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[Interview]Situation sécuritaire au Burkina: »le temps de la guerre est le temps de la survie collective » Kalifara Sere

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Le Burkina Faso avance progressivement vers les échéances électorales du 22 novembre 2020,ce qui signifie également que le mandat du Président Kabore tire inexorablement vers sa fin. Cependant,de nombreux défis font toujours l’actualité: de la lutte contre le terrorisme à l’organisation des élections en passant par l’actualité au Mali,le chroniqueur de Libreinfo.net Kalifara Sere passe au peigne fin la situation dans un entretien. Décryptage de cet administrateur civil.

Propos recueillis par Albert Nagreogo

entretien réalisé par mail

Libreinfo.net : Lors d’une de vos précédentes interviews, vous avez sonné l’alarme quant à l’extension territoriale du terrorisme avec notamment l’image de l’arc en fer à cheval. Vous semblez au moins partiellement avoir été entendu puisque le Burkina conduit actuellement une opération militaire conjointe avec la Côte d’Ivoire. Nous venons du reste d’apprendre qu’une attaque terroriste vient d’être perpétrée à Kafolo en territoire ivoirien. Quel commentaire sur l’évolution de la situation ?

Kalifara Sere: Je vais vous surprendre en vous disant que loin de me satisfaire, l’opération conjointe m’a stupéfait. J’ignore le pays qui a engagé l’initiative de  cette coopération de terrain (à priori louable), mais je reste convaincu qu’elle recèle un marché de dupes. Et l’Armée burkinabé semble avoir été en l’occurrence la partie menée en bateau.

Une opération militaire conjointe pré suppose une convergence de vues sur les objectifs, les cibles, les terrains d’actions  et les modes d’opérations. A l’évidence, ivoiriens et burkinabé regardaient dans des directions différentes et chacune des Armées poursuivait des types de terroristes différents.

Pour l’Armée burkinabé, la présence de cellules terroristes sur diverses parties des territoires des Hauts Bassins, des Cascades et du Sud-Ouest devenait de plus en plus incommode non seulement pour les populations, mais pour la poursuite des opérations de résistance aux graves poussées  à l’est et au nord-ouest (Boucle du Mouhoun). Participer à réduire les poches naissantes de menaces terroristes permettrait à l’Armée de contenir l’étirement continuel de la ligne de front et se donner les moyens d’une réorganisation stratégique et tactique. Dans l’acception burkinabé, les nouveaux noyaux terroristes sont des excroissances du Front de Libération du Macina. En effet, sur la base de son habituelle plateforme de recrutement et d’expansion territoriale, Amadou KOUFA implante ses succursales par strates géographiques (par assise communale ou inter communale) avec des animateurs locaux recrutés parmi le anciens talibés ayant fait leurs classes dans l’espace concerné et sous l’encadrement militaro théologique d’anciens étudiants du YEMEN, du KOWEIT ou du QATAR….

L’Armée ivoirienne est en proie à des crises protéiformes qui perturbent sa lucidité et sa perception des menaces. Sous l’instigation des autorités politiques qui assurent son commandement supérieur, elle croit que se développe à ses frontières nord une conjonction de déstabilisation impliquant des terroristes soroistes et des terroristes exogènes. Les deux sous-groupes seraient malicieusement agencés pour planifier la mise en place d’un foyer incandescent de rébellion nouveau format.

Ainsi, l’Opération Comoé était vouée à l’échec dans la mesure où l’ennemi supposé commun différait d’un camp à l‘autre. Par une certaine perfidie bien calculée, l‘armée ivoirienne, en associant son homologue burkinabé accroissait son échelle de recherche et de démantèlement de son ennemi spécifique. A contrario, notre armée nationale a brillé par une certaine naïveté dans sa lecture d’une opération conjointe dans un moment de grandes divergences intérieures (à influences extérieures) en Côte d’Ivoire. Notre armée a-t-elle déjà oublié  ses propres turpitudes auprès de ce voisin particulier ? Laissons les ivoiriens à leurs affaires intérieures !

Libreinfo.net : Pouvez-vous expliciter ces divergences et ce que vous appelez « affaires intérieures » ?

