Le Burkina Faso commémore le 31 octobre 2021, le septième anniversaire de l’insurrection populaire, survenue les 30 et 31 octobre 2014. Un évènement qui a causé le départ du président Blaise Compaoré du pouvoir. 24 personnes avaient perdu la vie et 625 autres blessés selon une enquête commanditée par l’ex-premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida. A l’occasion de ce 7e anniversaire, les blessés se sentent toujours délaissés. « Nous sommes oubliés au fur et à mesure que le temps passe », confie à Libreinfo.net, Serge Bayala.
Par Rama Diallo, stagiaire
Les dates de 30 et 31 octobre 2014, ont marqué le Burkina Faso. Le peuple burkinabè a chassé l’ex-président Blaise Compaoré et son gouvernement. 7 ans après les événements, les blessés se sentent oubliés par la société, plus particulièrement les autorités qui jouissent plus de cette lutte.
Serge Bayala, blessé, pense qu’au fur et à mesure que les années passent, l’indignation qu’avaient les Burkinabè à causes des événements du 30 et 31 octobre 2014, a baissée. « Aujourd’hui, je dirai qu’elle a complétement disparu ! On entend même plus aucune voix, aucune opinion s’interroger par rapport à ceux qui ont payé le plus lourd tribut de cette libération nationale. Ni les syndicats, ni la société civile, ni les chefs religieux et coutumiers, ne s’interrogent. L’Etat ne fait que se réjouir des postes que chacun a pu se tailler », s’indigne le jeune leader de la société civile.
Pour lui, le sort des blessés ne fait plus partie des préoccupations et cela est malheureux. Aujourd’hui, constate-t-il, les martyrs de l’insurrection et les blessés du coup d’État, deviennent les oubliés de ces deux grands événements qui ont rendu possible une autre ère au Burkina Faso.
La CEDEAO avait apporté un soutien financier pour soutenir les blessés. Serge Bayala explique que « cet argent au premier moment, le ministère de l’action humanitaire, l’avait systématiquement réorienté en le faisant un fond du ministère. »
Il a fallu que des voix se lèvent dit-il, pour qu’on sorte une partie de cet argent. « À l’époque, ils avaient remis un montant de quatre cent mille (400 000 f cfa) à chaque blessé. Et ils ont dit que dans le cadre global de dédommagement, le reste de la somme allait être utilisé. » Mais jusqu’aujourd’hui, déplore le jeune leader, « absolument rien n’a été entrepris ».
Et il interprète cela « comme une sorte d’assistance pitié. Je dis assistance pitié, parce que chaque six mois, ou bien deux fois dans l’année, vous pouvez recevoir des appels des associations où on vous remet un sac de riz de 25 kg et 10 000 FCFA ».
Bayala rappelle que le dédommagement concerne les blessés de l’insurrection et du coup d’État du 16 septembre 2015. Officiellement, indique-t-il, aucun dédommagement n’a encore eu lieu. « Il y a le dossier que le Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRUN) a préparé et qui a été soumis au gouvernement et au ministère de la réconciliation nationale. »
Pour participer au processus de réconciliation nationale annoncé par le ministère de tutelle, les blessés des deux évènements ont posé comme préalable, « que l’État puisse dédommager les victimes de l’insurrection. C’est l’une des conditions qui a avait été formulée et qui a été remise à M. Zéphirin Diabré (ministre de la réconciliation nationale ndlr)», articule Serge Bayala.
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