Le Burkina Faso célèbre la 18ème Journée internationale des mutilations génitales féminines (MGF), ce jeudi 25 mars 2021. Une journée placée sous le haut patronage de Roch Kaboré, président du Faso, champion de l’Union Africaine pour la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines. La commémoration de cette cérémonie offre également l’occasion d’un plaidoyer pour une unité d’action contre les mutilations génitales féminines.
Par Rama Diallo, stagiaire
A l’instar de la communauté internationale, le Burkina Faso commémore la 18ème Journée internationale « tolérance Zéro aux mutilations génitales féminines ». La journée a été placée sous le haut patronage de Roch Kaboré, président du Faso, champion de l’Union Africaine pour la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines. Le thème retenu par le Burkina Faso pour commémorer cette journée est : « Aucune excuse pour l’inaction mondiale : unissons-nous, finançons et agissons pour mettre fin a aux mutilations génitales féminines ».
Mme la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Laurence Ilboudo, a rappelé en cette journée les efforts du Burkina Faso dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Le Burkina Faso a ainsi connu des avancés importantes dans la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines de 1990 à 2020. Les actions de mobilisation sociale, la prise en charge intégrée des victimes de l’excision, porteuses de séquelles et l’application de la loi conjuguée à une volonté politique affichée, ont permis de parvenir à une baisse significative de la prévalence. Le taux de prévalence est passé de 75,8% pour les femmes âgées de 15 à 49 ans en 2010 à 67,6 % en 2015. En ce qui concerne les filles âgées de 0 à 14 ans, le taux de prévalence est passé de 13,3% en 2010 à 11,3% en 2015.
Malgré ces efforts, les mutilations génitales féminines continuent d’être une préoccupation nationale au regard des poches de résistance exacerbées par la clandestinité. Ces défis sont aggravés par le contexte sanitaire et sécuritaire difficile qui tend à détourner l’attention des différents acteurs, notamment les partenaires techniques et financiers de la question des violences basées sur le genre. Selon le Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), plus de deux millions de cas supplémentaires des mutilations génitales féminines pourraient être enregistrés dans le contexte de la Covid-19. Le constat actuellement, c’est qu’il y de moins en moins de ressources financières, humaines et matérielles pour faire face au phénomène.
Yili Nooma, artiste burkinabé et femme excisée est ambassadrice de la lutte contre l’excision. Elle témoigne : «J’ai été excisée quand j’avais 5 ans. Ce jour, la douleur fût tellement grande que je ne pourrais jamais l’oublier. L’exciseuse venait de prendre une partie de moi qu’on appelle le clitoris. C’est douloureux pour une femme de vivre avec les séquelles de l’excision. Lors de l’accouchement de mon premier enfant, j’ai tellement souffert. Ce qui était une conséquence de l’excision. Aujourd’hui, je lutte pour qu’aucune femme ne vive ce que j’ai vécu ».
Le Pr Charlemagne Ouédraogo, ministre de la Santé, explique « L’excision rend difficile la vie de la femme car souvent lors des rapports sexuels, la femme à mal. Elle a souvent même du mal à uriner. La chirurgie réparatrice permet d’atténuer un temps soit peu la douleur de la femme. Elle peut totalement ressentir le plaisir pendant les rapports sexuels. Si la femme fait une chirurgie réparatrice, elle peut accoucher sans être déchirée. Actuellement, une campagne de réparation chirurgicale est lancée au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo. Les femmes excisées qui désirent faire une chirurgie réparatrice peuvent aller s’inscrire, » Il révèle par ailleurs que jusqu’en 2020, ce sont 5000 filles/femmes qui ont subies une chirurgie réparatrice.