Kalifara Sere: Pour édifier les jeunes générations, il convient de rappeler deux personnages particuliers dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Il s’agit de Alassane Dramane Ouattara et de Guillaume Soro. Ces deux hommes qui sont des acteurs décisifs de la guerre civile en Côte d’Ivoire sont deux profils psychologiques diamétralement opposés.

 L’un, Soro est plutôt une personnalité de type histrionique chargé de réponses émotionnelles excessives, en quête permanente d’attention et porté par des pulsions violentes et incontrôlables. Personnage dynamique et flamboyant, son recrutement par la rébellion pour conduire aux destinées du MPCI a marqué le tournant décisif de la lutte pour la conquête du pouvoir. Devenu rapidement le golden boy de la françafrique, il est un habitué des palais présidentiels qui comptent et est cornaqué par Blaise Compaoré (son père spirituel), Omar Bongo, Eyadema et Sassou NGUESSO. Chouchouté par la DGSE (services spéciaux français qui demeurent très majoritairement d’inspiration foccartiste) qui s’est solidement implantée en Côte d’Ivoire via l’ONUCI, Soro remplit à la perfection ses rôles militaire et politique. Devenu immensément riche et politiquement puissant, il ne doute pas un instant être le successeur naturel d’ADO. En 2015, son espoir d’occuper la plus haute charge de l’Etat est contrariée par un second mandat d’ADO. Mais qu’à cela ne tienne, il se convainc qu’à mi-parcours (2017-2018), ADO lui renverrait l’ascenseur. A l’échéance supposée, ADO se lance dans une série de réformes politiques, décide de matérialiser la plateforme RHDP et marginalise progressivement Soro. Il est même défenestré de l’Assemblée Nationale et se retrouve dans la situation que tout le monde connait aujourd’hui.

Aujourd’hui repris de justice, réfugié auprès de ses amis de la DGSE, Soro ravale sa rage à travers des wazous du vendredi et des sermons du dimanche. Mais il ne faut pas s’y tromper ; les hormones de guerre de « l’invincible sénoufo » sont déjà libérées. Pour Soro, ADO est allé trop loin dans l’ingratitude, la perfidie et la trahison. Rien ne peut plus rabibocher les deux hommes (pas même une réconciliation qui ne saurait qu’être de façade). Soro qui n’est pas à l’abri d’un destin à la SAVIMBI, se fera un devoir sacré, quoi qu’il lui advienne à lui, de détruire ADO. Personne ne peut rien faire contre cela ; ni l’armée mexicaine ivoirienne, ni même la force Licorne car après avoir été l’antidote pour ADO SORO se révèlera son poison mortel.

Le second, ADO, pourrait être classé parmi les personnalités narcissiques définis par un comportement grandiose, un besoin d’être admiré et une empathie quasi absolue. ADO est le profil idéal recherché depuis des décennies par la Françafrique. Il est l’Oiseau rare, l’Unique, le Spécial One. ADO n’est pas de la catégorie des officiers d’artillerie de la Françafrique tels que les Sassou ou Compaoré. Il est le Marquis de la Françafrique pressenti depuis belle lurette pour présider aux destinées de la colonie préférée de la France en Afrique. Le Spécial One est vraiment agacé par les ridicules prétentions de Soro. Des marchepieds plus illustres ont été utilisés par ADO dans sa marche glorieuse pour le pouvoir. Qui d’autre qu’ADO peut faire couvrir d’immunité un acte aussi fracassant que les casses de la BCEAO (transformant ainsi tous les citoyens de l’UEMOA en sociétaires de forces nouvelles) ? Qui peut déchiqueter la Constitution de son pays suivant son bon vouloir sans que personne de par le monde ne pousse un cri ? Qui peut se substituer aux chefs d’Etat de la zone UEMOA et subtiliser la souveraineté monétaire de chaque nation de la zone en lançant dans une décontraction parfaite une nouvelle monnaie dénommée  Eco, véritable torpille anti-CEDEAO ?

