La propagation du Covid-19 n’a pas que des conséquences sanitaires. Ses conséquences sont multiples et multiformes. Elle a même affecté, d’une certaine manière, les rapports entre Etats, les rapports entre Etats et autres acteurs importants des rapports de force sur la scène internationale. S’il est évident que cette propagation prendra fin, il n’est pas certain que la configuration de l’équilibre géopolitique internationale reste intacte dans un monde qui aura éradiqué le Covid-19.
Avec l’apparition fulgurante de la maladie à Coronavirus (Covid-19), aussi bien des divergences que des affinités entre Etats se sont manifestées. En tout cas, à la suite de la France et de l’Angleterre qui avaient toutes dénoncé l’opacité entretenue dans la gestion du Coronavirus par la Chine, l’Australie est monté au créneau pour menacer de demander une enquête indépendante contre la même Chine, épicentre du Covid-19.
Cette bataille rangée contre la Chine est partie des Etats-Unis d’Amérique qui, depuis belles lurettes, entretiennent des relations difficiles avec la Chine. L’on se rappelle qu’après avoir qualifié le Covid-19 de ‘’virus chinois’’ tout en menaçant de demander des comptes à la Chine, le président Donald Trump s’en est ouvertement pris à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, il a, non seulement accusé l’OMS d’avoir été trop complaisante avec les autorités chinoises alors engagées dans une logique de minimisation de l’ampleur de la maladie, mais aussi décidé de la suspension de la contribution de son pays au budget de cette organisation. Dans la foulée, des médias américains comme Washington Forum, fox News soutiennent que le virus est sorti de l’institut de virologie de Wuhan (ville chinoise d’où est partie la pandémie).
En réaction à ces accusations, les autorités chinoises n’ont de cesse d’exprimer leur sincérité dans la gestion de la pandémie. Sur l’origine de cette pandémie, des Chinois estiment que le virus qui l’a provoqué est venu du pays de Donald Trump. A en croire les partisans de cette thèse, c’est lors des jeux militaires en novembre 2019 à Wuhan, que des américains ont envoyé ce virus chez eux. L’autre réaction vigoureuse de la Chine se rapporte au versement de 30 millions de dollars au titre de soutien à l’OMS ; et ce, consécutivement à la décision du président américain de suspendre le soutien de son pays à cette organisation.
L’heure de l’Afrique a sonné ?
Si depuis les continents américains et européens la Chine est accablée, les Etats du continent africains, eux, tentent d’engager, eux aussi, une bataille rangée d’une autre nature. Cette bataille se rapporte à l’exigence – d’une voie soutenue – de l’annulation de leurs dettes contractées auprès des grandes puissances de sorte à pouvoir mieux faire face aux conséquences du Covid-19. Cette exigence semble susciter l’engagement de tous les Etats du vieux continent. Du reste, la dynamique semble se consolider au sein des Etats ouest-africains réunis au sein de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et/ou de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Reste à savoir s’ils resteront soudés et déterminés à aller jusqu’à la satisfaction de leur exigence. Pour l’heure, la France se positionne à leur côté, certainement dans l’optique de maintenir ses positions géostratégiques sur le continent noir.
Même si c’est une bataille dirigée – a priori – contre les institutions de Bretton Wood (Fonds monétaire international, Banque mondiale) et les grandes puissances économiques en Amérique et en Europe, elle concerne la Chine aussi qui s’est affichée en principal partenaire financier des pays africains depuis ces dix dernières années. Mais cette exigence aura moins de chance de prospérer auprès de l’Empire du Soleil Levant quoiqu’en ayant manifesté sa solidarité – dans une logique simplement bilatérale – à des pays africains comme le Nigeria et le Burkina Faso en y envoyant personnels et matériels sanitaires pour contribuer à éradiquer le Covid-19.
Cet élan de solidarité à l’égard d’Etats africains, les USA, la France, l’Union européenne (UE) et bien Etats occidentaux l’ont manifesté à travers notamment des appuis financiers et matériels. Pendant ce temps, c’est l’Italie, pays durement frappé par la pandémie, qui demande vainement l’appui de l’UE, de la France, et d’autres pays occidentaux. Face à cette situation de détresse de l’Italie, la Russie a apporté un important lot de matériels sanitaires et une assistance médicale.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’UE a manqué de faire preuve de solidarité agissante en interne, l’OMS a manqué de leadership dans le cadre de la gestion de la pandémie. Les USA auront été le plus lourdement affectés par la pandémie, tandis que ses principaux concurrents dont la Russie et la Chine affichent une sérénité active et que l’Union africaine semble amorcer une dynamique commune favorable à l’avènement d’un élan d’influence géopolitique dans le concert des Nations comme pour dire l’heure de l’Afrique a sonné. A quoi aboutira cette nouvelle configuration des rapports de force sur la scène internationale ? Wait and see…
