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[Interview] « Le moustique, vecteur du paludisme a changé de comportement  », Dr Ousséni Ouédraogo

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Le paludisme est le premier motif de consultation, d’hospitalisation et de décès dans les formations sanitaires au Burkina Faso, selon le Secrétariat permanent de lutte contre le paludisme (SP/Palu). Malgré les actions entreprises, chaque année, principalement pendant la saison pluvieuse, la maladie fait rage. Pour en savoir davantage et notamment sur la prévention de la maladie en ce début d’hivernage, libreinfo.net  a rencontré Dr Ousséni Ouédraogo, médecin de santé publique, chef de département prise en charge et Prévention médicamenteuse au niveau du SP/Palu.

Propos recueillis par Prisca Konkobo

Libreinfo.net : Qu’est-ce que c’est que le paludisme ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Le paludisme est une maladie parasitaire qui est transmise à l’homme par l’intermédiaire de la piqûre d’un moustique infecté qu’on appelle anophèle femelle. C’est une maladie guérissable et évitable.

Libreinfo.net : Pouvez-vous nous expliquer les raisons pour lesquelles la saison pluvieuse favorise la prolifération du paludisme ?

Dr Ousséni Ouédraogo : La saison pluvieuse est une période propice au développement du paludisme parce qu’on a plusieurs facteurs qui sont réunis. Le premier facteur, qui est assez important, c’est la prolifération des moustiques. 

Les moustiques ont besoin d’eau, d’une bonne température et d’un climat assez favorable pour se reproduire et développer. Ces conditions sont réunies pendant la saison des pluies.

En saison des pluies, on a beaucoup de retenues d’eau qui font que les moustiques peuvent proliférer rapidement.  C’est une période de l’année pendant laquelle, les moustiques pondent beaucoup d’œufs, et on a beaucoup de cas  de paludisme.

Libreinfo.net : Quelles sont les principales mesures de prévention que le Secrétariat Permanent de lutte contre le paludisme (SP/Palu) met en place pour réduire le risque de paludisme ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Les mesures de prévention qui sont disponibles au niveau du SP/Palu qu’on préconise pour pouvoir lutter contre le paludisme sont : Nous avons les mesures de lutte anti-vectorielle.

La lutte contre le vecteur, (puisque c’est lui qui transmet la maladie à l’homme) se fait en utilisant les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA).

Les MILDA sont distribuées chaque 3 ans lors des campagnes de masse et en consultation de routine, pour les enfants de moins d’un an et les femmes enceintes. On préconise que tout le monde dort sous des moustiquaires imprégnées. 

Nous faisons aussi de la lutte anti-larvaire, en détruisant les nids de larves de moustique afin d’éviter qu’ils se développent et propagent la maladie. On a également la prévention par la prise de médicaments. 

Chez les enfants, nous avons la Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). Ce sont des médicaments antipaludiques qu’on donne aux enfants de 3 à 59 mois pendant la saison des pluies pour prévenir le paludisme. 

Chez la femme enceinte, on a un autre type de prévention que nous appelons le traitement préventif intermittent (TPIg). On donne des médicaments à la femme enceinte pour prévenir le paludisme chez elle et chez l’enfant qu’elle porte. 

Libreinfo.net : Quelle est la périodicité de la distribution des moustiquaires ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Pour la distribution des MILDA, l’Etat a instauré une périodicité de trois ans. La dernière campagne, c’était fait en 2022. 

En 2025, nous prévoyons une autre distribution de masse pour permettre à la population de se protéger contre les piqûres et de se protéger de façon générale, contre le paludisme.

Libreinfo.net : Est-ce que cette périodicité de distribution est la même au niveau des camps de personnes déplacées internes (PDI) ? 

Dr Ousséni Ouédraogo : Au niveau des camps de PDI, on a deux possibilités.

La première est la distribution universelle qui concerne tout le monde y compris les PDI. 

La seconde est la distribution ponctuelle pour les populations dites vulnérables pour leur permettre de se protéger contre le paludisme. Les PDI font partie de ces cibles vulnérables.

Libreinfo.net : Quelles recommandations faites-vous à la population pour la prévention du paludisme ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Premièrement, dès qu’on a des signes d’alerte (fièvre, maux de tête,) il faut consulter le plus rapidement possible au centre de santé le plus proche. 

L’une des mesures de lutte contre le paludisme est le diagnostic et le traitement précoce de la maladie. Plus on fait le diagnostic précocement, plus on a de chance de venir à bout de la maladie.

On conseille aux populations de consulter le plus rapidement possible au centre de santé le plus proche. Si c’est le paludisme, les agents de santé sont en mesure de faire le diagnostic et de mettre en place un traitement pour que cela ne se complique pas. 

L’autre solution, c’est de dormir tous les jours sous les MILDA. Il n’y a pas à dire que tel jour il fait chaud… 

Pendant la saison des pluies, il faut porter des habits qui couvrent les parties découvertes du corps, notamment le soir. On peut utiliser également des répulsifs en pommade, en crème et en vaporisateur.

Dans les concessions, il faut détruire les gîtes de moustiques. Les eaux qui sont stagnantes dans les concessions sont des eaux qui sont susceptibles de contenir des larves de moustiques qui vont devenir adultes plus tard. 

Donc, il faut vider l’eau qui reste dans un récipient, que ce soit des pots de fleurs, des canaris, des pneus usagés, … pour éviter que les moustiques prolifèrent. 

On conseille aux parents qui ont des enfants de 3 mois à 59 mois d’attendre les agents de santé qui vont passer et administrer à leurs enfants des médicaments qui vont les protéger contre toute la saison de pluie. 

Chez la femme enceinte, un traitement préventif est disponible dans tous les centres de santé et elle doit adhérer a ce traitement.

Nous invitons les parents à faire vacciner les enfants contre le paludisme notamment ceux qui ont 5 mois. Cela va renforcer l’immunité de l’enfant.

Libreinfo.net : Pouvez-vous donnez des conseils sur la meilleure façon d’entretenir les moustiquaires imprégnées ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Il est conseillé que lorsqu’on reçoit la moustiquaire, on l’étale à l’ombre pour laisser échapper un peu l’insecticide.

Il faut la mettre à l’abri du soleil et de la lumière. Au moment de la laver, il faut le faire avec un savon peu acide (comme le savon Citec). On ne doit pas trop frotter au point de déchirer ou d’abîmer la moustiquaire ; on peut la laver jusqu’à une vingtaine de fois.

La moustiquaire ne doit pas être utilisée ni pour la pêche ni pour le jardinage car cela peut être dangereux pour la santé de la population.

Libreinfo.net : Selon certaines croyances, le moustique porteur du paludisme pique uniquement la journée ; est-ce que c’est vrai ?

Dr Ousséni Ouédraogo : Le moustique du paludisme pique essentiellement la nuit. Mais, de plus en plus, il y a des changements de comportements de ce moustique.

Avant, on disait qu’il piquait à l’intérieur des maisons mais des recherches tendent à montrer que même à l’extérieur des concessions, le moustique pique également. Ce sont les moustiques de la dengue qui piquent la journée

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