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Panel 8e édition des FAMA
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La cérémonie de la 8e édition des Faso Music Awards (FAMA) aura lieu le samedi 20 mars 2021 à Ouagadougou. A cet effet, il a été organisé le 18 mars 2021un panel  sur le thème « L’art et la culture, facteurs de résilience » à l’Université Joseph KiZerbo. Le panel a été animé par le Pr Salaka Sanou, les docteurs Ousmane Konaté et Jacob Yarabatoula, le directeur du BBDA, Wahabou Bara et l’artiste musicien Alif Naaba.

Par Tatiana Kaboré

Les Faso Music Awards sont une  cérémonie de distinction visant à encourager les créateurs, les professionnels de la filière musique au Burkina. C’est aussi  un cadre de compétition entre les acteurs culturels tout en faisant de l’excellence une valeur partagée par tous.  A cet effet, plusieurs activités sont prévues, à savoir un panel à l’Université Joseph KiZerbo de Ouagadougou et les FAMA off qui est un plateau d’expression et de découverte des artistes en herbe.

C’est dans une salle bondé d’étudiants que le panel s’est déroulée. Le thème choisi pour ce débat est « L’art et la culture, facteur de résilience ». Plusieurs panélistes sont intervenus, notamment le Pr Salaka Sanou, les Docteurs Ousmane Konaté et Jacob Yara, Wahabou Bara et Alif Naaba. Chaque paneliste  a exposé sur un thème spécifique.

« L’engagement de l’artiste au niveau social, politique »

Le Dr Ousmane Konaté, qui a débattu sur l’engagement de l’artiste au niveau social, politique pense que la fonction sociale de l’artiste sera d’ancrer son art dans l’imaginaire collectif pour appeler à la résilience. L’artiste engagé n’attend pas que le pays brûle pour se réveiller. Comme exemple d’artistes engagé, il cite Wolé Soyinka, Myriam Makéba, Alpha Blonde, Salif Keïta, Zêdess.

Il va plus loin pour dire que l’écriture est une œuvre de l’esprit qui s’adresse à l’esprit, aux intelligences. Selon lui, ce qui amène l’artiste à s’engager est l‘anxiété culturelle face à tous ce qu’on a comme injustice, inégalité, incivisme, insécurité. Il y a aussi dans cette dynamique la dégradation de la convivialité, les conflits inter générationnel. Et enfin l’altérité, comment on perçoit l’autre.

La culture comme moyen de résistance contre les crises sanitaires, sécuritaires, écologiques  

« La culture comme moyen de résistance contre les crises sanitaires, sécuritaires, écologiques etc. » a été le thème développé par le Dr Jacob Yarabatoula. Il définit la culture comme ce qui fait partir de la particularité des groupes humains. La culture est une forme d’énergie, d’action qui transforme de manière positive l’environnement de l’Homme. C’est grâce à la culture que l’homme est différents des autres espèces. La culture est aussi ce qui conditionne notre quotidien, nos attitudes, nos habitudes tout en permettant à la société d’asseoir son économie et sa vision du monde.  « La culture, c’est ce qui demeure en l’homme lorsqu’il a tout oublié, c’est ce qui subsiste quand on a oublié tout ce qu’on avait acquis » a-t-il rappelé.

Pour lui c’est un appel au secours de la culture et des arts face aux forces et aux complexes des questions contemporaines, les questions sécuritaires, écologiques, sanitaires. Et qu’au vu de ces réalités, chaque culture dispose de moyens, de valeur, de normes ou de règles qui régissent la vie en société. Au terme de son analyse, il a donné quelques pistes de réflexion pour une contribution des arts et de la culture dans la construction d’une société plus résiliente. Pour ce faire, il faut puiser l’essentiel des ressources dans les valeurs culturelles, à savoir le respect, le sens du bien commun, la solidarité, la compassion, l’humilité etc. Il propose l’utilisation des arts et la culture pour la sensibilisation, la responsabilisation. Et la formation des acteurs notamment les artistes et les artisans.

Problématique de la création artistique et révolution numérique défis et perspectives

Wahabou Bara, le DG du BBDA en traitant ce thème a d’abord défini Internet comme un système d’interconnexion, constituant un réseau informatique mondiale utilisant un ensemble standardisé de protocole de transfert de données. Internet a métamorphosé la relation de culture en fragilisant les principaux acteurs. Selon le Directeur général du BBDA, cette métamorphose a touché plusieurs filières notamment, l’audiovisuelle, l’art plastique. Celle qui a été le plus touché parmi toutes ces filières est la filière musique.

