L’organisation non-gouvernementale (ONG) Oxfam a rendu public son nouveau rapport. La crise de la faim est l’un des problèmes soulevés par l’ONG. Ce document indique aujourd’hui que la région du Sahel en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria et Sénégal) connaît une stupéfiante augmentation de 67 % de l’insécurité alimentaire, ce qui en fait l’une des crises alimentaires qui s’intensifient le plus rapidement dans le monde.
Synthèse de Frank Pougbila
Les niveaux d’insécurité alimentaire au Burkina Faso ont augmenté de plus de 200 % entre 2019 et 2020 et atteindront probablement 317 % à la fin de la période de soudure actuelle. C’est l’annonce faite par l’ONG Oxfam, dans son rapport rendu public en juillet 2021.
Le rapport décrit également comment les chocs économiques, aggravés par la pandémie de coronavirus, la crise climatique et les conflits qui ont poussé des dizaines de millions de personnes vers la faim. Le chômage de masse et la production alimentaire gravement perturbés ont entraîné une hausse de 10 % des prix des denrées alimentaires en Afrique de l’Ouest, la plus forte depuis cinq ans, note Oxfam.
Assalama Dawalak Sidi, Directrice Régionale d’Oxfam en Afrique de l’Ouest, a déclaré : « Les femmes et les filles sont les plus touchées par les conflits et la faim ». Le rapport intitulé :Le virus de la faim se propage indique que pas moins de 11 personnes meurent probablement de faim et de malnutrition chaque minute dans le monde.
Oxfam en Afrique de l’Ouest dit avoir aidé plus de 700 000 personnes vulnérables dans la région du Sahel depuis le début de la pandémie de la COVD-19. L’ONG vise à atteindre des millions de personnes au cours des prochains mois et recherche de toute urgence des fonds pour soutenir ses programmes à travers le monde.
En lisant le rapport, il ressort que cette année, 20 millions de personnes supplémentaires sont confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire extrêmes, pour un nouveau total de 155 millions de personnes réparties dans 55 pays. Et depuis le début de la pandémie, le nombre de personnes vivant dans des conditions de famine a été multiplié par six atteignant plus de 520 000 individus.
« Ce que nous considérions comme une crise sanitaire mondiale s’est rapidement transformé en une crise alimentaire aiguë révélant les inégalités criantes de notre monde. Le pire reste à venir, à moins que les gouvernements ne s’attaquent de toute urgence et avec détermination à l’insécurité alimentaire et à ses causes profondes », souligne l’ONG.
Dans le monde, commente le rapport, l’activité économique a reculé de 3,5 % et la pauvreté a bondi de 16 %. 33 millions de travailleurs et de travailleuses ont perdu leur emploi dans le monde en 2020. La pandémie a provoqué un chômage de masse causant 3 700 milliards de dollars de pertes de revenus du travail, soit 4,4 % du PIB mondial de 2019.
Les chocs économiques découlant principalement de la pandémie ont précipité dans la faim plus de 40 millions de personnes dans 17 pays, contre environ 24 millions de personnes l’année précédente, ajoute Oxfam.
Cela correspond à une augmentation de 70 % par rapport à l’année précédente 39 et ne tient pas compte des 3 milliards de personnes qui n’avaient pas les moyens d’avoir un régime alimentaire sain avant la pandémie, un chiffre qui devrait être révisé à la hausse cette année 40.
À l’échelle internationale, le prix des denrées alimentaires a augmenté de près de 40 % depuis l’année dernière, soit la hausse la plus forte depuis une décennie. « Cette augmentation est due à une demande accrue en biocarburant, aux mesures de confinement et aux fermetures des frontières qui continuent de perturber les approvisionnements alimentaires. Cette inflation rend les produits alimentaires inabordables pour de nombreuses personnes, lorsqu’ils sont disponibles », confie l’ONG.
Pour Oxfam, la faim ne pourra être éradiquée qu’à condition que des mesures collectives drastiques soient prises pour mettre fin aux injustices sous-jacentes qui exacerbent la faim.
Ainsi, l’ONG demande qu’une aide d’urgence soit déployée pour sauver des vies maintenant. Elle invite les gouvernements à renforcer la protection sociale, notamment en finançant un fonds mondial de protection sociale et aider les petits agriculteurs et petites agricultrices et les éleveurs et éleveuses à renouveler leur bétail et à préparer les prochaines semailles.
La construction des systèmes alimentaires plus justes, plus résilients et plus durables est souhaitée.