Déplacé depuis trois ans à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou, dans la région de la Boucle du Mouhoun, au Burkina, Jérémie Drabo, originaire de Louta, dans la commune de Toéni, mène diverses activités pour faire face à la crise sécuritaire. Libreinfo.net a rencontré ce jeune aux mille métiers.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
Le déplacement massif des populations des villages vers les centres urbains est l’une des conséquences de la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso, en général, et la province du Sourou, en particulier, depuis ces dernières années.
Si parmi les personnes les plus affectées par le phénomène, certaines comptent exclusivement sur les secours humanitaires, d’autres, par contre, ont décidé de prendre leur destin en mains en menant des activités génératrices de revenus.
Jérémie Drabo,30 ans, marié et père de 4 enfants, s’inscrit dans cette dynamique. Technicien polyvalent et très sollicité, il est présent dans différents domaines d’activités : installation électrique et photovoltaïque des châteaux, des onduleurs hybrides, en passant par la maçonnerie, la construction de latrines, la confection de grillage, etc.
L’homme n’est pas seul dans la réalisation de ses activités. Il emploie plusieurs personnes, des déplacés pour la plupart :des puisatiers pour la confection des latrines, des briquetiers, des maçons, des soudeurs.
Quelques-uns de ces différents employés rencontrés, ne tarissent pas d’éloges à l’égard de leur patron qui, disent-ils, à l’amour du travail bien fait et possède des valeurs morales.
«Depuis trois mois que je travaille avec lui, il ne m’a jamais découragé. Il nous motive vraiment au travail. Au-delà de ce qu’il doit nous payer, il nous soutient souvent dans les moments difficiles. Il nous donne, très souvent, tout ce que nous lui demandons » raconte Issa
Pascal, résident de Tougan témoigne des qualités de Jérémie : « Nous avons eu à construire ensemble une maison de 16 tôles. Il a beaucoup apprécié mon travail et a admiré mon courage. Depuis lors, il a jugé bon que nous collaborions. Il nous encourage toujours à travailler, pas pour son compte seulement, mais surtout pour notre avenir».
Assétou est gérante du Secrétariat public ouvert par Jérémie Drabo depuis plus de deux ans «Il aime ce qu’il fait. C’est surtout les retards qu’il déteste. Il exige l’assiduité et la ponctualité. Personnellement, j’aime mon travail et j’arrive à subvenir à mes besoins», confie la jeune dame
Comment a-t-il pu bien démarrer ses activités ? A cette question, Jérémie Drabo dit n’avoir bénéficié d’aucun soutien, hormis les prêts qu’il a contractés auprès de particuliers qui lui ont fait confiance : « Je n’ai eu aucun soutien quelconque pour commencer mes activités. J’ai seulement contracté un prêt pour démarrer et surtout pour réaliser les marchés».
Jérémie Drabo a un emploi de temps bien chargé. Il déclare se lever dès 5 h du matin pour ne rentrer qu’à 17 h.
Aux jeunes surtout ceux déplacés internes, le technicien polyvalent les invite à se mettre à la tâche sans compter exclusivement sur les services de l’action humanitaire.
«Je tiens à encourager tous les jeunes, surtout les déplacées internes à faire quelque chose. Qu’ils ne restent pas inactifs même s’ils ne sont pas habiles dans le domaine. C’est vrai que les personnes déplacées internes sont souvent prises en charge, mais il est toujours mieux de faire quelque chose soi-même».
Jérémie Drabo affirme gagner, en moyenne, 20 000 F.CFA par journée de travail. Ce qui lui a permis de faire certaines réalisations.
Il s’agit, entre autres, de terrains acquis dans les zones non aménagées, du creusage de puits, de la construction d’un logement et de l’ouverture d’un secrétariat public.
Drabo est également tuteur communautaire dans le cadre du Programme d’Education par la Radio (PER), fruit de la collaboration entre le Centre Diocésain de Communication (CDC) et l’UNICEF.
Ce programme qui vise l’apprentissage des enfants affectés par la crise sécuritaire à travers l’animation de clubs d’écoute, la diffusion des leçons sur une radio de la place et leur protection.
Originaire de Louta, commune de Toéni, M. Drabo fait partie de la première vague des personnes déplacées internes arrivées à Tougan.
Très connu dans sa localité au regard des services qu’il rendait à sa communauté, il était fortement recherché par les groupes armés terroristes. Il a dû quitter son village avec sa famille courant 2020 pour se réfugier dans le chef-lieu de la province, Tougan.