Comme perspectives, il a proposé l’amélioration du cadre juridique, la coopération régionale et internationale face aux services numériques globalisés, la mise à disposition des identifiants et l’accroissement de la valeur économique des œuvres enregistrées.

L’éducation artistique générale pour la construction d’une identité nationale

C’est le professeur de Littérature africaine et d’étude culturelle africaine, Salaka Sanou qui communiqué sur ce thème « L’éducation artistique générale pour la construction d’une identité nationale ». Pour le Pr Salaka Sanou, deux paradigmes doivent être analysés concernant ce thème,  à savoir la question de l’éducation artistique générale et la question de la construction d’une identité nationale. A l’entendre l’art devient cette identité nationale qui permet de se construire malgré les différences. Et ces différences qui constituent la différence culturelle du Burkina doivent être maintenues, sauvegardées tout en les mettant au service de l’unité nationale.

« Moi je pense que la meilleure force de résistance, c’est de s’appuyer sur la culture. La résistance, ce n’est pas forcément prendre des armes contre un ennemi qu’on ne connait pas, c’est savoir comment se comporter, comment faire en sorte que notre vivre ensemble soit correcte. Pour moi il faut qu’on revienne à nos valeurs culturelles, il faut s’appuyer sur nos valeurs, ce qui constitue le socle sur lequel sont bâties nos sociétés. C’est l’un des moyens les plus fiables de la résistance aux côtés des forces de défense » assure le Pr Sanou.

Selon M. Sanou, l’art devient ce moyen à travers lequel peut se construire l’unité nationale.

La thématique de la création artistique et crise sanitaire : comment réinstaurer et réinventer 

L’artiste musicien Alif  Naaba, s’est penché sue  « La thématique de la création artistique et crise sanitaire : comment réinstaurer et réinventer ? ». Alif Naaba pense que le Burkina a été un modèle de résilience véritable dans cette situation de crise sanitaire. Il est le pays parmi les pays francophones à avoir résisté culturellement par à rapport à la situation de Covid-19.  Selon lui cette crise est venue interpeller les acteurs sur les différents modes de création, de diffusion, et de consommation de la musique.

Plusieurs réinventions de modèles économiques sont nées depuis l’avenue de la Covid-19 en occurrence, le Covid Live, le Salon musique de Patrick Kabré qui permet à un artiste d’aller vers son fan. Alif Naaba a par la suite encouragé à la création des plates-formes de distribution de musique.

De son côté, Youssef Ouédraogo, promoteur des FAMA, dit avoirchoisi ce thème au regard du contexte national qui est marqué par les crises sanitaire et sécuritaire. Sans oublier les autres formes de crise, notamment la crise économique que vit notre pays « Nous avons donc estimer qu’au regard de ce contexte national, il était bien de créer un cadre de réflexion sur le thème l’art et la culture comme facteur de résilience » a-t-il expliqué

Sur la particularité de cette édition, il dit avoir associé la réflexion au côté festif. Raison pour laquelle, l’université a été choisie pour ce panel. « La musique est d’abord texte avant d’être festive » a-t-il ajouté. La deuxième particularité, c’est le fait d’offrir une plateforme d’expression à la jeunesse de l’université de Ouagadougou en termes de talents musicaux. Ceci pour dire qu’au-delà des cours, il y a l’aspect culturel et artistique. Et la troisième particularité, c’est la possibilité donnée aux lauréats de la 8e édition de bénéficier d’autres plateaux d’expression tels que le festival village du Basga et d’autres festivals en Côte d’ivoire.

A la fin du panel quelques étudiants ont donné leurs appréciations.

Amédée Badolo : « nous sommes sortis satisfaits de ce panel. Il y a eu des beaucoup information sur le thème de l’art et la culture, facteur de résilience. Nous en tant qu’étudiants, nous réjouissons d’avoir été associés pour la valorisation de l’art et la culture. »

Paul kambou, étudiant au département de Lettres Modernes : « Après ce panel, j’ai compris que les artistes dans ces moments de crise sanitaire et sécuritaire, à travers l’art et la culture, peuvent se réinventer malgré la situation difficile. Cela nous a permis de savoir également qu’il faut se connaître soi-même avant de vouloir connaître l’autre. Un thème vraiment intéressant qui vient à point nommé ».

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