Le 3 février 2022, le chef de l’Etat, Paul-Henri Damiba signait le décret de création d’une commission technique d’élaboration de projet de textes et de l’agenda de la Transition. Depuis la mise en place de cette commission, les citoyens sont invités à faire des propositions. Dans cette tribune envoyée à la rédaction de Libreinfo.net, Ismaël A. Diallo, ancien député et fonctionnaire à la retraite fait des recommandations au chef de l’Etat Paul-Henri Damiba et son entourage.
Lisez l’intégralité de ses recommandations.
Tous nos problèmes sont connus. Il est curieux de voir la Junte chercher à engranger tout ce que pensent tous les Burkinabé. Comme si ses membres viennent d’arriver au Burkina Faso sans y avoir jamais mis les pieds… Qu’a-t-on encore et toujours besoin de réinventer la roue ? Relisons le rapport du collège des sages, ceux du MAEP( le mécanisme africain d’évaluations par les pairs), des commissions entre 2013-17.
Au besoin, demandons aux Radiodiffusions qui animent des émissions interactives de donner un résumé sur une seule page des préoccupations principales des Burkinabé. Ajoutons-y une seule page de présentation des « problèmes » dans chaque région.
Le MPSR se retrouvera avec plus qu’il en a besoin comme informations et plus qu’il peut solutionner, même en dix ans. Par conséquent, parce qu’il a contre lui le diktat régional et international auquel nous ne résisterons pas longtemps, hélas !….contre lui également l’impatience des Burkinabé qui veulent voir rapidement des changements qualitatifs, le MPSR ferait bien d’être plus proactif qu’il paraît jusqu’à présent.
Il devrait sans plus attendre donner des gages d’une rupture d’avec la gouvernance depuis 35 ans. En faisant traiter les dossiers bouclés de délits financiers et économiques, de crimes de sang (autres que politiques pour l’heure, ceux-ci ayant une charge multiforme clivante). Le MPSR pourrait s’employer à extirper les cellules -actives et dormantes- des partis politiques dans l’administration publique.
On ne se contente pas de rappeler dans un communiqué les horaires de travail dans la fonction publique. On énumère les sanctions prévues en cas de manquements et informe les fonctionnaires que des sanctions tomberont à compter de X date. Il faudrait convier les syndicats à porter leurs intérêts moraux au même niveau que leurs intérêts matériels ; ils savent comment faire. Il y a toute une panoplie de mesures urgentes à faire appliquer dès à présent et sur toute l’étendue du territoire, partout où l’administration publique est présente.
Au besoin, il faudrait inviter les fonctionnaires à la retraite à contribuer (sans rémunération) au contrôle des présences et de l’assiduité, ainsi que de l’utilisation des équipements de l’Etat. L’ASCE/LC avait porté à l’attention du gouvernement des suggestions de mesures appropriées pour -entre autres- promouvoir une meilleure gestion des biens de l’Etat et minimiser la corruption. Ces suggestions sont « perdues » au fond des tiroirs. Il faudrait, enfin, réduire le nombre pléthorique de fonctionnaires en commençant par ceux qui ont été recrutés sans le mériter, ceux qui ont passé par la courte échelle, etc.
On rétorquera que la liste est trop longue, que le MPSR ne peut pas faire tout ceci, qu’il n’en aura pas le temps… Très bien ! Alors, faisons comme avant. Laissons l’Etat et ses démembrements s’égailler et d’égarer plus avant. Et attendons un prochain coup d’Etat dans xx semestres ou années.
Le MPSR peut faire tout ce qui est suggéré, et davantage. S’il s’écarte des lieux communs, des sensibilités pesantes. S’il a la force de gouverner dans l’intégrité, dans l’équité. S’il sait se tenir à équidistance de toutes les forces partisanes expertes dans le profit, le clanisme, les passe-droits…
Oui ! Si le MPSR réussi à réduire grandement les attaques terroristes, à sécuriser nos routes, à faciliter le retour de nos déplacés internes il aura déjà répondu positivement à sa raison d’être. Si son programme se réduit à ces objectifs, c’est bien. S’il veut imprimer un souvenir davantage indélébile, il peut réaliser ce qui est suggéré, et plus.
«Nonobstant la suspension du Burkina Faso des instances de la CEDEAO, le Burkina sous le MPSR pourrait être véritablement engageant dans les efforts -réels- d’intégration. Il pourrait approcher des pays voisins pour concrétiser l’intégration par des initiatives tangibles. En 60 ans d’indépendance, nous avons fait moins que le Conseil de l’Entente (années 1960-70).
Combien se rappellent ou savent que ce conseil avait initié la représentation diplomatique commune des 4 États ?. Un seul ambassadeur présente les Lettres de Créance par lesquelles chacun des présidents des 4 pays le nomme. Et les 4 drapeaux étaient hissés à la devanture de la chancellerie. Cette belle initiative qui a commencé par l’ambassadeur des 4 Etats en Israël n’a pas prospéré hélas !…. Et on devine pourquoi.
De même que l’initiative de la libre circulation et résidence des citoyens de chaque Etat dans l’un quelconque des trois autres, avec possibilité de se faire recruter à la Fonction publique. Ce bel exemple d’intégration a également été combattu, notamment en Cote d’Ivoire et en Haute-Volta.