Moumouni Zerbo est un jeune soudeur-mécanicien talentueux. Après deux petites inventions réussies, aujourd’hui, il est parvenu à fabriquer une voiture. Libreinfo.net est allé à sa découverte. C’était le 9 février 2022 à Ziniaré, une ville située à 35 km au nord de la capitale Ouagadougou.
L’Afrique a un incroyable talent, a t-on coutume de dire. Zerbo Moumouni est un jeune soudeur-mécanicien. Il est né à Nouna, une ville située au Nord-Ouest du Burkina près de la frontière du Mali. Son village natal est Danka, situé à 15 km de Tougan, dans la même région.
Inscrit à l’école primaire, il va abandonner la classe de CM2 pour se retrouver en aventure à Ouagadougou auprès d’un de ses frères. C’est ainsi qu’il a été mis dans un atelier de soudure pour un apprentissage de métier. Très rapidement, le petit Zerbo va acquérir des connaissances.
Ayant remarqué sa détermination et son excellence dans le métier, trois de ses frères, qu’il n’oublie toujours pas, vont alors l’accompagner et soutenir. Ainsi, Moumouni parvient à ouvrir son propre atelier de soudure. C’était à la Patte d’Oie, un quartier populaire de Ouagadougou.
Deux ans après, il ferme cet atelier puis va ouvrir un nouveau à Kilwin, un autre quartier de Ouagadougou, situé au Nord-Ouest. Dans ce nouvel atelier, il va travailler 5 ans durant avant d’intégrer les ateliers de Carrières et de mines. C’est ainsi qu’il se retrouve nommé chef-soudeur dans des carrières à Zorgho, une ville située à l’Est de Ouagadougou et à Zitenga, une commune rurale située à 15 Km de Ziniaré.
Dans ces sites,« C’est moi seul qui soudait tous les engins et les véhicules, notamment les camions-benne de dix roues », précise-t-il.
Tour à tour, Moumouni Zerbo va travailler dans plusieurs sociétés de carrières et mines. En 2012, il a travaillé avec l’entreprise COLAS à Banfora. En 2016 , il est revenu travailler une deuxième fois avec la société SOROUBAT. C’est SOUROUBAT qui l’a envoyé à Ziniaré sur le site de la Carrière de Zitenga.
A la fin de son contrat, il est reparti travailler avec des chinois à Namassé, un village situé à 15 Km de Ziniaré, sur l’axe Ziniaré–Laongo pour un contrat de trois mois. C’est pourquoi il déclare que « Mes connaissances n’ont pas été acquises dans le hasard ».
La célébration de la fête nationale du 11 décembre 2021 prévue se tenir à Ziniaré, chef-lieu de la région du plateau central approche. Moumouni Zerbo rêve désormais de montrer son savoir-faire au public. L’expérience vécue auprès des Chinois à Namassé, va alors beaucoup l’inspirer. C’est pourquoi, il dit : « C’est de là que j’ai découvert qu’il y a une autre vie, différente de celle vécue durant tout mon parcours.
Mes trois mois dans la carrière avec les chinois, j’ai vu que, nous on ne travaille pas. J’ai remarqué qu’un seul chinois peut faire le travail de cinq personnes. Nous avons un interprète qui nous dirige. Nous étions trois. Le travail qu’effectuait le chinois dépassait le cumul de travail de cinq personnes. Au lieu de t’appeler pour venir lui donner une baguette, lui-même, il court chercher sa baguette.
J’ai constaté que nous sommes trop paresseux parce que lui seul, il fait la soudure, la plomberie, l’électricité, même le bâtiment il y est, il conduit à la fois le chargeur, il conduit et la pelle. J’ai vu que nous paresseux avec le travail. Ils sont venus à trois et ce sont eux seulement qui ont construit toute la carrière. Je me suis alors posé la question pourquoi, nous on ne peut pas le faire ? »
Moumouni Zerbo décide de prendre le risque. Il prend alors sa démission et vient s’installer à Ziniaré. Là, il ouvre encore son propre atelier de soudure, dénommé ACCAM. Celui-ci est situé à Niniongho, au secteur 5. C’est à peine une année et demie. Celui-ci, un quartier de Ziniaré.
Pour lui, « nous devons essayer de voir ce qu’on peut faire et ça continue. Sinon, la Chine était pauvre. Pourquoi aujourd’hui, la Chine est riche ? Elle est riche parce que simplement c’est le travail seul qui paye. Sans le travail, rien ne paye ».
Ce jeune talentueux a essayé de fabriquer une voiture qui roule normalement. Souriant et confiant, il laisse entendre que « j’ai essayé de voir avec le 11 décembre pour créer quelque chose de la vie. J’ai fait une voiture, quelque chose de 4 roues avec 4 sièges et ça roule normalement ».
Il ajoute que « J’aimerais aussi retrouver ceux qui peuvent faire mieux que moi. Et ça sera une expérience nouvelle dans la vie, et la vie continue ». Il précise par la suite que « J’ai essayé de créer cette voiture pour mesurer mon intelligence à comparer avec mes expériences et acquis obtenus auprès des chinois. « C’est dans mes rêves qu’est venue l’idée de la fabrication d’une voiture ».
Il l’a fabriqué à base de ses petites économies. « Ce sont mes petites économies obtenues de la soudure qui m’ont permis de fabriquer cette voiture. Si je gagne 2000F, j’économise 1000F et ainsi de suite », confie-t-il.
« La voiture fonctionne avec de l’essence. Le bloc moteur est simplement celui d’une grosse moto. Elle ne consomme pas. Lorsque je partais à Ouagadougou pour l’essai, j’ai mis 1000FCfa de carburant. Je suis arrivé à Ouagadougou et effectué toutes mes courses. Je voulais vérifier l’état de consommation », précise-t-il. La direction braque de tous les côtés mais elle n’est pas munie de système de marche arrière.
Il lance un cri de cœur. « Je demande à la population une aide de plus pour pouvoir m’en sortir. Avec les connaissances acquises à base de ces inventions, je suis confiant et convaincu que je peux faire mieux que ça ».
« La fabrication normale d’une voiture requiert quatre techniciens majeurs que sont le soudeur, le mécanicien, l’électricien et le tapissier », souligne- t-il.