Je fais ce rappel juste pour que l’on comprenne que les hostilités sont lancées en Côte d’Ivoire. Elles devraient, s’intensifier à l’approche de l’élection présidentielle. Soro disposerait d’un stock d’armements « de survie » impressionnants ; dissimulés suivant la conviction d’ADO et ses ouailles dans la Région du Tchologo (zone des opérations) et peut être même sur les territoires burkinabé limitrophes du Tchologo. Vous comprenez aisément que l’Opération Comoé cache pour le moins beaucoup de subterfuges. Dans cette confusion, certaines informations tendent à confirmer le fait que pendant que les burkinabé s’échinent à poursuivre un ratissage, leurs homologues ghanéens (qui ont bien compris la réalité ivoirienne) se seraient repliés de Wenchi vers Damongho. Il faut noter que depuis l’atterrissage forcé de Soro en territoire ghanéen courant décembre 2019, les autorités ghanéennes ont opté pour une prudente et vigilante observation du voisin ivoirien. Ainsi, il est attesté un vaste déploiement de personnels féminins de l’intelligence ghanéenne. Cette stratégie pourrait inspirer nos propres services de renseignements car la traque aux terroristes sur cette portion des deux territoires ne peut que parasiter une action plus cohérente et efficace  tout le long aussi bien de la Comoé, de la Léraba que des galeries forestières adjacentes à la forêt  de Folonzo.

Les burkinabé ont tant de chats à fouetter qu’ils devraient se contenter cette fois-ci, d’être de simples observateurs de la toute prochaine tragédie ivoirienne.

Libreinfo.net : quelles sont selon vous, les tendances d’évolution de la crise sécuritaire avant les élections. Peut-on entrevoir des perspectives pour le retour de la paix ?

Kalifara Sere: Les tendances sont évidemment incertaines, mais quelques repères peuvent servir d’ancrage à formater non pas un exercice de prédictions, mais une analyse rigoureuse de conjoncture.

J’aurais bien aimé me tromper dans certaines de mes analyses et de mes recoupements. Depuis la bataille de Nassoumbou le 16 décembre 2016 au cours de laquelle nous avons progressivement commencé à perdre pied sur notre propre territoire, la guerre contre les forces ennemies a connu une évolution quasi linéaire avec des jalons toujours immuables : harcèlements de nos troupes par une mobilité ennemie en croissance continue, basculements de théâtres d’opérations… Invariablement, les quatre années se sont déroulées suivant un scénario immuable : variabilité des cibles, extension des méthodes terroristes et mutabilité des prétentions territoriales.

J’entends et je lis quelques analystes plutôt optimistes qui affirment que nos « FDS montent en puissance ! » Comme tous les burkinabé auraient aimé que cela soit vrai ! Mais hélas, ce n’est malheureusement pas le cas (pas pour le moment). La guerre est une affaire trop sérieuse pour s’analyser sous le prisme du sentiment primaire. Notre Armée est trop importante dans la survie de notre Nation pour éviter de l’anesthésier avec des flagorneries et des slogans de mauvais aloi. Cette Armée, en dépit des vicissitudes, est de métier, et ne saurait céder à une quelconque démoralisation par rapport à ses objectifs sacrés.

Ma perception, projection sur le court terme n’incite pas à un optimisme béat. Comme les années écoulées, nous aurons, à partir de la fin juin-début juillet, une relative accalmie des hostilités durant laquelle les terroristes réorganisent leurs plateformes logistiques, réaménagent les planques ou abandonnent celles à forte vulnérabilité etc… Les restrictions de mobilité liées à la saison pluvieuse sont parfois mises à profit par les unités terroristes pour s’incruster dans les communautés, décharger leur libido et faire du recrutement.

Mais il peut toujours poindre à l’horizon quelques motifs d’espoirs. Je voudrais me raccrocher aux choses les plus ténus, les petitement symboliques. Ainsi, contrairement à beaucoup de citoyens burkinabé, moi je n’ai pas boudé la sortie du Président Kabore à Djibo. En dépit des aspects désuets, voire ridicule et électoralistes de cette visite de terrain, je retiens pour ma part que c’est le premier et seul vrai acte de chef suprême des Armées. A Nassoumbou, il était allé en chef croque-mort. A Djibo, même si la forme n’y était pas (j’ai espéré une plus grande vivacité dans la gestuelle vers les militaires), le collectif Chef suprême –Armée a été établi en un lieu géographique. Ces genres de sorties auraient dû avoir lieu régulièrement depuis 2017 et dans toutes les régions et singulièrement celles les plus affligées.

