La filiale nigérienne du groupe français Orano, acteur majeur de l’exploitation de l’uranium, se voit contrainte de suspendre ses activités à partir du 31 octobre 2024, selon le média en ligne nigérien ActuNiger.
Par Nicolas Bazié
C’est une étape critique, marquant l’aboutissement de mois de négociations infructueuses avec le régime militaire du Niger.
Somaïr, filiale nigérienne du groupe français Orano, semble avoir utilisé toutes ses cartes, face au général Abdourahamane Tiani qui, visiblement, a « fermement décidé de redessiner le paysage économique de son pays». Conséquence : la société se voit contrainte de suspendre ses activités à partir du 31 octobre 2024.
ActuNiger explique que cette décision fait suite à une situation « fortement dégradée» qui paralyse l’exportation du concentré d’uranium produit sur le site d’Arlit.
Selon le média qui cite le porte-parole de la société, près de 1 050 tonnes de concentré d’uranium, produites depuis 2023, sont actuellement bloquées sur le site d’Arlit, dans le nord du Niger, en raison de la fermeture de la frontière avec le Bénin, rendant l’exportation impossible et privant l’entreprise de près de 300 millions d’euros de revenus, soit 196 milliards 787 millions 100 mille francs CFA.
« Les frontières avec le Bénin sont toujours fermées, rendant l’exportation impossible», a déclaré la porte-parole d’Orano qui ajoute ceci : « On est dans la contrainte, dans l’impossibilité de continuer».
Passé le 31 octobre, « la maintenance se poursuivra, mais il n’y aura plus de production», précise-t-il, regrettant une situation «navrante» qui, d’après lui, « s’impose à nous», malgré le fait que « le site fonctionne très bien».
Un conseil d’administration extraordinaire de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) devrait même acter formellement la suspension dans les prochains jours, écrivent nos confrères de ActuNiger qui estiment que cela est un coup dur pour Somaïr, société contrôlée à 63,4% par Orano et à 36,6% par la société d’État nigérienne Sopamin.
Il faut souligner que ce site avait déjà rencontré des difficultés par le passé, notamment lorsque la production avait été suspendue entre septembre 2023 et février 2024 en raison de l’incapacité à faire venir des intrants chimiques.
L’uranium est une des grandes richesses du sous-sol nigérien. Le pays est le deuxième producteur d’uranium en Afrique après la Namibie et 7e au niveau mondial, selon des statistiques de l’Association nucléaire mondiale (ANM). En 2022, par exemple, le pays a produit 2 020 tonnes de ce métal.