Voilà trois mois exactement que le général Tiani et ses hommes renversaient le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum au pouvoir, au Niger. Ce coup d’Etat avait suscité l’indignation de la Communauté internationale, l’organisation sous régionale, la CEDEAO. Elle n’avait pas exclu de réinstaller l’ex président déchu même par la force.
Par Hakim Hien
Trois mois après le coup d’état au Niger, la situation n’a toujours pas changé pour l’ex président Mohamed Bazoum. Pire, elle s’aggrave avec sa détention toujours entre les mains des militaires au pouvoir. La tentative d’évasion déjouée par les militaires au pouvoir justifie bien cela.
Outre le coup d’état, Mohamed Bazoum a été victime de la posture radicale de la CEDEAO et de la France aux premières heures du putsch. Un discours martial brandit en France et à la CEDEAO contre la junte dans l’espoir de restaurer la démocratie et de réinstaller l’ex président. Ce discours n’a pas suivi d’effet jusqu’à ce jour et a contribué plutôt à radicaliser les putschistes et leurs soutiens.
Le moins que la CEDEAO et la France pouvait exiger, c’était la libération immédiate du Président Bazoum et sa famille comme préalable aux discussions mais pas son retour au pouvoir. C’est du moins ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et récemment au Gabon.
Sur le coup du Niger, la CEDEAO a manqué de diplomatie. Trois mois après avoir multiplié les sommets extraordinaires, envoyé des émissaires à Niamey, réfléchi sur sa force d’intervention, que reste encore à faire à Bola Tinubu et ses pairs? Faut-il espérer toujours d’un sauvetage de Mohamed Bazoum? pourra-t-il le réinstaller au bonheur de la démocratie France-CEDEAO?
Y-a t-il encore un challenge pour Bola Tinubu et la CEDEAO?
Quelques jours avant le coup d’état au Niger, le président Bola Tinubu qui venait de prendre les rênes du Nigéria et la présidence en exercice de la CEDEAO avait déclaré à Bissau que les coups d’État sont révolus.
Il avait mis en garde les auteurs des coups d’état. Le nouveau président en exercice de la CEDEAO avait déclaré la guerre contre les putschs dans un ton ferme. Pour lui, il n’était plus question de faire un coup d’état dans l’espace CEDEAO et il avait promis de se donner les moyens.
Le cas du Niger a été sa toute première équation mais le Président Tinubu est loin de pouvoir résoudre le problème. Le temps passe et le rang des alliés devient mince. En l’espace de trois mois, le pouvoir militaire de Niamey a réussi à faire plier bagage, l’un des grands soutien de la CEDEAO qui est la France. Ressortissants rapatriés dès les premières heures du putsch, ambassadeur expulsé, soldats français entrain de partir. Le Togo, pays voisin rejoint progressivement le camp des anti-force.
Le général Tiani soutenu politiquement et militairement par le Mali et le Burkina Faso semble gagner désormais en confiance chaque jour qui passe. Certains partenaires techniques et financiers reprennent timidement leur coopération suspendu.
Y’a t-il vraiment espoir encore pour le président déchu Mohamed Bazoum de revenir au pouvoir?
