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Ouagadougou :5è festival gastronomique ouest-africain,28 au 30 octobre « consommons africain », entretien avec Roland Batoua, promoteur

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La 5ème  édition du Festival gastronomique ouest-africaine (Fegoa) approche à grands pas. Pour comprendre la particularité de ce grand événement et l’organisation de la présente édition, Libreinfo.net s’est entretenu avec M. Roland Batoua, son promoteur. Pour M. Batoua, il faut nuancer les termes quand on parle de gastronomie : « Vente de brochettes ou de merguez, ce n’est pas de la gastronomie ». 

Par Daouda Kiekieta

Libreinfo.net : Présentez-nous le Festival gastronomique ouest-africain…

Roland Batoua: Le Festival gastronomique ouest-africain, comme son nom l’indique, est un festival qui vise à promouvoir les valeurs culinaires  de la zone ouest-africaine. Chaque année, nous réunissons à Ouagadougou des restaurateurs issus des quatre coins de la sous-région, notamment de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Bénin, du Ghana et du Sénégal.

Libreinfo.net : D’où vient l’idée de ce festival ?

Roland Batoua: L’idée est née de la volonté d’être en phase avec les aspirations de nos gouvernants en matière d’intégration sous-régionale.

Il s’agit de permettre l’intégration des peuples. On se dit que la gastronomie est un moyen pour fédérer les peuples d’autant que nous avons des ingrédients alimentaires en commun. C’est aussi une façon pour nous de remettre au goût du jour ces recettes qui, aujourd’hui, sont oubliées.

Notre alimentation, actuellement, est portée sur les produits qui viennent d’ailleurs. Vous conviendrez qu’aujourd’hui, on contracte beaucoup de maladies à cause de notre alimentation.

Donc, c’est une invite aux uns et aux autres à revenir aux fondamentaux. Cela, en permettant aux gens de manger sain et d’enrichir la chaîne de valeur. Dans cette chaîne de valeur, le producteur à son compte, le consommateur également, parce qu’il consomme des produits sains.

Libreinfo.net : Est-ce l’idée du « consommons local » initiée par les autorités du Burkina Faso ?

Roland Batoua: Naturellement, mais je dirai, « consommons africain ».

Libreinfo.net : Quel bilan faites-vous des éditions précédentes du Fegoa ?

Roland Batoua: Le bilan est plus que satisfaisant dans la mesure où, d’année en année, nous innovons et il y a de plus en plus de participants, de restaurateurs. Les premières éditions, nous étions obligés de payer nous-mêmes le transport des restaurateurs dans l’optique de faire comprendre aux gens l’importance de ce projet.

Mais, aujourd’hui, les gens ont compris et d’autres nous contactent depuis la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin par exemple, pour payer leur participation. On peut donc dire qu’il y a eu d’énormes avancées.

Libreinfo.net : Où et quand se tiendra le Fegoa 2022 ? 

Roland Batoua: Le Fegoa 2022 se tiendra du 28 au 30 octobre 2022 au siège du FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou).

Libreinfo.net : Comment se passe l’organisation de cette édition ?

Roland Batoua: Nous avons lancé depuis quelque temps la campagne de communication à travers les réseaux sociaux, les panneaux d’affichage. La campagne médiatique va commencer bientôt.

Libreinfo.net : Quelle est la particularité du Fegoa par rapport aux autres festivals ?

Roland Batoua: Le Fegoa englobe tous les autres festivals gastronomiques. Que les gens fassent la nuance ; la gastronomie est très sacrée et select. Vente de brochettes ou de merguez, ce n’est pas de la gastronomie.

Il faut que les gens sortent de cet état d’esprit. Il s’agit de travailler à offrir de meilleurs plats, de meilleures recettes aux consommateurs. Et nous nous inscrivons dans cette logique.

C’est pourquoi nous exigeons une ancienneté dans le métier d’au moins deux mois pour prendre part au Fegoa qui est une compétition culinaire. Cette année, nous allons récompenser les meilleurs acteurs gastronomiques de la diaspora.

Nous avons le Fegoa d’honneur qui va récompenser ceux qui font bouger les lignes partout en Afrique parce qu’ils sont promoteurs de restaurants ou animateurs d’émissions de cuisine.

Parmi les trophées, il y aura le Fegoa d’or qui récompense le meilleur restaurant d’Afrique de l’Ouest, le Fegoa de l’intégration africaine, le Fegoa du pays hôte, le Burkina Faso.

