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[INTERVIEW]football féminin: « ici (Burkina Faso) c’est impossible de vivre du football » Juliette Nana footballeuse professionnelle

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Les étalons dames sont qualifiés pour la CAN féminine au Maroc 2022. C’est une première dans l’histoire du football féminin du Burkina Faso. Cette prouesse a été réalisée grâce à une équipe de filles dynamiques et battantes. Parmi ces jeunes footballeuses figure la meilleure joueuse des années 2015 et 2021, Juliette Nana. Quelle est l’actualité de la star du football féminin burkinabè ? Comment elle se prépare pour affronter la CAN au Maroc ? Elle répond à Libreinfo.net dans cet entretien.

Propos recueillis par Rama Diallo

Libreinfo.net : Comment se porte votre carrière footballistique ?

Juliette Nana : Je peux dire que ma carrière se porte bien. Je suis en bonne conduite. Je suis là actuellement, mais je repars bientôt. Le travail continue. J’ai beaucoup de projets en cours.

Libreinfo.net : Peut- on avoir une idée de vos projets ?

Juliette Nana : je préfère pour le moment ne pas en parler.

Libreinfo.net : Est-ce que le football féminin a aussi de gros contrats comme le football masculin ? 

Juliette Nana : Malheureusement Chez nous les filles, il n’y a pas encore de gros contrat. Parce que nous ne sommes pas trop vus. Les deux sont incomparables. Mais celles qui jouent en Europe sont bien traitées par rapport à celles qui jouent en Afrique.

Libreinfo.net: vous jouez à l’extérieur. On pourrait dire que vous êtes bien payé ?

Juliette Nana : Oui un peu bien.

Libreinfo.net: Est-ce qu’au Burkina Faso une footballeuse peut vivre de son revenu ?

Juliette Nana : Ici vraiment c’est compliqué de compter sur son salaire pour vivre. Par contre en Europe, une footballeuse peut vivre aisément de son salaire. Là-bas il y a plus d’intérêt pour le football féminin. Ici c’est impossible de vivre du football. Peut-être que dans les années à venir les choses vont changer.

Libreinfo.net:  Donc vous voulez dire qu’il y a une différence entre votre vie de footballeuse en Biélorussie et celle dans les clubs ici?

Juliette Nana : Évidemment, le traitement n’est pas la même chose. L’encadrement n’est pas la même chose. En Biélorussie nous sommes bien traités ce n’est pas à comparer à ici.

Libreinfo.net : Comment vous êtes-vous retrouvée en Biélorussie ?

Juliette Nana : c’est à travers les réseaux sociaux que j’ai été contactée. C’est grâce à mes vidéos que le club est entré en contact avec mon manager. Le club a envoyé une invitation à mon manager, c’est de là que tout est parti.

Libreinfo.net :Quelles sont les difficultés que les joueuses rencontrent ici au Burkina Faso ?

Juliette Nana : il y a plein de difficultés. On peut parler de la prise en charge qui n’est pas bonne. Le football féminin au Burkina n’est pas connu. C’est grâce à notre qualification que nous sommes en train d’être connus. Le plus gros salaire ici c’est 100 000fcfa et c’est très rare qu’une joueuse soit payée à cette somme.

Libreinfo.net : Comment êtes-vous arrivé au football ?

Juliette Nana : c’est une longue histoire. Le football c’est ma passion. J’aimais jouer au foot depuis toute petite. Dans mon quartier, chaque soir, je jouais au foot avec les garçons. Après j’ai commencé à jouer à l’école. J’ai joué à l’US-BF. Là-bas il y a mon coach Martin qui m’a vu et qui m’a pris pour envoyer dans son club. Après, je suis allée à Princesses. De là-bas, je suis allée à USFA. De L’USFA je suis allée en Biolorussie.

Libreinfo.net: Est-ce que vos parents étaient favorables à votre choix ?

Juliette Nana: c’était trop dur avec les parents. Mon papa et moi on se poursuivait chaque soir. Souvent le soir au quartier tu entends que ton papa arrive et c’est la débandade. Mon papa ne voulait pas du tout. J’ai un oncle qui est en France, c’est lui qui me soutenait. Mon père voulait que je me concentre sur mes études. Pour lui, l’école c’est la base. Mais moi je voulais jouer au football. Par la suite, il a fini par accepter mon choix. C’est lui qui me dit maintenant, va à l’entraînement.

Libreinfo.net: A quel moment votre père a-t-il accepté votre choix ?

