Me Titinga Frédéric Pacéré sera inhumé ce 14 novembre 2024, à Manéga dans la commune de Ourgou-Manéga (province de l’Oubritenga), à environ 50 kilomètres de Ouagadougou. Et ce, dans le strict respect des us et coutumes traditionnels.
Par Nicolas Bazié
Me Pacéré, Naaba Panantougri (l’aigle huppé) va rejoindre sa dernière demeure en toute intimité, à Manéga, dont il est le chef. Il sera inhumé par les Yônyônsé, les seuls habilités à le faire.
Mais qu’est-ce qui se passe quand un chef coutumier comme Me Pacéré décède ? Plusieurs procédures dues au statut de chef sont à suivre. Elles sont strictes. L’ancien ministre des Ressources animales, Jérémie Ouédraogo, qui représente la famille du défunt, donne des détails sur ces procédures coutumières.
« Comme on le dit habituellement, le roi est mort, vive le roi», a, d’emblée, fait remarquer M.Ouédraogo qui indique que c’est pour que le royaume continue d’être administré, parce que cette tâche ne doit jamais s’arrêter.
Avant l’inhumation à proprement dite, le roi est recouvert de tous ses attributs royaux. Et devant la dépouille mortelle, dans l’antichambre principale, tous ses ministres se mettent autour de lui pour le dernier conseil des ministres.
Ce 14 novembre, effectivement, Me Pacéré, même couché, immobile, a reçu toutes les sommités dans l’antichambre.
Selon Jérémie Ouédraogo, il s’agit de décider comment on doit assurer l’intérim. Il poursuit qu’il y a tous les rites traditionnels qui accompagnent le départ du défunt, afin qu’il puisse effectivement rencontrer son père et son grand-père qui, à leur tour, vont l’accueillir dans la grande famille et « l’étape ultime, c’est qu’il puisse être accompagné vers Dieu».
Après cette étape, le corps du chef est mis en terre. « C’est seulement après cela que nous pourrons avoir accès à sa dernière demeure».
La dernière volonté de Me Pacéré
Avant son décès, Me Titinga Pacéré avait tout prévu. À en croire Jérémie Ouédraogo, l’avocat avait déjà choisi là où il veut reposer, en élaborant déjà les plans de ce qui pourrait constituer son mausolée.
« Cela a été fait pour traduire également l’appartenance de cet homme-là, non pas seulement à Manéga, ou à l’Oubritenga, ou au grand Zitenga, mais à l’ensemble du Burkina Faso, à l’ensemble de l’Afrique, pour ne pas dire que c’est un citoyen du monde», fait-il savoir.
« Donc, il ne reposera pas dans le cimetière des rois, mais à un endroit choisi par lui-même, afin qu’on puisse continuer de permettre l’accès à l’ensemble des citoyens du monde, pour que même de l’autre côté, il continue de partager, d’aider, d’éduquer et de contribuer au développement socio-culturel et à la valorisation de la culture africaine», ajoute le représentant de la famille du défunt.
Qui pour succéder à Me Pacéré, Naaba Panantougri, le défunt chef de Manega ? Pour l’ancien ministre Ouédraogo, il revient au Naaba Saaga de Zitenga d’en décider. C’est lui seul qui nomme les chefs coutumiers de Manéga, conclut-il.