Par ailleurs, le dispositif entier qui a couvert cette visite aurait dû être maintenu au complet (avec tous les officiers) sur place pendant quelques semaines.

En second lieu, la visite du chef de l’État a permis aux populations de se souvenir qu’elles vivent au sein d’un État souverain appelé Burkina. Ce réconfort moral est inestimable et révèlerait  peut être que le chef de l’État est guéri de son immobilisme?

Si cela était avéré, alors, les burkinabé pourraient se rassurer car même en quelques mois, l’on peut réorienter les priorités au strict plan militaire vers :

une implantation d’infrastructures de fortification extra urbaines (exemples : NASSOUMBOU, NADIABONLI, TOENI, FOUTOURI … ;

la mise en chantier d’un vaste programme de construction de routes bitumées pour assurer le transport des hommes et des armes (Kaya-Barsalogho-Aribinda-Djibo; Aribinda-Gorom etc..) ;

la réorganisation totale du territoire militaire avec la création d’états-majors inter armes sur les 3 principaux fronts régionaux et la suppression des obsolètes régions militaires;

la déconcentration accrue des services généraux (intendance militaire, groupement central..) afin d’assurer une proximité et une célérité des prestations à caractère incitatif ;

le rehaussement de la place de l’intelligence et de la contre intelligence burkinabé en amont des commandements tactiques et des unités opérationnelles en  veillant à équilibrer les rapports entre renseignement militaire, renseignement civil et spécifique d’une part et coordination de la communauté nationale d’autre part ; etc.

Enfin, il est douloureux de le dire, mais il convient de faire subir à notre Armée un électrochoc salvateur. Plutôt que d’intensifier les conflits inter générationnels ou inter armes, il conviendrait de décider une sauvegarde des forces armées nationales. J’affirme sans réserve qu’il faudra nous résoudre à ré employer pleinement tous les éléments de l’ex RSP suivant leurs spécialisations respectives. Le regroupement opérationnel de ce régiment sous une nouvelle dénomination quelconques produira certes des étincelles (remettre ensembles DIENDJERE et ZIDA par exemple), mais c’est une option de sauvegarde de la patrie en attendant que s’aguerrissent de nouvelles forces spéciales. Ceux que cette suggestion (qui n’est pas nouvelle à mon sens) ne mesurent pas la portée des périls au sein du territoire. Rappelons que le temps de la guerre est le temps de la survie collective et l’on se souviendra que pendant la seconde guerre mondiale, les commandos les plus efficaces (certaines unités des SAS britanniques notamment) étaient constitués de grands criminels retirés expressément des  pénitenciers.

En tout état de cause, au sortir de la saison de pluies, personne ne peut présager du volume des hostilités et spéculer sur le fait que ces hostilités seront rédhibitoires ou non à la tenue des élections. Il faut cependant garder à l’esprit que plus on s’approche de la deadline du 22 novembre, plus s’amenuisent les formules efficaces de préventions des crises pré ou post électorales. Or, en plus de la guerre s’il se déclenche dans notre pays une crise électorale, alors ce sera l’infarctus de la République.

Libreinfo.net : L’actualité est captivée par les événements qui se déroulent actuellement au Mali avec l’émergence de la coalition M5 sous la houlette de Mahmoud DICKO. Comment décryptez-vous ces contestations sur les plans politique et sécuritaire au Mali et même au Sahel?

