Le président Mohamed Bazoum a confié dans une interview à nos confrères de TV5 Monde, Le Monde et Rfi le 2 avril 2022 que la force régionale «G5 Sahel a du plomb dans l’aile». Cette déclaration vient conforter la position de ceux qui voyaient en cette force un projet mort-né.
Par La Rédaction
Le G5 Sahel a été crée en 2014 par cinq pays (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad et Mauritanie) qui ont en commun le même objectif, celui de la lutte contre le terrorisme. Aussitôt mis sur pied, à coup de renfort médiatique et diplomatique, la France s’est faite le partenaire occidental privilégié pour la mobilisation des partenaires à l’international, notamment en Europe et dans les pays du Golfe.
Malgré des ambitions nobles, les cinq pays, plus la France, n’ont pas réussi à lever les fonds nécessaires pour mettre une véritable force régionale en place.
La France semble se désarmer au regard de l’absence de résultats concrets et le non respect des promesses de certains partenaires. A cela s’ajoute le sentiment anti politique français qui se développe dans la plupart des pays membres du G5 Sahel.
Les ambitions de départs se sont vite volatilisées dans le sable mouvant du désert, laissant encore les « pauvres » chefs d’Etat du Sahel à leur triste sort. Même si la France n’a pas abandonné les cinq pays en plein vol dans le Sahel, il faut reconnaitre que plus rien ne va depuis le sommet « militarisé » de Pau, en France. Le sommet de la « clarification » tenu en janvier 2020.
Il ne pouvait en être autrement. Le sort de ce machin de G5 Sahel était bien connu. Il s’agissait là d’une nouvelle trouvaille qui ne pouvait rien apporter à des Etats déjà très fragilisés par l’hydre terroriste, des armées qui ne sont pas suffisamment organisées et préparées à de tels phénomènes, des administrations beaucoup gangrénées par la corruption et des économies maigres et fragiles.
Outre ce contexte, il faut reconnaitre que sur les cinq pays qui composent le G5 Sahel, trois sont dans des régimes d’exception. Il s’agit du Tchad, dont le fils a remplacé le père à la tête du pays depuis la mort de ce dernier au front. Il a d’ailleurs hérité de la présidence du G5 Sahel.
Ensuite vient le Mali avec le renversement du pouvoir d’IBK. Ce qu’il faut noter, c’est que Bamako et Niamey qui sont tous deux dans le G5 Sahel n’entretiennent pas de très bonnes relations au regard des prises de positions du président nigérien Mohamed Bazoum et de son ministre des affaires étrangères dans les rencontres internationales. Dans ce climat, il est évident que le G5 Sahel ait du plomb dans l’aile.
Enfin, au Burkina Faso, la chute du régime Kaboré rend encore plus complexe la suite de cette force régionale. Il faut tout réorganiser.
Dans un tel contexte, il est incontestable qu’aucun partenaire soucieux de la démocratie et de la bonne gouvernance ne voudrait injecter de l’argent dans un projet sous régionale animé de régimes d’exception.
L’on comprend aisément pourquoi Mohamed Bazoum est à la recherche d’une autre force régionale. Il a invité son voisin, le Nigéria, pendant sa visite le 31 mars 2022 à créer une force régionale pour lutter contre le terrorisme.
C’est à croire que la lutte contre le terrorisme ne sera pas gagner de si tôt. Celle-ci ne saurait être une réalité sans d’abord passer par l’union des pays touchés par le phénomène. Ces pays partagent les mêmes problèmes, il faut donc nécessairement conjuguer les efforts en passant par l’entente.