Sur l’axe Ouagadougou-Pô (Route nationale n°5), existe un marché spontané de vente de maïs frais qui s’anime tous les jours entre les quartiers Lanoag-yiri et Trame d’accueil, côté sud de la capitale du Burkina. Sur ce lieu de commerce, les épis de maïs se vendent en gros sur des motos à trois roues communément appelées tricycles. C’est ce qui fait la particularité de ce marché. Constat.
Il est 6H30mn, le lundi 4 août 2023. Entre les quartiers Lanoag-yiri et Trame d’accueil, un petit marché attire l’attention. A peine nous arrivons dans ce marché qu’un vendeur de maïs en gros, Narcisse Congo, en provenance de la commune rurale de Koubri, immobilise son tricycle. Des femmes se ruent vers lui.
Avec empressement et en désordre, chacune lui tend son sac. Puis, commencent les échanges suivis de discussions. Le tout dans le brouhaha, chacune voulant se faire entendre par l’autre. Dans ce bruit, elles vérifient les épis en essayant de vérifier si ce sont des épis du jour, et si la qualité y est.
Elles demandent au vendeur s’il n’a pas fait un mélange avec le restant de maïs d’hier. Cette question des femmes fait éclater de rire le vendeur. Il répond : « je respecte mon travail et je ne peux pas faire un tel mélange pour revenir vous vendre. Est-ce que les épis de maïs d’hier et d’aujourd’hui ont la même couleur de spathes ? » questionne le vendeur, Narcisse Congo.
Certaines vont jusqu’à goûter pour tester la saveur du maïs après avoir observé de près les spathes de maïs. D’autres vont éplucher un épi pour voir la taille et le volume du maïs. Après cette vérification d’usage, elles lancent leurs commandes. Le vendeur balaie d’un regard toutes celles qui lui tendent un sac.
Ainsi, devant elle, il commence par faire des tas de quatre épis à 200 F CFA. Dans ce tohubohu, aucun épi, ne peut être enlevé car le vendeur est très vigilant.
Dans cette ambiance, une femme se détache du groupe, soupire et annonce : « aujourd’hui là, le prix du maïs est en hausse, nous allons changer de vendeur, car d’autres font un tas de cinq épis à 200 FCFA ».
Elle s’appelle Nouriatou Sawadogo. Elle est vendeuse de maïs grillé. « J’achète le frais et je le grille pour le revendre sur place » nous dit-elle, pressée d’aller négocier avec un autre vendeur. A en croire Nouriatou Sawadogo, le marché est animé chaque matin de 5h à 11h environ.
Pendant ce temps, Narcisse Congo, larmoyant, tente en vain de convaincre ses autres clientes qui, une à une, s’éloigne de lui : « Actuellement, il n’y a pas trop de maïs parce que la saison d’hivernage a commencé en retard. On était obligé d’arroser les plantes » se défend-il.
A cela, il évoque la cherté de l’engrais sur le marché : « Avant, on achetait le sac de 50 kg d’engrais à 15.500 FCFA, aujourd’hui, il est vendu 30 000 FCFA. Donc, c’est très dur pour nous de faire de grands champs au regard de nos moyens » dit-il.
Les explications de Narcisse Congo n’ont pas pu convaincre les femmes qui se sont dirigées vers d’autres vendeurs.
Ce marché est né par la force des choses, nous indique M. Congo. « Nous venons de Koubri (commune rurale de la province de Kadiogo, située dans la région du centre au Burkina Faso, ndlr) et nous nous arrêtons ici pour faire nos affaires ».
Juché sur sa moto dans l’attente de la clientèle, Mathieu Kaboré est aussi un vendeur de maïs. Il est allé dans le même sens que Narcisse. « Nous vendons au bord de la voie parce que nous avons fait le tour dans certains lieux et avons constaté que les acheteurs de maïs se font rares dans les marchés. »
C’est pourquoi « nous avons décidé de nous arrêter ici (au bord de la voie, ndlr) pour écouler nos épis de maïs ». Il affirme en outre que c’est ainsi qu’au fur et à mesure, cet endroit sert désormais de marché de vente de maïs.