L’association « Bulcina Maasuagu-Burkindi Roogmika » (BMBR) qui signifie « la culture du Burkina » en langue mooré et gourmantché a organisé les 72 heures du « Rakiré » ou parenté à plaisanterie. L’événement qui s’est déroulé à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord du Burkina vise à promouvoir la paix et la cohésion sociale.
Par Zakiss Ouédraogo, correspondant dans le Yatenga
Des jeux verbaux, des moqueries, des railleries, des dénigrements réciproques, des paroles grossières et insultantes ont ponctué les 72 heures de la parenté à plaisanterie dans la cité de Naba Kango, surnom de Ouahigouya.
Cela a été une occasion pour les Gourmantchés et les Yadcés de s’adonner à des joutes oratoires mais aussi de faire des témoignages sur leurs expériences en ce qui concerne le bien-fondé de l’alliance à plaisanterie.
Naaba Koutou, chef du canton de Namssiguia, porte-parole des ministres de Naaba Kiiba, roi du Yatenga, s’est réjoui du déplacement des Gourmantchés à Ouahigouya.
A l’en croire , « les Gourmantchés et les Yadcés ont toujours été solidaires de sorte qu’il ne peut pas avoir de griefs entre eux. Une hiérarchie a été établie depuis nos ancêtres selon laquelle les Gourmantchés sont nos esclaves. »
Il a affirmé en outre que : « Maintenant, nous sommes de la même famille mais vous prenez de l’ascendant, car vous descendez de l’homme et nous nous descendons de la femme. Le Yadga a été accrédité par Dieu tout puissant pour être le patron du Gourmantché. »
L’alliance à plaisanterie, un moyen de prévention et de gestion des conflits
Les peuples qui ont une alliance à plaisanterie ont vécu des moments de tensions. Pour éviter de retomber dans ces violences, les différentes populations ont préféré s’attaquer verbalement.

Cyr Payim Ouédraogo, président du bureau national de l’association au Burkina Faso est intervenu en disant : « Nous avons des sections à Ouagadougou, à Bobo, à Ouahigouya, à Fada, à Koudougou, à Dori et en Côte d’Ivoire pour ne citer que ces localités. Nous sommes venus à Ouahigouya pour magnifier le « rakiré ».
Actuellement, le contexte national nous impose le vivre ensemble et la promotion de la cohésion sociale. « Nous avons estimé qu’en dépit de la situation sécuritaire de notre pays, il faut faire des sacrifices pour venir à Ouahigouya rendre visite à Naba Kiiba».
En cette période tumultueuse, la parenté à plaisanterie peut opérer des changements notables vers la paix durable. On devrait faire ce voyage depuis longtemps mais l’homme propose et Dieu dispose.
Nous remercions nos ancêtres et Dieu Tout puissant de nous avoir permis de parcourir tout le Burkina pour magnifier le « rakiré » a indiqué le président du bureau national.
Selon lui : « L’initiative vient de la section de Fada. Le bureau national a accompagné cette initiative et on en a fait une cause de ralliement national.
« Nous faisons également des œuvres sociales. Ainsi, lorsque la maternité de Kongoussi avait pris feu, nous étions intervenus avec une contribution de 8 millions de F.CFA pour permettre à cette maternité de renaître » a-t-il conclu.
Parenté à plaisanterie, un levier dans la recherche de la paix
Cette « guerre des mots » contribue à l’ancrage de l’héritage culturel ancestral. Du coup, elle est perçue comme un pacte qui exclut tout conflit entre ces deux peuples-là.
Adama Alain Ouédraogo, président de la section Nord de l’association se dit satisfait de la tenue de cette activité qui a permis de revisiter notre histoire ancestrale.
Alors, « J’invite les jeunes à s’approcher des vieux pour mieux comprendre les vertus de la parenté à plaisanterie afin de la pratiquer. C’est à travers ces alliances que nous pouvons venir à bout de certains conflits qui entravent le vivre ensemble » a-t-il relevé.
« Les 72 heures de la parenté à plaisanterie de Ouahigouya » a été une occasion pour les Gourmantchés et les Yadcés de s’adonner à des joutes oratoires mais aussi de témoigner sur leurs expériences en ce qui concerne le bien-fondé de l’alliance à plaisanterie.
Sayouba Ouédraogo, président de la section de Fada, a expliqué que l’association regroupe essentiellement des partisans de la parenté à plaisanterie dont le but est de promouvoir la paix et de rechercher la cohésion sociale à travers cette alliance.
Cette activité a été organisée afin de mettre en exergue les atouts de la parenté à plaisanterie. Le roi et ses ministres nous ont exhortés à travailler pour que la cohésion sociale soit une réalité.
