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Journée de l’enfant africain : 43 ans après qu’en est-il des droits des enfants au Burkina?

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En 1991, l’Union Africaine a consacré le 16 juin, journée de l’enfant africain, qui est célébrée chaque année dans les pays africain en souvenir du massacre des enfants de Soweto en Afrique du Sud. Quelle histoire cache cette Journée de l’Enfant Africain ? Qu’en est-il des droits des enfants au Burkina Faso 43 ans après cette tragédie?

En 1976, une manifestation des étudiants et écoliers sud-africains pour protester contre les mesures visant à renforcer le «Bantus Education Act» fut mortellement réprimée. Cette répression qui a donné naissance aux émeutes qui ont secoué Soweto et tout le reste du pays pendant l’année 1976, marque un tournant décisif dans la lutte contre le régime raciste sud-africain.

En 1953, au temps fort de l’Apartheid le gouvernement Sud-africain avait mis en place le «Bantus Education Act» qui créait entre autre un département destiné à la formation estudiantine des noirs dont le rôle était de créé un programme scolaire répondant à la nature et au besoin de l’homme noir. Comme le disait Dr Henrik Verwoerd, proNazi pendant la seconde guerre mondiale et premier ministre sud-africain: «On doit enseigner aux noirs dès leur plus jeune âge que l’égalité avec les blancs ne leurs convient pas». Les noirs devaient donc recevoir une formation qui leur permettait d’occuper des emplois de subalternes, de manœuvre pour l’économie sud-africaine. Ce programme va durer jusqu’en 1976, où un décret du département chargé de la formation estudiantine des noirs indiquant que la nouvelle langue d’enseignement serait l’afrikaans (langue de l’oppresseur qui va remplacer l’anglais) va faire face au rejet et à l’indignation des lycéens devenus nombreux, consciencieux et réunies au sein des Associations.
Le 13 juin, au cours d’une réunion qui regroupa 400 lycéens, Tsietsi Mashinini, 19 ans et leader de South Africa Studients Movement appela à une manifestation pacifique le 16 contre l’application de l’afrikaans.

Corps sans vie de Hector Pieterson (13ans) tué lors des manifestations, transporté par Mubuyisa Makhubo et sa sœur Antoinette Pieterso

Entre 15 000 et 20 000 écoliers et étudiants réunies à Soweto pour défiler ont été contraint par la police qui a lâché des chiens, fait usage des gaz lacrymogènes et tirer à balles réelles. Hector Pieterson, écolier de 13 ans tué lors des émeutes doit son nom au musée qui présente les événements qui ont conduit aux manifestations de Soweto le 16 juin 1976.

Qu’en est-il des droits de l’enfant au Burkina Faso 43 ans après les manifestations des lycéens de Soweto?

Des avancées en matière de promotion et protection des droits de l’enfant sont à féliciter. En témoigne la ratification et l’adoption d’une batterie des textes en faveur de l’enfant, la disponibilité d’un numéro vert 116 pour dénoncer toute forme de violence exercée sur les enfants et les nombreuses actions des Associations et ONG (Terre des Hommes, Save the Children, Plan International Burkina, Fonds Enfant, Pro Enfant, IBCR etc…). Cependant,beaucoup restent à faire quand on sait que les textes adoptés ne sont pas appliqués dans leur majorité. Déjà le projet de retrait des enfants en situation de rue porté par le Ministre en charge de l’enfant, qui avait défrayé la chronique a été un échec d’autant plus que les principaux axes des grandes villes sont encore bondés. En effet,certains textes sont appliqués pour plaire ou faciliter les financements des partenaires et/ou les Etats, sur ce plan le Burkina se positionnerait comme l’un des meilleurs élèves.
43 ans après, certains enfants burkinabè trouvent l’école comme un luxe. Or il est clair au Burkina, l’obligation scolaire couvre la période de 6-16 ans et l’éducation est un droit pour tous les enfants.

Les enfants de cet âge, par la force des choses et sous l’œil complice des autorités se retrouvent dans la rue, sur les sites d’orpaillage à la merci de toutes les formes de vices (exploitation sexuelle, pires formes travail, prostitution, alcool, drogue, grand banditisme, etc…) Même le ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire (MFSNFAH) ne fait pas l’exception. Le nombre des Orphelins et autres enfants vulnérables(OEV) s’accroit pendant que le soutien censé venir du MFSNFAH, décroit considérablement. Déjà le nombre d’enfants vulnérables qui attendent encore le soutien alimentaire des services de l’action sociale à travers le pays sont inestimables.

Des mineures sous le vocable «crudités» sont des proies faciles et privilégiées de ceux-là même qui sont censés les protéger, dans les bars et maquis ou encore sur les trottoirs où elles s’adonnent aux racolages en lieu et place de l’école.
En 2019 encore des filles mineures sont mariées de force parfois même à des inconnus. Que font tous ces textes adoptés pendant que les gens continuent de penser que donner sa fille en mariage, voler une fille aux fins de la marier relèvent de leurs us et coutumes, de la bravoure ou encore de la consolidation de la solidarité. Peut-on parler du droit à l’égalité lorsque la jeune fille grandit avec ce complexe d’infériorité? Pourquoi bafoue-t-on ce droit à l’éducation de la jeune fille qui est obligé de rester à la maison parce que «l’école gatte les filles» ou « l’école c’est pour les garçons »?
Que dire de tous ces enfants qui sont privés d’extrait de naissance quand bien même qu’ils soient nés dans des maternités? Malgré le processus de décentralisation et avec l’approchement de certains services sociaux de bases, les naissances dans leur majorité, bien qu’elles s’effectuent dans les centres de santé ne sont pas déclarées à l’officier de l’Etat civil. Il faut attendre pour certains l’âge d’aller à l’école pour avoir un jugement supplétif pendant que l’Etat à la possibilité et les moyens de le faire.

Oui! 43 ans après, le budget alloué au ministère en charge de la protection de l’enfant reste un indicateur évocateur qui montre l’importance qu’accordent les décideurs à la protection de l’enfant.

La journée de l’enfant africain devait être un tremplin, une vitrine pour faire l’état des lieux sur la protection de l’enfant et envisager des mesures fortes pour atteindre zéro discrimination, zéro violence faite aux enfants. Mais hélas, les droits de l’enfant resteront au stade des déclarations qu’ils brandiront seulement pour avoir des financements avec toutes les conséquences que ce laxisme aura sur le développement de l’enfant.

El Bach

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