Suite à la mutinerie de 2011, 633 militaires et 136 fonctionnaires de police avaient été radiés et révoqués. Depuis lors, ils ont entamé des luttes pour leur reversement et réintégration dans la fonction publique. Le 3 juillet 2019, après examen des propositions du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) au sujet de ces mutins, le gouvernement a donné son accord pour leur mise en œuvre en instruisant les ministres de tutelle à s’y intéresser. Deux mois après, un décret fait uniquement cas d’une aide financière pour la réinsertion sociale des radiés. Ce qui n’est pas du goût des mutins qui, en rejetant cette décision pour leur réinsertion sociale, demandent simplement leur réintégration dans leur corps respectif.
Parmi les propositions du HCRUN qui ont été validées par le gouvernement en juillet 2019, on pouvait lire : une demande exceptionnelle de pardon officielle et collective aux victimes et au peuple burkinabè par les militaires et policiers radiés, une clémence exceptionnelle accordée par l’État, le reversement des militaires et la réintégration des fonctionnaires de police à la fonction publique. Ceux qui bénéficieront d’un reclassement selon l’ancienneté de service, pourront être affectés dans les départements ministériels et institutions autres que le ministère de la sécurité et celui de la défense. L’octroi d’une « aide à la réinsertion sociale » pour les militaires radiés, destinée à soutenir la création d’activités rémunératrices, et l’octroi d’une « indemnité spéciale d’aide à la reconversion », destinée à soutenir les projets personnels pour ceux qui, bénéficiaires de la mesure de reversement à la fonction publique, ne souhaiteraient plus servir dans l’Administration.
L’on n’avait pas encore une idée de comment cet accompagnement allait se faire. Ce 3 septembre 2019, les radiés dans une rencontre avec la presse, font cas d’une partie des propositions du HCRUN, notamment l’aide à la réinsertion sociale qui est accordée par une décision gouvernementale (un décret). Selon le décret, chaque militaire radié suite à la mutinerie de 2011 recevra une aide à la réinsertion sociale d’une valeur de 1 500 000 de FCFA et de 3 500 000 de FCFA pour chacun des militaires, policiers et fonctionnaires de police révoqués dont les listes ont été confirmées par le HCRUN. Les représentants des radiés disent être étonnés de cette décision des autorités, et la rejettent en bloc car ne respectant pas les recommandations du HCRUN.
Ousseni Bambara, le porte-parole des radiés demande au gouvernement de revoir la décision pour permettre leur réintégration dans leur corps respectif. Faisant cas du recrutement de 500 militaires de rang lancé par le gouvernement burkinabè pour faire face au terrorisme, M. Bambara et ses camarades pensent constituer, eux qui sont plus de sept cent dans la rue, un renfort pour la sécurisation du pays.
Recrutement d’une vingtaine de militaires radiés pour lutter contre le terrorisme dans le Nahouri
Le gouvernement refuse d’appliquer les propositions du HCRUN et veut recruter parmi les radiés, une vingtaine de militaires pour faire face aux attaques terroristes dans la province du Nahouri. Mais à « quel jeu joue le gouvernement ? », s’interrogent-ils. Pour eux, si depuis 2016 le HCRUN n’arrive pas à travers des actes concrets sur le terrain à appliquer la réconciliation et d’unité nationale alors « qu’il continue d’utiliser les moyens financiers du contribuable sans des résultats concrets, qu’on la dissolve ».
Siébou Kansié
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