Les pratiques religieuses musulmanes durant ce mois de Ramadan 2020 peinent à s’accommoder des mesures prises par les autorités politiques du Niger dans le cadre de la gestion de la pandémie du Covid-19. Au rang de ces mesures, figurent celles relatives à la fermeture des mosquées, à l’interdiction des grands rassemblements, à l’instauration d’un couvre-feu. Des fidèles musulmans n’entendent pas se plier à ces mesures qui les obligent à devoir prier hors des mosquées.
Par KEN (Stagiaire)
Contacté la veille du début du carême musulman, l´Imam Youssouf Cissé du quartier de Yantala à Niamey révèle un ras-le-bol de plus en plus perceptible face aux mesures anti Covid-19. Selon lui, « En Islam, se réunir pour prier est important ». Clamant qu’il n’a « jamais vu une personne atteinte du coronavirus dans son grand quartier », l’Imam Cissé se dit tout de même « (… obligé de suivre les instructions du gouvernement, car nul n´est au-dessus de la loi ».
Pour lui, « c´est le gouvernement qui dit qu´il y a le coronavirus. » Un gouvernement qui ne lui « donne d´ailleurs rien » comme salaire, a-t-il précisé. Et d’ajouter, ce sont « les fidèles qui me font de petits gestes ». Il espère que le gouvernement mettra bientôt fin à ses mesures qui le pénalisent.
A en croire l’Imam Youssouf Cissé, les Imams de Niamey n´ont pas encore une position commune quant à la manière de célébrer la fête du Ramadan, sans possibilité de se rassembler, si les mesures anti Covid-19 devraient continuer jusqu´à la fin du carême. Contactés, d´autres Imams n´ont pas souhaité se prononcer sur le sujet.
Interrogé, Adamou, un fidèle musulman, dit se débrouiller avec la famille chez un ami pour la prière de la rupture du jeûne. Un tour dans la ville de Niamey aux heures de rupture, l’on constate que les gens évitent d’aller dans les mosquées, surtout par crainte de représailles de la police.
Mais l’on se rappelle que des jeunes qui voulaient prier à la mosquée –alors fermée – à Goudel dans la capitale nigérienne ont affronté les forces de sécurité. C’était le 17 avril dernier où des blessés ont été enregistrés. Du reste, trois jours après ces affrontements violents, la Direction générale de la Police nationale a publié un communiqué duquel il ressort qu’au moins deux personnes ont été gravement blessées, 108 autres personnes interpellées dont « 10 sont déférées et déposées à la prison de haute sécurité de Koutoukalé ».
A noter que le contexte d’avènement de ce malaise de la communauté musulmane du Niger est celui de la lutte engagée par les autorités pour contrer la propagation du Covid-19. Une lutte organisée autour notamment de mesures restrictives de libertés et conduites avec une certaine dose de fermeté. Faisant le point de l’incidence de ces mesures, le gouvernement a récemment indiqué que, de 40 cas entre le 19 mars et 1er avril, le Niger est passé à 22 cas le 04 avril, pour n’avoir que 2 nouveaux cas actuellement.
Avec le maintien de ces mesures sur fond de couvre-feu prolongé de deux semaines à compter du 23 avril de 21h à 5h, et étant donné que les habitudes, notamment celles religieuses, peinent à s´y adapter, le spectre d’affrontements violents demeure…
