Par Frank Pougbila
La campagne agricole, de la saison humide 2021-2022, a été lancée, le jeudi 27 mai 2021 à Bangrin dans la commune de Loumbila, région du Plateau Central, par le gouvernement Burkinabè. Des prévisions ont été faites. Le Burkina attend 5 millions 991 mille 394 tonnes de céréales pour cette saison.
Le politique a fait à son travail en lançant la campagne agricole. Sans tarder, des producteurs ont enfourché leurs outils de travail. Ils ont pris la route des champs. La campagne serait bonne cette année, se disaient nombreux d’entre eux.
Ils ont des raisons pour justifier leur conviction. L’Agence nationale de la météorologie a prévu, pour les périodes de « juin-juillet-août-septembre » 2021, des cumuls pluviométriques supérieurs à la moyenne établie sur la période de référence 1981-2010, sur la majeure partie du pays.
Malheureusement, les prévisions pluviométriques semblent vouloir trahir certains paysans. Leurs cultures se meurent. Pour preuve, dans le Centre-Sud, les provinces du Nahouri et Zoundwéogo peinent à avoir de l’eau venant du « Bon Dieu ».
Les pieds de maïs, de mil, de sorgho ou des arachides se jaunissent. La terre n’a plus quoi nourrir ces plantes. Les eaux se tarissent. Des populations du Nahouri témoignent que la dernière goutte d’eau descendue du ciel remonte de juin dernier. Des cultivateurs en chômage en pleine saison reconnue comme humide.
Tout comme le Centre-Sud, le Centre-Est, précisément dans la province du Kouritenga, les populations de Baskouré n’ont que les yeux tournés vers le ciel. Trois semaines sans une goutte de pluie, dira un producteur.
Si ces deux régions sont citées, c’est pour éviter d’allonger le papier. Toutes les régions du pays connaissent ce retard ou cet arrêt des pluies. La question qui se pose, pouvons-nous atteindre les prévisions céréalières d’environ 6 millions de tonnes, si la situation continue ainsi ?
Si non, les populations n’auront que leurs yeux pour pleurer. La COVID-19 a déjà un impact sur les prix des denrées alimentaires. Si des faibles rendements viendront s’ajouter, il faut craindre que le nombre de personnes démunies pour assistance alimentaire s’accroisse.
La communauté internationale pourra-t-elle supporter ces charges ? Et pour combien de temps ?
En Afrique, si une situation survient, au lieu de s’attaquer aux causes, l’on préfère polémiquer sur les conséquences. Puis, ceux qui ont le peu de courage de s’interroger sur le Pourquoi de tel fait, tire une conclusion pareuse. « C’est Dieu » ou « Ce sont les dieux ».
Sans se chérir, il serait responsable d’épargner Dieu ou les dieux dans plusieurs évènements et reconnaitre, soi-même, sa responsabilité. Plusieurs années en arrière, des experts ont alerté sur les répercussions des changements climatiques sur la vie humaine. Des gens, parmi eux des producteurs, n’ont jamais cru, comme ils ont l’habitude de le dire, à ces « mensonges ».
Ils ont continué à détruire. Eux et leurs progénitures polluent sans état d’âme le cosmos. Les sols ont été pollués jusqu’au substrat rocheux. Les grands producteurs inviteront le machinisme dans les champs. Des drones qui remplacent l’homme. Bonjour les pollutions de l’air et la couche d’ozone. L’on détruit les forêts sans planter.
Cette mauvaise pluviométrie, à qui la faute ? Les dieux ou les humains ?
La science rappelle que pour qu’il ait des nuages, « l’air présent au voisinage d’un sol chaud se réchauffe à son contact et se dilate. Plus léger, il monte dans l’atmosphère avant de se refroidir en altitude pour former des nuages ». Ils sont combien qui croient à la science. Peu. Toutefois, il convient de dire que l’action de l’homme peut et impacte la pluviométrie.
Si l’on ne limite pas ses actions sur son environnement, quelques soient les formules envers les ancêtres pour qu’ils ajoutent de l’eau à la terre afin que les cultures soient bonnes seront vaines.
Cette rareté des pluies est un signal fort. Il urge de considérer les dires des experts. D’ailleurs, le Groupe des experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) note que si les choses ne changent, 80 millions de personnes seront confrontées à la faim pour inadaptation des terres cultivables au climat, dans le monde (rapport 2014).
Une alerte à prendre au sérieux. Du reste, l’alternative est d’aller vers l’agroécologie. Une manière de produire sans détruire, tout en protégeant l’écosystème et la biodiversité.