Après l’Insurrection populaire d’octobre 2014, 106 travailleurs de l’hôtel Azalai Indépendance ont été licenciés. Des licenciés qui, quatre ans après, ne retrouvent toujours pas leurs repères. Si certains se sont reconvertis dans des secteurs d’activité, d’autres par contre n’ont pas encore fini de traverser ces difficiles moments de leurs vies. Dénonçant un licenciement abusif, ils ont décidé d’entreprendre une action judiciaire pour « licenciement abusif ».
La quarantaine bien sonné et du haut de son mètre soixante-cinq environ Noel Tapsoba ne savait pas que l’année 2014 serait un tournant décisif et malheureux dans sa vie. Cette année-là, il travaillait encore à l’hôtel Azalai Indépendance lorsque l’insurrection populaire a emporté avec elle l’intégrité physique de l’entreprise hôtelière. Dès lors, l’employeur se débarrasse de 106 travailleurs, « un licenciement abusif », laisse-t-il entendre. Et dès que le licenciement est constaté, ces employés approchent les autorités de la Transition qui, s’engagent à intervenir. Mais aucune démarche n’est entreprise justement pour trouver une solution à leur problème « si ce ne sont des vivres que nous avons reçu en son temps », indique M. Tapsoba. A l’arrivée au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, des démarches sont également entreprises auprès de plusieurs ministères sans qu’aucune solution ne leur soit proposée. « Les autorités nous ont laissé à nous-même et beaucoup d’entre nous sont en train de vivre des vies misérables. Parmi nous, la majorité n’a pas pu avoir d’autres emplois. Nombreux sont ceux qui ont été abandonnés. Et nous déplorons malheureusement un décès parmi nous », explique l’ex travailleur. Au cours de ces quatre années, une quinzaine de personnes sont redéployées dans la sous-région pour servir, l’hôtel Indépendance étant une chaîne sous régionale. Mais au dire de Noel Tapsoba, tous ou presque sont revenus au pays après quelques temps. « La majorité a démissionné et puis revenir parce que c’était insupportable. Leurs conditions de vie étaient misérables », indique-t-il.
Une procédure judiciaire en cours
Les ex-travailleurs de Azalai hôtel ont-ils été oubliés ? En tout cas ils crient au licenciement abusif. Pour se faire entendre, ils se sont regroupés au sein d’une sorte d’association et une plainte pour « licenciement abusif » a été déposée « contre l’employeur ». Ils réclament un dédommagement car même si leurs droits ont été payés au licenciement, ils estiment que la procédure n’a pas été respectée. « Nous parlons de licenciement abusif parce que la procédure n’a pas été respectée. Il n’y a pas eu de consensus. En plus, l’inspection (du travail, NDLR) n’a pas validé le licenciement. Nous considérons donc que ce n’est pas normal », explique M. Tapsoba.
Il n’y aurait pas de perspective de réembauche même après la rénovation de l’hôtel, entamée depuis plusieurs mois déjà et c’est le « cas – malheur ». « Nous n’avons pas été approchés pour la pause de la première pierre (de la rénovation, NDLR). Personne ne nous a approché pour quoi que ce soit ou pour une quelconque réembauche. Ils nous ont totalement abandonnés. Autant l’Etat que l’employeur », explique l’ex-travailleur.
Aujourd’hui, Noel Tapsoba s’est trouvé un autre emploi mais non sans avoir été au chômage pendant trois ans. Il dit avoir pour regret le fait que plusieurs dizaines de ses ex collègues n’ont pas eu autant de chance que lui. Ceux-ci traversent encore des conditions difficiles de vies, assure-t-il.
Martin Kaba
Libre Info