Juliette Nana : je ne peux dire que c’est en 2015 lorsque j’ai été meilleure joueuse. Mon père adore le football. Mais comme je suis une fille, il ne voulait pas que je joue. A partir de 2015, il a commencé à m’encourager. Il a compris que c’est ce que je voulais faire.

Libreinfo.net: Est-ce que par moment vous avez été déçu par votre entourage ? 

Juliette Nana : non pas du tout, c’est mon père seulement qui était contre. Les garçons de mon quartier m’appelaient pour jouer. Même si les gens parlaient c’était à mon absence. Personne n’a tenté de me décourager.

Libreinfo.net : Vous êtes qualifiés pour la coupe d’Afrique de football féminin au Maroc. Racontez-nous comment vous avez vécu cette qualification historique ?

Juliette Nana : c’était un énorme plaisir pour nous. On était en joie. Le grand défi maintenant c’est d’aller bien jouer et d’apporter des résultats satisfaisants.

Libreinfo.net: Comment vous préparez- vous actuellement pour affronter les autres équipes ? 

Juliette Nana : Moi je ne suis pas dans un club ici. Je me prépare seule. Les autres s’entraînent dans leurs clubs.  Je suis là depuis quatre mois bientôt. Pour être toujours en forme je m’entraîne avec mon coach personnel.

Libreinfo.net:  vous promettez aux Burkinabè de remporter la coupe ?

Juliette Nana : je demande au peuple burkinabè de nous encourager et de nous soutenir. C’est la toute première fois que nous sommes qualifiés pour la CAN. Nous allons donner le meilleur de nous-même. Nous allons nous battre pour notre patrie. Je pense que ça va aller.

Libreinfo.net: Comment voyez-vous le football féminin au Burkina Faso ?

Juliette Nana : Ces dernières années, il y a une amélioration. Les choses sont en train d’évoluer. Il y a une bonne subvention maintenant. Il y a aussi des avantages qu’il n’y avaient pas avant. Mais pour que le football féminin d’ici soit comme pour l’Europe, nos dirigeants doivent davantage travailler en ce sens. Nous avons du chemin à faire.

Libreinfo.net: Quelles sont vos ambitions de carrière dans le football ? 

Juliette Nana : le football d’abord c’est la chance et le travail acharné. J’ai des ambitions. Je veux jouer dans des grands clubs. J’essaie de travailler dur pour ça. Grâce à Dieu tout va bien se passer.

Libreinfo.net: Votre contrat en Biélorussie est-il à terme ?

Juliette Nana : oui le contrat est fini. Lorsque je rentrais pour jouer les éliminatoires, il me restait quelques semaines avant la fin du contrat. J’ai eu des propositions mais je n’ai plus voulu renouveler mon contrat.

Libreinfo.net: Quel est le montant de votre contrat en Biélorussie ? 

Juliette Nana : je ne veux pas en parler. Je ne repars plus en Biélorussie. Je suis en train d’aller vers un autre club dans un autre pays. Bientôt vous allez le savoir.

Libreinfo.net: pourquoi vous quittez votre Club FC Neman?

Juliette Nana : je cherche toujours à m’améliorer. Et aussi, les conditions ne sont pas les mêmes. Actuellement, je cherche à aller là où ça m’arrange le plus.

J’avais des propositions et je croyais en ces propositions. Je veux passer à une autre étape. Donc je cherche toujours la meilleure offre.

Libreinfo.net : quel est votre nouveau club ? 

Juliette Nana :  pour le moment je préfère taire le nom. Nous avons discuté, tout est scellé mais je n’ai pas encore signé le contrat. Après la signature du contrat je vous informerai.

Libreinfo.net: Quelle appréciation faîtes- vous des infrastructures au Burkina Faso?

Juliette Nana : le terrain est un peu bien. On se débrouille avec. Il y a de petits trous. Mais on arrive à s’entraîner. Je demande seulement aux Burkinabè de nous soutenir. Je pense que des efforts sont faits. Avec le travail et le temps, les choses vont changer. Les gens sont en train de comprendre que le football féminin est aussi important que le football masculin. Je crois que d’ici là, il y aura un changement.

Libreinfo.net:Les groupes pour la CAN sont connus. Le Burkina Faso est dans le groupe A avec le Maroc, le Sénégal et l’Ouganda, qu’est-ce que vous pensez de ce groupe ?

Juliette Nana : Pour ce tirage je pense que ce n’est pas mal, c’est acceptable mais cela ne sera pas du tout facile, parce qu’à cette phase il n’y a pas de petite équipe. Mais nous allons nous battre pour le bonheur de notre pays.

www.libreinfo.net

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