Le 9 septembre 2022, le président de la Transition du Mali, Assimi Goïta a reçu en audience, le ministre des Affaires étrangères de la République fédérale du Nigeria qui était porteur d’un message du Président Muhammadu Buhari. En substance, il a été question de la libération des soldats ivoiriens interpellés à l’aéroport international Modibo Kéita de Bamako le 10 juillet 2022.
Par Nicolas Bazié
L’affaire des soldats ivoiriens est toujours d’actualité. Pour les 46 qui sont encore détenus, l’on veut leur libération totale. Et le Président du Nigeria fait partie de ceux qui sont dans cette dynamique. Reçu en audience au Palais présidentiel de Koulouba à Bamako, le chef de la diplomatie nigériane, Geoffrey Onyeama a abordé le sujet avec le président Goïta.
Sauf que Assimi Goïta semble vouloir une chose avant cette libération. Dans les échanges avec le ministre nigérian, le président de la Transition, selon un communiqué de la présidence malienne, Assimi Goïta a fait comprendre qu’au même moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir l’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux émis par la justice.
Assimi Goïta a aussi déploré le fait que ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire « pour déstabiliser le Mali, d’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali».
Parmi les autorités indexées comme des déstabilisateurs, il y a Karim Keïta, le fils de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par les colonels en 2020, et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le nouveau premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, parle d’utiliser la Côte d’Ivoire « comme terrain en vue d’attaquer ou de perturber la Transition », la période censée précéder et préparer le retour des civils au pouvoir à Bamako.
Règlement de compte politique ?
La présidence malienne écrit dans son communiqué que « le Nigeria souhaite jouer sa partition dans la libération du reste des soldats », et « estime qu’il est temps de trouver une solution définitive à cette crise ». Libération oui, mais le Mali réclame apparemment la tête des personnalités suscitées.
Les dernières informations portaient à croire que Ouattara et Goïta ont trouvé un accord. Cet accord concernait-il seulement la libération le 3 septembre dernier de trois militaires ivoiriens, toutes des femmes qui faisaient partie du contingent des 49 soldats arrêtés? Cette histoire est-elle un règlement de compte politique entre le Président ivoirien Alassane Ouattara et celui du Mali Assimi Goïta ? En tout cas, ça y ressemble beaucoup.
Considérés comme des « mercenaires», les militaires sont notamment poursuivis pour «des faits de crimes d’association de malfaiteurs, d’attentat et complot contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, de détention, port et transport d’armes de guerre et complicité de ces crimes». Ils ont été inculpés en mi août dernier.
www.libreinfo.net