L’État du Mali tient mordicus à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU se penche sur sa demande à montrer aux yeux du monde entier, avec preuves à l’appui que la France a «violé» son espace aérien à plusieurs reprises. Dans un entretien à la télévision nationale, le 11 septembre 2022, le premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, est revenu sur cette plainte déposée depuis quelques jours maintenant.
Par Nicolas Bazié
«Violation intempestives de son espace aérien», le Mali ne semble pas cautionner cette attitude de la France. L’État soutient même qu’il a des preuves de ce qu’il avance.
«Donnez-nous l’occasion de présenter les preuves qui incriminent la France», a lancé le premier ministre par intérim du Mali, le Colonel Abdoulaye Maïga, lors d’un entretien à la télévision nationale.
Cependant, le chef du gouvernement par intérim a tenu à préciser que la position du Mali vis-à-vis de la France n’a rien avoir avec le peuple français. « Ici au Mali, nous faisons très clairement la différence entre les autorités actuelles de la France en place et le peuple français que nous respectons énormément», a-t-il fait comprendre.
La France s’est rendue coupable de complot contre le Mali, déclare le colonel Maïga. Il reprend l’expression du Dr Choguel Kokalla Maïga en ces termes : « Ces autorités (françaises) se sont rendues coupables de beaucoup de choses, notamment les violations intempestives de l’espace aérien malien. Je ne pense pas qu’il y a un seul aéronef malien qui a une fois violé l’espace aérien français. On ne peut même pas l’imaginer, on sait que la réaction aurait été autre».
Le colonel va enfoncer le clou en affirmant que les autorités françaises ont fourni des armes à des groupes terroristes. « En plus de cela, on le dit vraiment sans aucune démagogie, sans aucune manipulation, ces autorités se sont rendues coupables de fournir des renseignements et des armes à des groupes terroristes. Ce qui est inimaginable de la part d’un pays étant membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et disposant d’un droit de veto », a-t-il dit.
Pour le ministre porte-parole du gouvernement, il y a une nécessité que la communauté internationale et le monde découvrent comment un État du Conseil de sécurité, qui assure la responsabilité du maintien de la paix internationale, se comporte. «Il faudra le dire, ce n’est pas des choses acceptables si nous tenons à assurer la pérennité du mécanisme de sécurité collective», a laissé entendre le Premier ministre par intérim.
Et d’insister: «Nous avons introduit une plainte avec des preuves à l’appui. Tous les cas de violation ont été bien documentés. Nous avons bien entendu d’autres preuves qui seront présentées, car nous l’espérons, à la suite de cette session spéciale du Conseil de sécurité que nous appelons de tous nos vœux».
Le Mali peut compter sur le soutien d’une OSC burkinabè
Dans ce dossier, l’État malien est soutenu par une Organisation de la société civile burkinabè. Il s’agit notamment du collectif des organisations de la société civile pour le Sahel (COSC/Sahel) qui trouve que cette “lenteur” de l’ONU à répondre à la demande du Mali est condamnable.
«En cas de rejet de la tenue de cette session d’urgence par l’ONU, nous demandons aux autorités maliennes de rendre publique les preuves accablantes de la complicité de l’armée française Barkhane avec les groupes armées terroristes», avait lancé Larba Israël Lompo, porte-parole du collectif lors d’une conférence de presse tenue à Ouagadougou, le 7 septembre dernier.
Dans cette affaire, il faut retenir qu’un pays membre devrait porter la requête devant le Conseil de sécurité. Le Mali n’étant pas lui-même membre du Conseil ne peut pas porter cette demande. C’est la condition sine qua non pour que sa requête soit prise en compte.