Trois présidents et deux Premiers ministres se sont retrouvés, le 22 novembre 2022 dans la capitale ghanéenne pour le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Initiative d’Accra. Un délai d’un mois a été donné pour rendre opérationnelle cette force conjointe en vue d’endiguer les menaces terroristes. Avec la participation effective des pays côtiers ouest-africains, eux aussi dans le viseur des groupes armés terroristes, la réussite de cette initiative est envisageable.
Par Daouda Kiekieta
La multiplication des attaques terroristes dans les pays sahéliens menacent désormais les pays côtiers, considérés, auparavant, comme des territoires en sécurité. Ce n’est donc pas de gaîté de cœur que l’Initiative d’Accra a vu le jour en 2017 et que son opérationnalisation a été annoncée cinq ans après, le 22 novembre 2022 dernier.
L’initiative d’Accra repose principalement sur trois axes. Le premier axe est le partage d’informations et de renseignements. Le second axe porte sur la formation du personnel de sécurité et de renseignement et, enfin, le troisième et dernier axe concerne la conduite d’opérations militaires conjointes transfrontalières.
L’unité des pays ouest-africains autour des enjeux sécuritaires du moment a toujours été prônée par les dirigeants mais est restée un vœu pieux pour les populations.
Celles-ci restent d’ailleurs les plus touchées par l’insécurité. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. En prenant conscience qu’aucun pays n’est en sécurité tant que son voisin est menacé, les pays côtiers ont franchi un grand pas vers une sortie de crise.
La porosité des frontières entre ces pays n’est-t-elle pas l’une des raisons de l’expansion du terrorisme et des criminalités transfrontalières dans la région ?
L’autre chance de réussite de cette force conjointe réside dans son premier axe qui consiste à faire du partage d’informations et de renseignements la base de ses actions.
Nombreux sont les pays, confrontés à ce fléau, qui ont omis ou relégué au second plan, ce pan important de la lutte anti-terroriste. Un problème bien posé est déjà à moitié résolu, disait Albert Einstein.
Avoir une supériorité logistique sur l’ennemi sans un secteur de renseignement bien efficace ne peut pas garantir une victoire durable. C’est l’exemple de l’armée américaine qui a enregistré une défaite historique face aux Vietnamiens, moins armés, pendant la guerre d’Indochine (1963-1975).
Même si la mobilisation des ressources financières pour l’opérationnalisation des actions reste une équation non résolue, cette initiative d’Accra peut se targuer de n’avoir pas été créée sous l’impulsion des puissances étrangères.
Celles-ci sont d’ailleurs largement décriées aujourd’hui par les populations de plusieurs pays d’Afrique. L’Initiative d’Accra doit donc sauvegarder son autonomie de départ si elle veut garantir sa réussite effective et surtout si elle ne veut pas subir le sort du G5 Sahel, aujourd’hui en agonie, et la force Barkhane, enterrée il y a quelques jours.
L’Initiative a aussi une chance de réussite, celle d’avoir l’approbation et le soutien affiché de deux grandes puissances militaires d’Afrique, à savoir l’Algérie et le Nigéria.
La première est expérimentée en matière de lutte anti-terroriste puisqu’elle s’est débattue pratiquement seule pendant plusieurs décennies pour se défaire des griffes du terrorisme.
La seconde, le Nigéria, a contraint plusieurs milliers de combattants de Boko Haram à déposer les armes. Elle est la quatrième puissance militaire du continent africain derrière l’Algérie. C’est donc un véritable partage d’expériences qui s’annonce pour peu que l’Initiative d’Accra s’en inspire pour la paix et la stabilité dans la sous-région.