Le gros panache de fumée qui a envahi une partie du ciel de la capitale burkinabè, Ouagadougou, dans la matinée de ce dimanche 29 janvier 2023, ne laissait rien présager de bon : le temps n’est pas à la pluie ; très vite, la nouvelle, telle une trainée de poudre a fait le tour de la ville : Un incendie s’est déclenché au marché populaire dénommé « Sankar Yaaré » !
Les premières images de la catastrophe sont effroyables. Des dizaines de cantines consumées, des magasins éventrés, des tôles de toitures tordues, rendues méconnaissables par la violence des flammes… ; et des dizaines, des centaines de commerçants dans le désarroi qui ne savent pas à quel saint se vouer.
Le bilan officiel, au lendemain du sinistre, n’est pas encore disponible. Mais, on l’imagine, les dégâts de ce genre de drame se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions de F. CFA de pertes.
De l’aveu de certains commerçants, l’incendie serait parti de quelques stocks de produits explosifs imprudemment entreposés quelque part dans des boutiques du marché. Simplement impensable !
Ce sinistre, hélas ! n’est pas sans rappeler la déflagration du 15 janvier 2019 dans un dépôt illégal de produits explosifs au quartier Laarlé de Ouagadougou, puis l’incendie du marché central « Rood Woko » du 27 mai 2003.
Le premier sinistre avait causé des pertes en vies humaines, 38 blessés et des dégâts matériels importants ; jusqu’à présent, certaines concessions du quartier Laarlé portent toujours les stigmates du drame.
Le second, lui, avait entrainé la faillite sans rémission de nombreux commerçants dont certains, à ce jour, pour avoir tout perdu, demeurent ruinés, sans le sou.
Et on avait pensé, on avait dit à l’époque : « Plus jamais ça ! » Mais voilà ! les mauvaises habitudes ont la peau dure ; et, on est bien peiné de le dire, la cupidité aussi ; certaines personnes, décidément âpres au gain, poussent volontiers le cynisme jusqu’à exposer la vie d’autrui dans le seul but de se remplir les poches d’espèces sonnantes et trébuchantes ; peu importe le prix à payer, pourvu que l’on se fasse de l’argent ; pour la morale, l’altruisme et l’esprit citoyen, on repassera !
Car, enfin, que font des dépôts d’explosifs dans un marché ? Voici du matériel hautement sensible, qui exige beaucoup de précautions dans la manipulation, même par des experts, et qui se retrouve dans un marché fréquenté par des milliers de personnes déambulant à proximité d’engins de mort.
Comment peut-on pousser la vénalité, la cupidité au point d’exposer à la mort si allègrement des centaines de personnes ? Car ici, il est difficile de parler d’ignorance.
Personne ne vous croira ; de toute évidence, les commerçants qui se risquent à de tels comportements savent parfaitement ce qu’ils font ; et leur motivation aussi est connue de tous : se faire des sous à tout prix ; la fin justifie les moyens, sans doute, pensent-ils. Mais ici, la finalité poursuivie n’a-t-elle pas débouché dans l’horreur !
Dans ce nouveau drame, combien auront perdu argent, commerce, entrepôts ? Combien de commerçants verront l’œuvre de toute une vie réduite en cendres ? Combien d’entre eux auront la capacité financière en réserve ou le capital psychologique suffisant pour se relever ?
Le sinistre survenu dans ce marché, risque de provoquer bien d’autres drames dans des familles ! Et c’est simplement déplorable.
Et c’est bien la raison pour laquelle, on l’espère, une enquête minutieuse devra être diligentée, les coupables de ce sinistre démasqués et des sanctions à la hauteur du forfait résolument infligées.
Les honnêtes citoyens n’ont pas à subir les conséquences des drames que causent la vénalité, la cupidité et l’âpreté au gain d’autres citoyens qui ne reculent devant aucun moyen pour se remplir les poches.
Et croisons les doigts pour que ce drame soit vraiment, enfin, le dernier du genre !
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