formations politique de l’opposition semblaient se plaire à tenir le parti majoritaire (pratiquement entré en clandestinité) et son gouvernement pour seuls responsables de la gestion inquiétante de cette pandémie qui ne fait que gagner du terrain.  Et jusqu’à ce jour, la classe politique manque de s’unir véritablement pour combattre le Covid-19. Le constat peu intéressant qui se fait, c’est que des partis et formations politiques extériorisent leur sensibilité envers le peuple soit de façon isolée, soit de façon clanique ; chacun d’eux gardant apparemment sa distance de divergence d’avec les autres selon qu’il est de la majorité ou de l’opposition politique.

Or, leur convergence de vue et d’action face au Covid-19 aurait pu, non seulement mieux freiner la propagation de la pandémie, mais aussi servir de terreau fertile aux nécessaires concertations pour les prochaines consultations électorales. Malheureusement, chaque camp semble vouloir rester sur son pied de guerre jusque dans l’après Covid-19. Ce qui pourrait, au-delà d’eux-mêmes, entretenir les germes de la division entre Burkinabè après la victoire certaine sur la pandémie.

Avec le monde syndical, de multiples inconnues…

Un autre facteur de crainte pour l’après Covid-19 se rapporte à la passe d’armes entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire. Sur ce point, la sortie du Conseil supérieur de la magistrature en réaction à des propos tenus par le porte-parole du gouvernement et le recadrage après coup administré par l’intersyndical des magistrats au ministre de la justice relativement à la grâce présidentielle accordée à 1207 pensionnaires d’établissements pénitentiaires inquiètent. Il est à souhaiter qu’après le Covid-19, les envies et inspirations de contradiction entre ces personnalités et structures ne conduisent pas à une crise institutionnelle entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire.

Ce qui est malheureusement assez probable, c’est la redynamisation du bras-de-fer entre le gouvernement et le monde syndical. Du reste, les positions divergentes concernant notamment la ponction de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des agents de l’Etat sur fond de « coupures sauvages » ou de « suspensions illégales » de salaires restent tranchées. Qu’adviendra-t-il après le Covid-19 qui semble avoir freiné l’élan des syndicats dans l’exigence de satisfaction de leurs plateformes revendicatives ? De multiples inconnues sur lesquelles les jours et mois à venir nous situeront certainement. Mais l’on peut déjà craindre – à tout le moins – la paralysie de l’administration publique, une fois la page du Covid-19 tournée.

Difficilement prévisibles aussi quant à leurs exigences, sont les acteurs économiques, en particulier ceux du secteur informels qui semblent déjà avoir gros sur le cœur suite à la fermeture des marchés. Quoiqu’il en soit, il faudra trouver les voies et moyens pour relancer l’économie de sorte à favoriser l’instauration d’une bonne santé financière du Burkina sorti du Covid-19.

En attendant, il faut contrer la propagation de la pandémie

Gageons que le Burkina Faso survivra à toutes ces craintes. Pour l’heure, les mobilisations individuelles, collectives et institutionnelles s’affichent à travers des apports matériels, financiers et intellectuels en vue de contribuer à juguler la pandémie. Dans cette dynamique, le Centre d’Excellence en Pratique Statistique et Informatique (CEPSI) a, aux termes de sondages, produit un rapport à travers lequel il recommande à l’Etat de : « – Privilégier la sensibilisation de proximité par le recours à des crieurs publics dans les quartiers : ces crieurs pourraient intervenir pendant le couvre-feu sous escorte des forces de sécurité intérieur pour passer le message dans les quartiers. Cette mission pourrait être aussi confiée aux forces de sécurité intérieure qui seraient dotées de mégaphones pour la circonstance ;

– Enclencher un processus de déconcentration du CORUS (Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires, Ndlr) au niveau arrondissement au moins pour permettre un dépistage rapide et une meilleure prise en charge au besoin. Les personnes présentant des symptômes de la maladie pourraient s’y rendre d’abord ».

www.libreinfo.net

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