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Une bibliothèque moderne. ©Photo : Institut français
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Avec internet et les réseaux sociaux, l’avenir du livre physique serait menacé. Sur le sujet des écrivains, des étudiants et des gérants de bibliothèque rencontrés en ce début du mois de mai donnent leurs avis. Pour les uns,  les Technologies de l’information et de la communication (TIC) ne peuvent pas tuer le livre physique. Pour les autres, le livre n’a plus de beaux jours devant lui. Constat.

Par Issoufou Ouédraogo 

Quel avenir pour le livre physique à l’heure des réseaux sociaux? La question divise le monde de la littérature au Burkina Faso. Pour l’écrivain Ansomwin Ignace Hien, les livres physiques ont bel et bien leur place dans ce monde de nouvelles technologies.

Le livre physique, à l’en croire, est encore utile s’il est écrit avec de contenus lumineux destinés à l’élévation de l’être humain. Si cette condition n’est pas remplie, soutient, Ansomwin Ignace Hien, le livre physique n’aura plus d’avenir et mourra de sa belle mort.

«Qu’est-ce-que les technologies ont changé ? » s’interroge un autre écrivain burkinabè, Sayouba Traoré

«Dans les pays riches, peut-être ; dans les pays à économie intermédiaire ou les pays pauvres, les technologies de l’information et de la communication, c’est surtout pour l’image et le son. Et même là, il faut voir les contenus… »

«On nous a dit, explique-t-il, que les nouvelles technologies allaient tuer la radio. La radio reste aujourd’hui le premier média au monde. Le livre aussi est là pour longtemps. Au-delà de l’aspect contenu, le livre est un objet culturel. Sa présence sur une table rassure » explique l’écrivain Sayouba Traoré.

Pour cet écrivain, plus la technologie se développe et s’étend, plus les éditeurs croulent sous l’avalanche de manuscrits. «On n’a jamais autant écrit qu’à cette époque » assure-t-il.

Sayouba Traoré, écrivain burkinabè
Sayouba Traoré, écrivain burkinabè

Les avis divergent….

Pour l’étudiant en 3eme année d’anglais de l’université Joseph Ki-Zerbo, Eric Tassambedo, les connaissances se trouvent dans les livres. « Si tu veux avoir de bonnes connaissances, il faut lire les livres. » dit-il.

D’après ses explications, il faut le livre et les annales physiques pour acquérir des connaissances en lien avec la science par exemple. Il poursuit en ces termes : « Il y aura toujours des élèves, des étudiants, des gens qui voudront de la connaissance ; la technologie ne peut pas influencer l’avenir du livre. » 

Quant à l’étudiant Amadou Barry, toujours de l’université Joseph Ki-Zerbo, la version numérique trouve son origine dans le livre physique. «Il faut que nous protégeons bien les livres physiques car, du jour au lendemain, la technologie peut faire défaut ; nous avons vu ces jours-ci des ruptures de connexion à Internet. Pour ce faire, livre ne peut pas disparaître avec la technologie. »        

L’étudiante de 3e année d’anglais, Adeline Kaboré, dit aimer le livre physique mais à dire vrai, face à l’évolution de l’internet le livre papier a vraiment des difficultés. 

Adeline Kaboré, étudiante en 3e année d'anglais
Adeline Kaboré, étudiante en 3e année d’anglais

Elle indique qu’il est difficile pour un élève ou un étudiant de tenir un livre et de le lire à cause de la distraction sur les réseaux sociaux. 

«Actuellement, poursuit-elle, on peut avoir des livres électroniques mais le livre physique ne saurait perdre sa valeur devant la technologie. C’est difficile de lire avec le téléphone ou l’ordinateur. Un livre physique vaut mieux que le livre électronique. »

Pour Hamsétou Barry, étudiante en 2e année d’allemand, « le livre a toujours de l’avenir même si on fait face à la technologie. On ne peut pas abandonner les livres. Ils ont un caractère attachant, mais avec l’électronique, ce caractère manque ; donc le livre existera tant que les hommes seront sur terre. »

Mais pour cette autre étudiante en droit, Irène Tapsoba, « la nouvelle technologie va tuer le livre. Il est même en voie de disparition, car nous ne sommes plus au stade où  il faut aller acheter un livre et venir s’asseoir pour lire. »

Actuellement, avec les moyens dont «nous disposons, nous pouvons lire là où nous voulons grâce à notre smartphone. Mieux, nous avons accès à des bibliothèques numériques.»

Et quel sort pour les bibliothèques ?

Les bibliothèques deviendront des musées du livre pour les chercheurs et les écrivains qui  vont y consulter des ouvrages anciens, affirme Irène Tapsoba. Et selon Éric Ilboudo, gérant d’une bibliothèque à Ouagadougou « on ne peut pas empêcher l’évolution du monde. »

«A la longue, dit-il, les gérants de bibliothèques vont changer leurs façons de travailler. Les livres physiques encombrent et chaque fois, il faut nettoyer. Pourtant, avec les ouvrages électroniques, c’est plus facile à gérer. »

Éric Ilboudo déclare : «je pense, à mon avis, que le problème, c’est de comment faire adapter les œuvres physiques produites à la nouvelle technologie. » 

«Il est plus facile, pour moi, gérant de bibliothèque, de classer plus de 1000 fiches de livres électroniques dans mon ordinateur que de classer les livres physiques dans la bibliothèque», explique-t-il.

Il conclut en ces termes: « le papier pourrit et s’abîme. Si on arrive à adapter le papier à la technologie, cela permettra de sauver plus de documents », affirme Éric Ilboudo.

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