Nous aurons également le prix Fegoa du meilleur accueil et le Fegoa d’honneur pour récompenser les acteurs de la chaîne comme les promoteurs de restaurants, les personnes qui organisent les événements gastronomiques et enfin le Fegoa du pays d’invité d’honneur.

Libreinfo.net : Quelle est la particularité de cette édition par rapport aux éditions passées ?

Roland Batoua: Cette année, nous aurons un espace « VIP » qui servira du confort lié à la gastronomie. Des gens seront servis sur des feuilles de bananier, ce qui est original et africain.

Nous ferons également venir des troupes traditionnelles ivoiriennes, togolaises, etc. Sans oublier la base, notamment les plats qui sont servis aux populations au Burkina Faso.

Libreinfo.net : Quel est l’engouement des restaurateurs burkinabè au Fegoa ?

Roland Batoua: Je pense que les gens sont en train de prendre conscience. Je pense qu’il faut décomplexer les uns et les autres. On peut promouvoir la gastronomie burkinabè sans pour autant chercher à faire comme les autres.

Les gens ont peur parce qu’ils se demandent si les autres vont aimer la cuisine burkinabè. Je dis non, les gens aiment la cuisine burkinabè ; mais il faut se démarquer par la qualité des produits et la présentation des plats proposés. La Côte d’Ivoire est le pays invité d’honneur pour cette édition.

Libreinfo.net : Comment peut-on accéder aux stands d’exposition ? 

Roland Batoua: A l’heure où je parle, il n’y a plus de stands disponibles parce qu’il nous fallait communiquer au plus vite la liste des stands à notre assureur.

Par contre, pour le public qui voudrait accéder au site du festival, il devrait débourser la modique somme de 500 F CFA, question d’aider aussi le festival à mieux se développer. Nous avons un espace VIP qui est accessible à partir de 10 000 FCFA.

Libreinfo.net : Combien de participants sont attendus à cette édition ? 

Roland Batoua: L’objectif, c’est d’avoir 5000 personnes pour les trois jours du festival. J’espère qu’on aura ces 5000 personnes. Compte tenu de la situation sécuritaire, nous avons 5 à 6 restaurateurs qui viendront de la sous-région pour s’ajouter aux restaurateurs burkinabè.

Libreinfo.net : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’organisation ? 

Roland Batoua: A moins d’un mois de  l’événement, des sponsors qui ont promis de vous accompagner se retirent. C’est assez difficile quand même. Mais, nous avançons parce que notre combat est d’œuvrer pour que la gastronomie ouest-africaine compte dans le quota des cuisines du monde.

Vous voyez aujourd’hui que l’organisation internationale du tourisme a révélé que, d’après un de ses rapports, la gastronomie  est la troisième raison de voyage après la nature et la culture.

C’est pour vous dire combien la gastronomie compte dans l’économie de nos pays et qu’il est important de professionnaliser ce secteur de sorte à ce que l’Africain puisse manger local et que cela puisse profiter aux acteurs de la chaîne alimentaire, notamment le cultivateur qui n’aura plus de souci à écouler sa production.

Libreinfo.net : Pourquoi, malgré l’ampleur de ce festival, des sponsors hésitent toujours à vous accompagner ? 

Roland Batoua: Le Fegoa veut s’inscrire dans unévénement premium. Les événements ne mobilisent pas autant de monde. C’est un public de qualité qui est attendu.

Malheureusement, depuis la première édition, nous n’avons parfois que des appuis institutionnels. Mais, je pense que cette situation doit interpeller la jeunesse à être plus résiliente. Nous ne devons pas passer notre temps à nous lamenter et à toujours attendre que les gouvernants soutiennent nos initiatives.

Il est temps, pour nous, de prendre des initiatives et d’aller jusqu’au bout de celles-ci. Parce que c’est nous qui portons la vision. A nous d’être suffisamment motivés pour mener à bien nos projets.

Je pense que sans l’accompagnement de nos Etats, nous continuerons de promouvoir la gastronomie ouest-africaine ; et lorsque les pouvoirs publics verront l’impact de notre projet, ces derniers n’hésiteront plus à nous accompagner.

Libreinfo.net : Est-ce que vous avez entrepris des démarches auprès des autorités des pays concernés pour avoir leur accompagnement ?

Roland Batoua: Chaque année, nous achetons des billets d’avion, nous allons rencontrer certaines autorités, surtout dans les pays invités d’honneur. Mais ces démarches restent, parfois malheureusement, infructueuses. Qu’à cela ne tienne, nous tenons à positionner le Fegoa dans le quota des meilleures cuisines au monde.

www.libreinfo.net

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