Kalifara Sere: C’est vrai que c’est un vent de dégagisme qui souffle sur Bamako et le Mali depuis deux semaines. Si l’on n’y prend garde, ce vent se convertira en ouragan majeur qui emportera tout sur son passage : institutions de la République, souveraineté de l’Etat et bien sur IBK lui-même. Avant de répondre directement à votre préoccupation, il convient de passer en revue de façon concise  le contexte malien. Le Mali a décidé, courant 2017 et compte tenu de l’expansion du terrorisme, d’ajourner par une loi constitutionnelle les élections législatives et de facto, de proroger le mandat de la législature échue. La contestation en cette période portait sur l’impossibilité en temps de guerre et d’atteinte à l’intégrité du territoire de réviser les dispositions constitutionnelles. Par arrêt n° n° 2017-04/CCM du 4 juillet 2017, la Cour Constitutionnelle a établi que l’atteinte à l’intégrité du territoire n’était pas avérée (les arguments juridiques développés sont inouïs !)  et que même l’insécurité n’était pas d’ampleur totale sur le territoire, mais simplement RESIDUELLE. Je vous invite  à lire ce fameux arrêt car il est un chef d’œuvre d’absurdités juridiques qui mérite de figurer dans les annales des africaneries du juge constitutionnel dans nos États. C’est cet arrêt qui a permis à IBK d’organiser l’élection présidentielle (à l’exclusion des législatives) qu’il s’est adjugé dès le premier tour (avec un score honorable y compris dans les zones de Kidal et Aguelhok). C’est cet arrêt aussi qui a permis de proroger par deux fois le mandat des députés. Tout ceci nous concerne intimement car en tant que Etat jumeau du Mali, nous sommes engagés exactement sur la même voie et on  en aura la confirmation dans les prochaines semaines.

Au Mali, IBK a voulu surfer sur sa position avantageuse de Chef d’Etat pour organiser au forceps les législatives dans un tempo qui lui convenait. La suite on la connait. Et le M5 tire sa force et sa légitimité de cette incurie de trop. Ayant perdu sa majorité absolue, la coalition IBK a appelé à la rescousse la fameuse Manassa DANIOKO Présidente de la Cour Constitutionnelle, certainement la femme la plus détestée actuellement au Mali. Cette dame, conceptrice du concept bidon d’insécurité résiduelle, mérite qu’on dise un mot d’elle tant elle incarne la technicité juridique dévoyée et mise au service de l’immoralité politique. Magistrat la plus ancienne et la plus gradée de son pays, ancien Ambassadeur au Canada, Mme DANIOKO a lourdement contribué à falsifier les résultats des législatives.

Pour moi, la coalition M5 est l’émanation du ras le bol malien. Son action ne s’inscrit pas dans une logique rationnelle et elle ne sera pas la solution ni au Mali ni au Sahel. Cependant, comme tout mouvement de vagues impétueuses, rien ne pourra faire obstacle à ses revendications. Pour moi, IBK est déjà parti. Il lui reste éventuellement à s’aménager la sortie la moins calamiteuse possible pour lui-même et ses alliés issus globalement de l’ancienne matrice ADEMA.

La récupération islamiste bien que plausible me semble exclue car le landernau islamiste est plus complexe que l’on ne le croit. Dans les Etats du Sahel, on entend souvent des gens de bonne foi dire « ce sont nos propres frères qui sont les terroristes. Donc voyons avec eux en famille ». Malheureusement, c’est une assertion qui est fausse car si en effet, les saisonniers terroristes sont bien nos enfants et nos frères déboussolés par les modèles de développement et d’intégration dans nos Etats, les décideurs eux sont dans un écosystème plus abstrait, une nébuleuse transnationale qui se fout royalement de l’Etat westphalien (Etat souverain reconnu à l’ONU etc…) et construit méthodiquement un nouvel ordre dans lequel nos Etas actuels seraient extra territorialisés et deviendraient  des parties de provinces (Katiba transnationaux) et nos régions actuelles des formes de cantons de type nouveau. La popularité actuelle de Dicko ne suffit pas à le légitimer auprès des coalitions islamistes. A mon sens, le seul recours pour les maliens sera l’Armée mais un segment de l’Armée qui a su conserver les valeurs de l’Armée malienne. Seul un militaire de forte carrure militaire et sociale, un De Gaulle malien émergeant des tempêtes, pourrait dans un premier temps colmater les brèches de la société politique malienne. Il devrait aussi avoir une aura suffisante à réveiller l’armée moribonde, être capable de se passer de la MINUSMA et de la France, conduire des opérations victorieuses symboliques contre les unités de Al Sahraoui, Kouffa et Ad Ghalli afin d’être assez crédible pour organiser un reflux jihadiste vers l’Algérie et la Lybie.

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