Depuis les 1ers cas confirmés au Burkina Faso, le 09 Mars, les choses sont allées très vite. Cela malgré les assurances du ministre de la santé,Pr Claudine Lougué, avec son dispositif aéroportuaire, et terrestre. Malheureusement la fameuse caméra thermique n’a pas été d’un grand intérêt pour détecter les tous premiers cas, qui sont pourtant passés devant elle (..) Fort heureusement la pandémie du COVID-19 a fait rejaillir la solidarité africaine, les entreprises et même des particuliers font parler leur cœur, cela est salutaire. Cependant l’on n’aperçoit pas pour le moment beaucoup d’enthousiasme du côté de tous ceux qui parrainaient à coût de millions les opérations de délivrance de CNIB en vue des élections. Cela est bien dommage !
Selon le plan de riposte du ministère de la santé, il y a un comité national contre la pandémie du COVID-19 dirigé par le Pr Martial Ouédraogo, et 12 comités régionaux placés sous la supervision des gouverneurs. Notre organisation administrative et hospitalière est faite de sorte à ce qu’une telle structuration soit rapidement opérationnelle, s’il y a de la volonté politique et une prise de conscience au sommet de l’Etat .A mon grand étonnement , je suis tombé des nus, lorsque je vois au journal télévisé du 4 avril, que le ministère de la Jeunesse de la formation et de l’insertion professionnelle en coordination avec le conseil national de la jeunesse(CNJ) décide de mettre en place un projet dénommé le bataillon 2020 COVID-19.Dans son explication le président du CNJ, M. Moumouni Dialla précise que ces 1500 jeunes et 600 volontaires auront pour rôle, je cite : « de sensibiliser les populations, venir en aide aux personne en détresse, d’assister des cas d’urgence , procéder aux dons » .
Pour ce faire, le ministère bénéficie de l’accompagnement financier du PNUD, du Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA), du Fonds burkinabè pour le développement économique et social (FBDES). Soyons sérieux pour une fois au Burkina parce qu’’il est question de la vie des populations. Dans chaque village il y a des conseillers, au plus près des populations, il y les Conseils villageois de Développement (CVD)
CVD, les chefs coutumiers et religieux, pour beaucoup il y a les agents de santé, il y a même les enseignants qui peuvent sensibiliser sans qu’on ait besoin de créer un fameux bataillon qui n’a aucune légitimité scientifique, intellectuelle et pragmatique. Comment demander aux agents de santé de former des jeunes qui iront auprès de personnes suspectées d’être malade, soi-disant pour les assister ? C’est le monde à l’envers, Il est question d’une maladie très contagieuse, qu’il faut prendre avec beaucoup de sérieux. Comment peut-on être aussi léger pour des questions de santé publique ?
Ce plan du ministère n’est rien d’autre qu’un suicide institutionnel programmé, la jeunesse du Burkina mérite d’être protégée. Il ne faut pas profiter de la misère de cette jeunesse pour en faire des moutons de panurge ; car si des jeunes adhèrent à de telles initiatives ce n’est rien d’autre que pour de raisons de survie. Un homme affamé n’est pas un homme libre. Ne banalisons pas cette pandémie.
Le Burkina Faso tient le triste record en termes de personnes contaminées en Afrique subsaharienne, il faut que nous prenions conscience de cela. Partout dans le monde entier ce sont les scientifiques et les spécialistes qui proposent les voies et moyens, les différentes stratégies de riposte. Nous avons les épidémiologistes, les infectiologues, des pneumologues, des spécialistes en santé publique. Comment un ministère peut de sa propre initiative inventer un plan en dehors des structures déjà existantes au niveau du ministère de la santé ?
Il faut dès à présent mettre fin à cette aventure intrinsèquement mal inspirée et dépourvue de toute logique scientifique. Les fonds du FAFPA doivent servir à autres choses de plus intelligentes, et l’aide du PNUD sera la bienvenue au comité national qui a un plan plus réfléchi. Il ne faudrait pas profiter de cette situation dramatique pour en faire de la récupération politique. Ce n’est pas le covid19 qui doit apporter la solution au chômage des jeunes au Burkina ; en tout cas pas de cette manière. Car si s’était vraiment du bénévolat, il n’y aurait pas tous ces partenaires financiers.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso
