À l’issue de l’audience sur le référé des réquisitionnés, tenue au Tribunal administratif de Ouagadougou, le 20 novembre 2023, Me Prosper Farama, l’un des avocats des requérants, a invité ceux qui profèrent des menaces contre d’autres citoyens sur les réseaux sociaux à privilégier le recours à la justice.
Par Nicolas Bazié
Lorsque Me Prosper Farama et ses confrères avocats ont pris l’engagement de défendre les personnes réquisitionnées pour aller au front, ils ont été menacés sur les réseaux sociaux par certaines personnes. C’est Me Farama qui l’affirme face aux journalistes.
« Les menaces se poursuivent. Même les avocats qui ont pris ce dossier ont été menacés», déclare l’avocat qui apporte cette précision : « Si nous faisons cette procédure, ce n’est ni par défiance, ni par provocation. Nous pensons que cette voie est meilleure que celle des machettes.»
Me Prosper Farama poursuit sa déclaration : « Si nous sommes dans un pays qui se veut droit, il est bon que celui qui conteste quoi que ce soit vienne devant les juridictions plus tôt que de prendre des machettes sur les réseaux sociaux. Si tout le monde fait ainsi (faire recours à la justice en cas de problème, ndlr) vous verrez que dans quelques années nous aurons une base de légalité solide et on avancera».
« Mais, pendant que nous, nous venons devant les juridictions, ce serait malheureux que d’autres procèdent autrement. C’est ce contexte que nous voulons faire proscrire par les juridictions en nous référant aux juges, non en amenant des débats, des querelles à coup de machettes ou d’injures qui ne sont pas nécessaires pour un État comme le nôtre», a-t-il ajouté.
« (…) Nous n’injurions personne, nous ne menacerons personne, nous ne poursuivrons personne, nous n’allons jamais agresser qui que ce soit sauf par le biais de la loi», a fait savoir Me Farama qui dit avoir comme l’impression que ceux qui contestent la légalité dans ce pays sont des gens qui sont contre les militaires.
« Nous avons des parents qui sont des militaires. Moi qui ai un frère militaire lorsqu’il meurt, je suis peut-être plus touché qu’eux (ceux qui menacent les autres, ndlr). J’ai partagé le prétoire avec des confrères lors du procès du putsch manqué de 2015. Vous avez vu ce que les militaires voulaient. Ils réclamaient que la loi soit appliquée, que leurs droits soient respectés à la virgule près. Nous sommes totalement d’accord avec cela.»
« En même temps, quelques années avant (quand ils étaient aux affaires, ndlr) ceux qui réclamaient l’application de la loi étaient des hors la loi et que c’étaient des gens à abattre. C’est ça l’un des malheurs de ce pays. C’est cet état d’esprit que nous voulons combattre », conclut Me Prosper Farama.
