Au nom du président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo a inauguré, le 17 mai 2025 à Ouagadougou, le Mausolée Thomas Sankara et ses douze compagnons.
C’est un bâtiment conçu en forme d’œil. Il mesure plus de 7 mètres de haut et l’extérieur est fait en latérite taillée. À l’entrée, l’architecte Francis Kéré et ses collègues ont prévu des marches descendantes, représentant les 13 martyrs couchés, à savoir Thomas Sankara et ses douze compagnons.

Il y a aussi treize persiennes qui « laissent filtrer la lumière du soleil, créant un effet lumineux particulier à l’intérieur ». Selon les explications « ces ouvertures symbolisent le vide laissé par les disparus », morts assassinés le 15 octobre 1987. C’est la sépulture que l’État et la Nation burkinabè offrent au Président Sankara et à ses compagnons.
En descendant les marches, on aperçoit les tombes des treize personnes. Celle de Thomas Sankara se trouve au centre, « entourée par les tombes de ses douze compagnons, réparties par tirage au sort : six à gauche et six à droite ».

Après leur inhumation au cimetière de Dagnoën, le 16 octobre 1987, puis la profanation de leurs tombes, ensuite l’exhumation de leurs restes, désormais, les corps reposent là où ils sont tombés, c’est-à-dire au Conseil de l’entente, lieu de leur assassinat.
En construisant ce Mausolée, les autorités ont voulu célébrer l’engagement de ces disparus et promouvoir l’héritage politique du Père de la Révolution d’août 1983. Pendant la cérémonie d’inauguration, 21 coups de canons ont été tirés, rendant ainsi hommage à ceux que l’on voit aujourd’hui comme des « héros ».
Aboutissement d’un projet d’envergure nationale
C’est accompagné de ses homologues tchadien, Allah-Maye Halina, et sénégalais, Ousmane Sonko, et de délégations officielles venues du Niger, du Mali, du Ghana ainsi que des membres du gouvernement burkinabè que le Premier ministre, Jean Emmanuel Ouédraogo, a inauguré le Mausolée Thomas Sankara, construit à quelques pas de la statue géante de celui que beaucoup de ses fans appellent affectueusement « Thom Sank ». Cela, en présence de plusieurs panafricains venus d’Afrique et du monde, de diplomates et de chefs d’institution.

Il s’agit de l’aboutissement d’un projet d’envergure nationale, a fait remarquer le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo, lisant le discours du chef de l’État burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré. « Thomas Sankara n’appartient pas seulement au Burkina mais à toute l’Afrique », déclare-t-il, indiquant que le Mausolée, érigé en l’honneur du Père de la Révolution, se veut un lieu de recueillement, de mémoire et d’inspiration pour les générations actuelles et futures.
Pour le Capitaine Ibrahim Traoré, le Mausolée incarne la reconnaissance d’un peuple envers ceux qui ont incarné, selon lui, l’intégrité, la justice sociale et la souveraineté africaine. D’ailleurs, il soutient que « ce monument est le sceau indélébile de notre mémoire collective, un repère pour notre Révolution progressiste populaire ».

Le chef de gouvernement a fait savoir qu’à terme, le Mémorial Thomas Sankara sera construit sur un site de 14 hectares, faisant de ce lieu « un véritable carrefour de l’histoire, de la culture et de la dignité africaine ».
Président du Comité international du Mémorial Thomas Sankara (CIMTS), Daouda Traoré, a relevé que « ce Mausolée permettra à Thomas Sankara et à ses douze compagnons de reposer en paix dans la dignité ». Il s’agit, d’après lui, d’un espace de mémoire qui transcende les générations et les frontières, « un symbole fort qui continuera d’inspirer les peuples africains et le monde entier ».
Un Mausolée qui est le bienvenu
« Une joie », « un honneur ». Ce sont des mots utilisé par Valentin Sankara, frère de Thomas Sankara, pour qui l’acte du gouvernement est à saluer. « Cela fait des années qu’on attendait une telle cérémonie. Aujourd’hui, nous sommes comblés. C’est un honneur pour la famille », s’est-il réjoui.

Encore appelée Maman panafricaine, Azèta Salogo fait également partie de ceux qui ont salué la construction du Mausolée. « C’est une grande joie pour nous. C’est notre fierté. Nous n’avons pas de bouche pour remercier le Capitaine Ibrahim Traoré», fait-elle comprendre.
Et de poursuivre : « La chair de Thomas Sankara a été mise sous terre mais son âme est parmi nous aujourd’hui (…) J’étais à l’une des manifestations à la Place de la révolution lorsqu’il a dit que tuer Sankara et mille Sankara naîtront. Il était divin ».
Prosper Simporé est aussi membre du CIMTS. Le 17 mai est un grand jour, dit-il. Il se rappelle encore de ses bons moments passés sous la Révolution en 1983, en tant que pionnier. Cependant, un 15 octobre, tout s’est « effondré ». Il raconte : « C’était tout un continent qui s’est effondré », a, d’emblée, fait observer l’ancien pionnier à propos de l’assassinat de Thomas Sankara.
« On l’a arraché et cela a joué sur nos études. Je n’ai pas eu un cursus scolaire très poussé parce que le 16 octobre 1987, j’étais sur les tombes de ces personnes fraîchement mises en terre. J’ai vu tout ce qui s’est passé là-bas. Je suis reparti à chaudes larmes. C’est à partir de là que les études ont commencé à ne plus aller », relate-t-il.
Cependant, « aujourd’hui, grâce à la détermination des peuples africains, nous avons un Mausolée dans lequel repose un héros de la Nation et ses douze compagnons, notre père spirituel », martèle Prosper Simporé.
La cérémonie a également été marquée par un moment fort : le baptême de douze rues en hommage aux compagnons de Thomas Sankara ainsi que la visite guidée du site.