Au moment où la CEDEAO a ordonné le déploiement de sa force en attente pour, dit-elle , restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, les États-Unis nomment un ambassadeur pour aider à régler la crise par voie diplomatique. Que va-t-il se passer?
Par Fred Ido
La CEDEAO va-t-elle finalement intervenir militairement au Niger ? La question revient sans cesse depuis que les Chefs d’État-major des armées se sont réunis à Accra au Ghana le jeudi 17 août et vendredi 18 août 2023 où l’option de la guerre est plausible.
L’interrogation devient plus préoccupante lorsqu’on sait que les États-Unis depuis le 19 août ont nommé un ambassadeur au Niger pour aider à régler la crise par voie diplomatique.
« L’ambassadeur Kathleen FitzGibbon est arrivé pour diriger notre mission à Niamey. Cela ne reflète aucun changement dans notre position concernant la crise politique au Niger : elle plaidera pour le maintien de l’ordre constitutionnel et pour la libération du président Bazoum» a annoncé la Maison Blanche le Samedi 19 août 2023.
La même source américaine souligne qu’en ‘‘raison de la crise politique actuelle au Niger, l’ambassadeur FitzGibbon ne présentera pas officiellement ses lettres de créance ».
« Nous restons déterminés à travailler avec nos partenaires africains, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour promouvoir la sécurité, la stabilité, la gouvernance démocratique et l’état de droit au Sahel » poursuit le communiqué.
Sauf qu’en diplomatie, les sous-entendus ont plus d’importance que le sens premier des mots. Tel que dit dans le communiqué, le message est clair et sans équivoque. Mais allons au-delà.
Selon une source diplomatique de Libreinfo.net, le terme d’ambassadeur utilisé dans le communiqué est inapproprié. FitzGibbon est « leader en chef de la diplomatie américaine » insiste notre source, qui explique que la Constitution américaine ne reconnait pas un régime qui n’est pas démocratiquement élu.
Dans le cas d’espèce, le secrétariat d’État américain va adresser une note aux autorités actuelles du Niger de la présence de FitzGibbon sur leur sol en tant que leader en chef de la diplomatie américaine. L’ambassade des États-Unis au Niger en fera autant. Ce n’est qu’après ces formalités, selon la source de libreinfo.net, que la mission de FitzGibbon va véritablement commencer.
La position des États-Unis s’écarte de celle de la CEDEAO soutenue par la France d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Tous les diplomates américains sont encore en poste au pays du général Tiani et les États-Unis n’ont pas procédé aux rapatriements de ses citoyens. Est-ce que dans ces conditions, l’organisation de la sous région oséra-t-elle agresser le Niger? Tout paraît ambiguë surtout qu’il existe deux bases militaires américaines au Niger.
En tout cas, plus les jours passent, moins les États Unis sont incisifs pour une intervention militaire de la CEDEAO. La nomination de l’ambassadeur en est une preuve supplémentaire. « Nous restons concentrés sur la voie diplomatique pour obtenir les résultats que nous voulons, à savoir le retour à l’ordre constitutionnel, et je crois qu’il continue d’exister une marge pour obtenir ce résultat par la diplomatie », a déclaré Antony Blinken le mardi 15 août 2023.
Lors d’un entretien avec le président en exercice de la CEDEAO Ahmed Bola Tinubu le même 15 août, M. Blinken a souligné « l’importance de maintenir la pression sur le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) pour rétablir l’ordre constitutionnel et faire libérer le président Mohamed Bazoum et sa famille.»
Une position diamétralement opposée à celle qu’avait adoptée son pays au lendemain du coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger.
En son temps, le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken avait déclaré que les États-Unis soutiennent » le leadership et le travail de la CEDEAO pour le » retour à l’ordre constitutionnel » au Niger.
Aujourd’hui, sa position est autre, ce que la France considère comme de la trahison.
