La dernière embuscade terroriste à Toéni dans la province du Sourou, a mis au pas de course les autorités burkinabè (conseil de défense extraordinaire, conseil de ministre extraordinaire) et plongé toute la nation dans une consternation totale. On a beau crié haut et fort qu’il ne faut jamais donner raison aux terroristes mais quand vient le drame, la douleur est très grande et manifestement insupportable. C’est encore une douche froide qui a été donnée au burkinabè depuis le 27 décembre, mettant le pays tout entier dans un climat morose et obligeant les populations à passer des fêtes de fin d’année sans ramadam. Acceptons une chose, ces terroristes ont frappé là ou ça fait très mal, malheureusement nous nous plions devant leurs exigences.
Pour notre part, la mairie de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso ne devraient pas annuler les festivités du réveillon créant de plus, une atmosphère très lourde à supporter et donnant du même coup, une victoire à ces gens. Dans tous les cas, le mal du terrorisme au Burkina ne peut être résolu seulement militairement.
D’abord, il y’a un sérieux problème de gouvernance. Il faut un gouvernement teigneux, qui a une force de proposition et des officiers de terrain et non administratifs en phase avec le type de combat qu’il faut contre ce mal. Malheureusement, nous avons un gouvernement qui est même aux antipodes de la communication de crise. C’est un gouvernement qui, à peine, arrive à organiser ne serait-ce qu’une bonne communication de crise. La dernière embuscade montre à souhait que la communication est quasiment inexistante. Au lendemain de l’attaque jusqu’à ce jour aucun ministre n’a montré une véritable attitude d’un gouvernement prêt à en découdre.
Le problème de l’armée burkinabè est le suivant : les pratiques des terroristes au nord et à l’est se répètent à l’ouest, elles sont similaires. C’est à croire que nous ne tirons pas leçon de nos erreurs. Quelque soit le matériels ou la stratégie on doit être toujours vigilants mais aussi et surtout communiquer. Il est évident que le revers subi aujourd’hui n’est pas seulement lié à l’équipement mais aussi à un véritable problème de communication. C’est aussi l’un des maillons faibles de la chaîne, la communication entre les corps.
Enfin, le commandement doit être confié à une autre génération de soldats sinon, on assistera toujours à un conflit de génération dans une armée qui est déjà en mal.L’autre maillon faible dans la lutte contre le terrorisme c’est la justice.
On a l’impression qu’elle n’est pas essentielle et pourtant ! Jusqu’à ce jour aucune attaque terroriste au Burkina n’a été élucidée. Les enquêtes n’ont jamais abouti ou du moins sont toujours en cours alors que c’est un secret de polichinelle, des burkinabè jouent souvent dans des rôles de premiers plans. Il faut bien situer les responsabilités. Nous avons besoins de savoir quel est le degré d’implication de ces burkinabè qui ont choisi de s’attaquer à leur propre patrie ? Cela pourrait permettre de balayer la maison avant de mieux s’attaquer aux ennemies de dehors. Il faut se servir de tous les moyens, la tuerie des soldats américains au Niger (octobre 2017 dans la zone de Tongo Tongo) a vite été élucidée par la justice américaine, les causes sont connues : l’arrogance et la culture de prise de risque excessive du sous commandement, les entrainements insuffisants et des procédures militaires bafouées. La faiblesse du renseignement américain qui estimait peu probable la possibilité d’une présence ennemie dans la zone. Voilà des informations qui peuvent parfois permettre de rectifier le tir du coté de nos hommes. Ces informations nous renseignent sur les failles qui peuvent exister dans notre armée déployée sur le terrain au lieu de voir les choses chaque fois du côté de l’ennemie.
