Au lendemain d’une conférence de presse animée par les autorités judiciaires de Fada N’Gourma concernant des résultats d’enquêtes diligentées sur la mort de douze personnes dans les locaux de la gendarmerie de Tanwalbougou, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) émet, à travers une déclaration (dont Libreinfo.net a obtenu copie), un « doute » dont il en donne les motivations.
Par la Rédaction
Pour le CISC, le fait que les enquêtes concernant ces décès soient confiées à la gendarmerie et le fait aussi que « le procureur ne s’est toujours pas rendu sur les lieux du crime » deux semaines après les décès font douter de la volonté des autorités judiciaires de faire éclater la « vérité » sur cette affaire partie de l’interpellation de 25 ‘’présumés terroristes’’ dont 12 d’entre eux ont trouvé la mort au sein du poste de gendarmerie où ils ont été conduits après leur interpellation.
« De qui se moque-t-on ? », se demande le CISC, quand le « procureur affirme que les détenus ne sont pas morts par balles et qu’il n’y avait pas de sang sur les corps ». A en croire le CISC, « Ceux qui ont participé aux enterrements des corps sont formels pourtant, les corps étaient ensanglantés et des têtes écrabouillées. Avant d’enterrer les corps, ils auraient même dû boucher par des morceaux de tissus certaines orifices et perforations qui seraient causées de balles au niveau de la tête. »
L’autopsie, technique qui permettrait d’être mieux éclairé sur les circonstances et les causes de ces décès serait, de l’avis du CISC, « bel et bien possible quel que soit le stade de putréfaction d’un corps ». Contrairement au procureur du Faso près le TGI de Fada, la putréfaction ne peut donc, à en croire cette organisation de la société civile, être un obstacle à la réalisation de l’autopsie sur un corps. Le CISC semble néanmoins convenir avec les autorités judiciaires que cette opération (autopsie) peut toujours se réaliser, mais prévient si elle « traine, alors au moment de l’exhumation des corps, des tests d’ADN devraient être effectués ».
Dans sa déclaration, le CISC fait aussi état de ce que « Certains parents s’inquièteraient de l’existence d’un plan machiavélique qui consisterait à remplacer avec le temps les corps déjà enterrés. »
De l’avis du CISC, des gages sûrs pour la « vérité » sur cette affaire de douze présumés terroristes morts dans les locaux de la gendarmerie passent, entre autres, par « une rigueur très ferme dans la conduite de l’enquête telle que l’a promis le président du Faso », par « la suspension de tous les acteurs qui seraient impliqués, la chaine de commandement y compris le gouverneur de l’Est qui est aussi un gendarme », par « la mise en place d’une commission d’enquête indépendante avec une assistance internationale pour conduire l’enquête en toute impartialité ».